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Formé en 2008, Der Weg einer Freiheit est Allemand. Sans blague.
Le groupe de Bavière avait déjà accouché en 2009 d’un éponyme sous forme de duo qui, s’il se voulait assez classique, faisait montre de suffisamment de maîtrise pour flatter l’oreille amatrice d’un Black Metal assez mélodique, bien produit, mélancolique, qui savait se fendre de petites touches d’originalité, introduisant ça et là des éléments atmosphériques, sans pour autant parvenir à subjuguer l’auditeur tant les morceaux étaient similaires les uns par rapport aux autres. Son EP Agony, sorti en 2011, apparaissait plus maîtrisé, toujours façonné sur une base de Black Metal estampillée Made in Sweden, mais mieux composée, et mieux produite.
C’est cette année que Der Weg einer Freiheit a choisi de remettre le couvert avec cet Unstille qui reprend les choses là où l'EP les avait laissées, sans pour autant tomber dans le bis éhonté, et place sa musique un cran au dessus de celle de son ainé. C’est cette fois-ci accompagné d’un véritable batteur que Der Weg einer Freiheit a composé les 6 titres de son skeud, pour une durée respectable de trois-quarts d’heure, ce qui vous fait déjà flairer, bande de Sherlock Holmes en herbe, une certaine propension à écrire des morceaux longs.
Le Black Metal de Der Weg einer Freiheit est de prime abord assez classique mais intéressant en ce qu’il se positionne agréablement entre deux âges : il ne néglige pas l’héritage de ses ainés des années 90, dans le riffing essentiellement, mais porte toujours un regard vers l’avenir en signant une production riche et travaillée, implémentant des accents progressifs et post-black dans sa construction globale. Alors certes, ce ne sont pas les premiers à faire ça et ce ne seront pas les derniers, mais dans le registre, il faut bien avouer que le groupe s’en sort plutôt bien.
Le morceau d’ouverture, également le plus long de l’album, Seichen, résume à peu près tout le contenu d’Unstille. Un riffing déchirant, une rythmique agressive dans la plus pure tradition Black Metal Scandinave, une noirceur patentée, une voix qui hurle au désespoir et/ou à la haine. Les mélodies sont glaciales et les rythmes frénétiques sont habilement contrebalancés par des instants d’accalmie plus lumineux, qui, loin d’édulcorer la noirceur de l’opus, en souligne davantage l’omniprésence.
Ce morceau, comme ceux qui lui succéderont, seront plus ou moins forgés dans le même moule. La qualité et le savoir-faire du groupe n’est clairement pas à prouver, Der Weg einer Freiheit a le sens du riff Black Metal, on a déjà entendu ça ailleurs et avant, mais l’exécution est maîtrisée, l’équilibre entre mélodie et brutalité est établi avec succès. En somme, même sous ses apparats de modernité, Der Weg einer Freiheit assène un Black Metal classique, pas franchement révolutionnaire, peut-être même un peu trop frileux pour être résolument marquant, comme si le trio n’avait pas osé exprimer tout son ressenti sur une même rondelle, restant sagement dans un registre qu’il connaît sur le bout des doigts, sans chercher à l’emmener plus loin.
C’est ce côté peu aventureux qui terni l’expérience procurée par Unstille, son classicisme. Non pas qu’il leur aurait à tout prix fallu taper dans le registre fourre-tout d’avant-garde Black Metal, mais peut-être Der Weg einer Freiheit aurait-il gagné à creuser davantage sa ligne de conduite, en misant plus encore sur les instants calmes, qui sont ici particulièrement poignants, car lorsqu’il se veut féroce, le Black Metal du groupe se veut un peu trop générique même s’il reste très plaisant à s’envoyer.
Pour autant, il n’y a pas à dire, des albums de Black comme ça, j’en veux bien tous les jours. Car même s’il n’est pas spécialement original, les mélodies et les émotions sont imparables, et on rentre sans peine dans l’univers développé par Der Weg einer Freiheit. Les trois-quarts d’heure s’écoulent sans que l’on ne s’en rende compte, on y prend du plaisir, et on fait même des pauses pour mieux profiter de certains instants d’une beauté incontestable.
En un mot comme en cent, en dépit de son manque de prise de risque, Unstille est un bon album de Black Metal, qui témoigne de l'évolution du trio en tant que songwriiter, qui puise sa force autant dans sa maîtrise de composition que dans son sens du riff et sa capacité à produire des ascensions émotionnelles. Ne lui manquera plus qu'à trouver réellement son identité.
Un bonne cuvée 2012.
1. Zeichen
2. Lichtmensch
3. Nachtsam
4. Zu Grunde
5. Vergängnis
6. Zerfall