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Sacrificia Mortuorum a cette qualité d’avoir su se forger une identité propre au fil de ses sorties, osant l’évolution sans jamais renier ses fondements. Ce duo Lorrain a parcouru un beau chemin depuis sa création en 2000 et à plus forte raison, depuis la sortie de son premier album en 2005, Les Vents de l’Oubli, après une démo et un EP.
Pataugeant dans l’UG jusqu’au cou, Sacrificia Mortuorum n’a, depuis ses débuts, jamais cédé à l’amateurisme bien au contraire. Railler l’Hymen des Siècles ne déroge pas à la règle et s’inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs, sans pour autant en répéter le contenu.
Alors que le duo adoptait à ses débuts un son rêche et déchirant pour exprimer son Black Metal à forte tendance mélancolique (sans jamais verser dans le DSBM, entendons nous bien), Railler L’Hymen des Siècles s’inscrit dans l’évolution de ses prédécesseurs en diffusant davantage encore des sonorités rondes et moins criardes, conférant ainsi une ambiance nouvelle aux compositions, longues (entre 6 et 11 minutes), de Sacrificia Mortuorum. L’ensemble se veut plus ‘propre’ et il y a fort à parier qu’il séduira ceux qui reprochaient à Damnatorium Ferrum son aspect trop clinique, et rebutera (un peu) les aficionados des atmosphères brumeuses de l’excellent premier jet du duo : Les Vents de l’Oubli.
L’ambiance, justement. Le point d’orgue de la musique des Français. Sacrificia Mortuorum n’a rien perdu de se verve, ni de son intelligence de composition. Railler l’Hymen des Siècles prend en revanche davantage son temps, développe plus lentement ses structures, accentuant l’acoustique mais ne perd rien de sa spontanéité. Si l’on devait établir un parallèle, on pourrait dire que cet opus s’inscrit dans la lignée d’un Peste Noire qui aurait pactisé avec Celestia. Peste Noire pour les instants ravageurs, Celestia pour la pureté des arpèges et de la construction.
Particulièrement mélodique, l’album ne souffre aucun temps mort et qu’elle que soit la durée d’un morceau, Sacrificia Mortuorum parvient toujours à insuffler de la dynamique et de la diversité dans ses morceaux, tant et si bien que la ballade est complète, riche en découvertes et émotions.
Les passages acoustiques sont majestueux, leurs embrasements épatants de fluidité, Railler l’Hymen des Siècles s’écoute sans déplaisir, propose une atmosphère très inspirée, aux émotions sincères et cohérentes, qui donne une fois de plus envie de pousser un bon vieux Cocorico.
Railler L’Hymen des Siècles est un album qui respire, qui ne prend jamais un parti pris distorsion/acoustique, qui préfère les mêler pour qu'ils ne forment plus qu'un. Des blasts frénétiques succèdent auw mid-tempo déchirants, dans une traversée houleuse de plus de cinquante minutes d'un Black metal racé.
Si bien entendu, certains pourraient reprocher à Sacrificia Mortuorum l’abandon de l’essence qui animait Les Vents de l’Oubli, ou encore que le groupe ne révolutionne pas franchement le genre, on ne pourra pas lui ôter son implication, sa capacité à construire un univers envoûtant, mélancolique, rageur et poignant, autant d’éléments qui constituent aussi les mamelles du Black Metal.
Et autant de savoir-faire mérite qu’on le souligne et le salue, Railler l’Hymen des Siècles conservant une fois encore le statut de Sacrificia Mortuorum comme valeur sûre de la scène Black Hexagonal.
01. Morte noire (Quadryptique des princes mécènes)
02. Vanitas vanitatum, et omnia vanitas
03. Lacrimae
04. De Poussière
05. Flammifera nox
06. Fragments épars