U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !
Il est désormais courant d’entendre les gens se plaindre de la trop grande diversité de formations au sein de chacune des scènes, que ce soit en matière de death metal, de black metal ou autres. En effet, il faut maintenant trier pour tomber sur quelque chose qui vaille vraiment le coup. Cependant, il arrive qu’une perle rare émerge de la masse, proposant soit quelque chose de nouveau, ou bien de mieux que tout ce dont on peut la rapprocher. Même au sein de scènes aussi saturées soient-elles, des formations s’imposent à l’auditeur, comme une révélation sonore. Mgla est de ceux là, incontestablement.
Derrière ce nom aussi bizarre qu’imprononçable (prononcé « Mgwah », signifiant brouillard en polonais) se cache l’une des formations les plus prometteuses de toute la scène black actuelle. Je ne vous en voudrais pas si peu de monde ici n’ai déjà entendu ce nom, étant donné que le duo originaire de Cracovie (également membres de Kriegsmachine) œuvre dans l’ombre depuis sa création en 2000, ne donnant pas de concerts (jusqu’il y a peu) et voulant conserver au plus l’anonymat. Mais malgré cela, la formation dispose d’une solide base de fidèles, attendant chaque sortie comme le messie. La faute à un niveau de qualité frôlant l’excellence pour chaque sortie du groupe. Il faut dire que les polonais se sont pas vraiment feignants à ce niveau là.
En effet, même s’il faut attendre cinq années pour voir la sortie du premier split nommé Crushing the Holy Trinity, trois ep verront le jour entre 2006 et 2007, à savoir Presence , Mdlosci et Further Down the Nest (je reviendrais sur la totalité de ces sorties dans de futurs articles) de qualité époustouflante (écoutez « Presence » et vous me comprendrez). C’est ainsi que les fans attendaient impatiemment la sortie du premier full lenght, « Groza », sorti dans les bacs en 2008. Pourtant, malgré l’attente et les espoirs, ce premier album fut en quelque sorte une déception. Non pas que l’album soit mauvais, loin de là … mais juste inférieur aux ep. C’est pourquoi la sortie d’un second opus était l’occasion de vérifier si tous ces espoirs étaient véritablement fondés ou non. With Hearts Toward None sort ainsi en février 2012 sous la houlette de Northern Heritage Records.
« I shall ascend over flesh » - With Hearts Toward None I
Entrons donc maintenant dans le vif du sujet. Comme toujours, M., seul et véritable maitre à bord sur le vaisseau Mgla joue énormément sur l’aura obscur de l’entité qu’il a créé. Je m’explique. Une fois encore, nous avons droit à une pochette sombre, teintée de gris, comme un parfait écho à la musique des polonais, sombre, mystérieuse et envoûtante. L’aspect mystérieux est renforcé par les titres des morceaux, qui encore une fois correspondent sobrement et simplement à des chiffres romains. Enfin, un livret deux pages contenant uniquement les paroles des sept pistes de cette nouvelle offrande aux abysses.
« Repent ! Praise ! Repent ! » - With Hearts Toward None II
Je commencerais par le gros plus par rapport aux anciennes sorties : la production. Si elle n’a jamais été dérangeante (pour ma part), la qualité du mixage des précédents efforts était ce qui pouvait le plus pêché chez Mgla. Problème donc résolu ici, avec un son de guitare massif, clair et sombre à la fois, servant parfaitement le riffing si reconnaissable de M. pour un rendu encore plus dérangeant, plus ample et plus froid. L’utilisation de la basse, discrète mais bien présente est également à noter, se démarquant du rythme « guitare-batterie » pour apporter encore plus de subtilité à des compositions qui n’en avaient pas forcément besoin. On peut discerner à merveille les nombreuses mélodies présentes tout le long de la galette, se superposant parfois (souvent même) pour un rendu sensationnel. La patte de Mgla étant si caractéristique, elle se devait d’avoir une production à sa hauteur, c’est désormais chose faite.
« Fuck hope and godspeed ! » - With Hearts Toward None IV
Si le son Mgla est si facile à reconnaitre, c’est bien entendu pour ses riffs, mélodiques, vicieux et accrocheurs, soutenus par un jeu de batterie très travaillé et varié pour un rendu envoûtant, au service d’une atmosphère lugubre et poignante. Chaque pièce de cet album pourrait illustrer ce fait mais il me serait trop long de les décortiquer une à une. Je mettrais ainsi l’accent sur le morceau d’ouverture, With Hearts Toward None I, véritable monument assumant son rôle de mise en bouche à la perfection (écoutez moi cette guitare lead, ces notes dissonantes et ce rythme si entrainant). L’intensité est telle que l’exigence de l’auditeur augmente au fil des morceaux. Mais on est en droit d’être sévère avec un groupe de la trempe de Mgla. Ainsi quelques passages pourront apparaitre comme un petit coup de moins bien pour un auditeur averti. Pourtant, qu’on se le dise, un morceau simplement bon de la formation reste généralement au dessus du reste. La grâce ne lâche donc l’auditeur qu’à de rares moments, comme de légères descentes de came jusqu’à la prochaine remontée/extase. Je donnerais alors comme exemple pour illustrer mon propos la troisième piste du disque, véritable apogée de ces quarante trois minutes, et surtout son final sur lequel M. nous balance à la figure toute sa haine à travers ces quelques mots : « With Hearts … Toward … None ! » Une montée en puissance aussi éprouvante que jouissive, confirmant le fait que nous sommes en face d’un groupe à part, assurément.
« A monument is risen » - With Hearts Toward None V
Si certains détracteurs pouvaient blâmer le polonais de faire durer parfois inutilement ses morceaux, comme sur Groza par exemple, M. ne leur donne ici plus aucune raison de se plaindre étant donné que les morceaux sont un peu plus courts (à l’image de II ou IV), ne gardant que l’essentiel et proposant des morceaux variés, alternant entre témolos jouissifs, blasts beats, breaks et passages plus lents.
Il m’est enfin impossible d’occulter la dernière piste de l’opus, qui est à mon sens la plus marquante après la III. Celle-ci est en effet basée sur un contraste entre un riffing des plus mélodieux et une utilisation récurrente de blasts beats, le tout porté par la voix de M. emplie de folie et de rage. On n’aurait pas pu espérer meilleur final pour clôturer un album d’une telle qualité.
« There comes the storm » - With Hearts Toward None VII
Vous l’aurez compris, ce nouvel opus de Mgla est bel et bien un chef d’œuvre comme il en sort peu ces temps-ci. Reprenant la magie des ep avec la maturité et une qualité sonore qui est enfin à la hauteur des compositions, rien ne peut désormais arrêter le groupe dans son ascension vers les sommets du genre. Pour couronner le tout, les deux hommes se sont finalement décidés à présenter leurs œuvres sur scène. Quelques dates sont déjà prévus et, ayant déjà réservés mon temps pour deux d’entre elles, il me tarde d’entendre le rendu de tels génies sur scène. Pour ce qui est du reste, jetez vous immédiatement sur cette nouvelle offrande (et toute la discographie tant qu’à faire !). Majestueux, sombre et mystérieux, tout en ayant une réelle identité, Mgla est amené à dominer, irrémédiablement.
« All hail the reapers of hope ».
01. With Hearts Toward None I
02. With Hearts Toward None II
03. With Hearts Toward None III
04. With Hearts Toward None IV
05. With Hearts Toward None V
06. With Hearts Toward None VI
07. With Hearts Toward None VII