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I Am I.
Il y a deux manières d’aborder un tel nom d’artiste, un patronyme qui est sensé symboliser sa culture, son état d’esprit et son concept. On peut y voir une volonté d’imposer sa personnalité, de montrer au monde qui l’on est et de sous-entendre que l’on est ainsi et qu’il en restera ainsi pour le futur. On peut aussi omettre une certaine prétention, un égocentrisme qui arriverait à la définition simple du « Je suis Moi » et j’en suis fier.
Il est probable que ce soit une fusion de ces deux définitions qui amena ZP Theart à appeler son projet solo ainsi. Récemment limogé du groupe qui le porta sur le devant de la scène, Dragonforce, il avait dans l’esprit de montrer ce dont il était réellement capable.
Rejeté du groupe pour des divergences autant musicales qu’humaines, ZP Theart est pour la première fois complètement au-devant de la scène, aux commandes de la composition et de la direction musicale de son premier opus : "Event Horizon".
Accompagné de musiciens relativement méconnus sur la scène internationale, ZP avait déclaré dès le départ que son expression serait très différente de celle de Dragonforce, unique et de toute façon intimement liée à la capacité des musiciens à produire une telle démonstration technique. I Am I serait donc bien plus orienté heavy mélodique, laissant beaucoup de place aux lignes vocales et aux mélodies plutôt qu’aux riffs.
Sur ce point, le vocaliste britannique n’avait menti à personne puisque "Event Horizon" est en effet un pur produit de metal mélodique, que ce soit dans la production, le calibrage des compositions, les refrains mélodiques et chantant ainsi que les soli parfaitement calés dans les morceaux. On se rapproche donc assez logiquement de groupes récents mais aussi de l’empreinte de la scène britannique heavy metal.
Si l’artwork pourrait laisser penser à un concept écologique, "This is my Life" semble évoquer les fondamentaux de l’essence du groupe puisque le chanteur crie justement à la face du monde qu’il est lui-même et qu’il ne changera pas. Le riff est sympathique mais rapidement, on se pose face à un constat qui perdurera sur la majeure partie du disque. Si musicalement, l’ensemble tient la route, ZP Theart ne parait pas être en phase avec la musique, ne semble pas croire en ce qu’il chante…il parait poussif et dès le refrain, son envolé dans les aigus vire à la catastrophe (j’ose imaginer le massacre en concert quand on connait sa capacité à ne pas respecter ses lignes de chant en live). Le morceau, malgré un riff rapide, se veut faiblard et sans envergure, sans puissance. Le couple basse/batterie est d’un manque d’imagination assez consternant, pendant que le travail mélodique semble boursouflé, peu naturel et sans impact. Difficile d’imaginer, sans l’excellente production et le nom de l’artiste principal, qu’il s’agit de l’album d’un musicien d’expérience. "Silent Genocide" est à peine supérieur, proposant un lead mélodique toujours aussi creux (et prévisible) et un vocaliste très peu en voix (où est passé son positivisme enjoué et communicatif ?) malgré un refrain qui cette fois reste bien en tête (même si on ne peut pas dire que la conviction semble présente dans un chant très peu empreint de passion et de niaque).
Il serait inutile d’évoquer chaque composition, le schéma restant globalement le même, avec des leads mélodiques aussi fins et subtils que des parpaings et des refrains manquant cruellement d’énergie et de patate (jamais nous n’avons envie de lever le point, secouer la tête et chanter en chœur avec l’album). "In the Air Tonight" montre pourtant plus de fougue dans cet univers bien morose et l’on a la sensation de retrouver un peu le chanteur qui nous manque finalement. Car s’il n’était pas le personnage central de Dragonforce, il faut avouer qu’il permettait de faire respirer des compositions bien souvent absconses en termes de structure. "Kiss of Judas" parvient également à remonter le niveau d’intérêt avec son break intéressant et narratif, mais l’ennui provenant des "Stay a While", "Wasted Wonders" ou de la ballade sirupeuse "Kings in Ruins" reste trop fort pour qu’on ait vraiment envie de réécouter l’album une fois que ce dernier est (enfin) fini.
Manque de folie, d’envie, de passion ou peur de mal faire et de ne pas être pris au sérieux ?
Difficile de savoir exactement où cela bloque mais force est d’admettre que, en tant qu’auditeur, I Am I ne fait à aucun moment rêver. Espérons simplement que ZP est encore en « rodage » et qu’il en sera autrement la prochaine fois, à l’heure où la première expérience « seul » sera derrière lui. C’est en tous cas ce que nous pouvons lui souhaiter car, dans l’immédiat, il y a encore du travail avant que son groupe intéresse les foules pour sa qualité intrinsèque…
1. This Is My Life
2. Silent Genocide
3. Stay a While
4. Cross the Line
5. In the Air Tonight
6. King in Ruins
7. Kiss of Judas
8. Dust 2 Dust
9. Wasted Wonders
10. Pave the Way