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Comment faut-il voir le dernier disque d'Ahab, The Giant, sorti l'année passée ? Ce dernier partage la critique entre les fans de la première heure déçus de la tournure prise par les Allemands et ceux prenant le train en marche qui découvre une formation et un album qui reste bien au dessus de la mêlée.
Ce qui est sûr, c'est que Ahab a changé. Les Allemands ont décidé de laisser tomber le Funeral Doom qui leur collait pourtant tellement bien au profit d'un Doom Death Mélodique. Autrement dit, un style tout ce qu'il y a de plus répandu et banal aujourd'hui. Les parties calmes ont donc considérablement pris le dessus sur l'oppression sonore qui faisait une bonne part du charme et du succès critique d'un The Divinity Of Oceans. Daniel Droste utilise majoritairement sa voix claire toujours aussi plaintive que belle mais qui en étant trop utilisée n'a plus le même impact comme si toute l'aura mystique des précédents efforts imposées par la lourdeur de l'ambiance s'étaient envolée pour laisser place à un visage plus humain. Il manque donc un certain équilibre à cet album. Équilibre que possédait The Divinity Of Oceans, où tout était très fort émotionnellement parlant car parfaitement calibré à tous les niveaux. Là, on sent Ahab à un tournant de sa carrière annonçant ouvertement, à l'instar d'Anathema ou de Paradise Lost, la prise d'un virage plus mélodique qui va sûrement se concrétiser par une perte de tout le coté Doom de sa musique et de tous ces vieux fans mais le gain d'une autre frange qu'il n'aurait certainement pas touché sans cela. Mais au delà de l'image de banalité que renvoie cet album, il n'est pas non plus toujours un modèle de qualité : Comment peut-on conclure un album avec un final sur « The Giant » aussi mou sans aucune explosivité, ni intensité ? C'est un scandale !
Heureusement, malgré son classicisme, The Giant reste une bonne œuvre pour qui aime le Doom Death Mélodique. Ahab sait se montrer efficace quant il s'agit de vous tirer quelques sécrétions lacrymales. L'entrée en matière de l'album sur « Further South » puis « Aeons Elapse » laissait présager un Ahab au meilleur de sa forme avec à chaque fois une introduction en arpèges laissant place à un passage bien lourd mais très efficace. Le second nommé est d'ailleurs très bien construit avec un final mélodique nautique et très beau, lumineux même. Attendez, je suis devant du Swallow The Sun ou du Ahab, là ? Le Blues reprend de plus bel avec « Deliverance (Shouting At The Dead) », et on est partagé parce c'est très beau... Mais ce n'est pas vraiment ce qu'on attendait d'un album d'Ahab, peut-être de Shining à la rigueur mais pas là quoi. Il y a déjà tellement de groupes œuvrant dans ce genre que je n'ai pas spécialement envie qu'Ahab se réduise à cela. Rien qu'en étudiant les structures, on voit bien que les Allemands soit n'ont plus d'inspiration, soit ils se restreignent consciemment afin de trouver un nouveau public.
Alors oui, vous me direz que The Giant vous fait pleurer mais je vous répondrais que les larmes sont nettement moins grosses et chaudes que celles qui coulaient sur nos joues avec The Divinity Of Oceans aux moyens plus subtiles. Là, il ne manque plus que les violons pour que la transformation soit totale. The Giant est très efficace mais manque de nuance pour qu'ils puissent tenir aussi bien sur la durée que ses prédécesseurs même si je comprends complètement qu'ils puissent plaire au plus grand nombre. Mais bon, il y a tellement eu de belles sorties Doom Death en cette fin d'année qu'on oubliera très vite cet album qui laisse une impression désagréable à l'auditeur.
1. Further South
2. Aeons Elapse
3. Deliverance (Shouting At The Dead)
4. Antarctica the Polymorphess
5. Fathoms Deep Below
6. The Giant