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Comme pas mal de nouveaux-venus dans le monde du progressif, Circus Maximus avait placé la barre très haut avec The 1st Chapter, leur premier album plein de fougue et de technique. En plus de se faire connaître, ils ont gagné le droit d'ouvrir pour les plus grands, dont Symphony X ou encore Pagan's Mind. Le plus dur reste à faire pour les Norvégiens qui se doivent maintenant de transformer l'essai. Et pour cela, ils ont deux occasions : tout d'abord la sortie de leur troisième production : Nine et la tête d'affiche du festival Progpower, version européenne cet automne. Tout ceci a tendance a montrer qu'ils ne perdent pas le rythme !
Sauf que cinq ans entre deux albums, ça peut paraître long pour conserver l'attention des fans et il sera donc nécessaire de frapper un grand coup pour convaincre les oreilles difficiles des progueux. Si l'on s'arrête un instant sur le titre : Nine, on remarque qu'il s'agit du nombre de chansons (j'exclus volontairement l'intro Forging) mais il semble qu'une explication mystique que seule le groupe semble maitriser : le chiffre neuf collerait au fil rouge des paroles qui encourage l'auditeur à se forger un destin et se créer des opportunités (Reach Within en est un bon exemple). On sent en effet ce feeling passer dans les textes mais on ne saisit pas vraiment le lien avec le titre ! Mais ce dernier a été une bonne base pour un artwork minimaliste et monolithique, un peu comme la jaquette du monument du cinéma Ben Hur qui se fondrait dans le décor.
Le quintet s'était déjà fait une spécialité dans le péplum avec certains titres de leur premier album, mais là on sent que l'ambiance va être différente car ils ont laissé au vestiaire une partie de leur identité heavy et se sont concentrés sur leur aspect rock, progressif et ont parfois tutoyé la pop. Ils ont aussi séparé leur album en deux zones : les chansons épiques qui tournent presque dans la dizaine de minutes et qui sont au nombre de trois et les autres qui sont bâties sur des architectures plus classiques au nombre de six, si vous avez bien suivi !
Arrêtons-nous un instant sur le premier groupe puisqu'il constitue l'âme progressive de Circus Maximus. Et il a fallu les bâtir autour de plusieurs éléments incontournables : la technique, la maitrise de plusieurs ambiances, la surprise et le groove. Tout cela en maintenant l'auditeur en haleine. Sans aucun coute possible, Burn After Reading tire son épingle du jeu avec une montée crescendo de la puissance du groupe, des blasts (tout le monde y passe alors pourquoi pas eux ?), un refrain qui, à l'instar d'un certain nombre d'entre eux sur cet album, tient de la rengaine entêtante et surtout une maitrise technique incroyable. Car lorsqu'il s'agit de faire passer des soli de guitares sans que l'on sente le shred pur uniquement, Mats Haugen, guitariste et compositeur, sait y faire comme personne d'autre. Architect of Fortune, qui ouvre l'album, déroule une structure plus classique dans le progressif. Sur une structure mid tempo, les thèmes principaux de la chanson sont présentés dès le départ : groove de batterie, piano simple mais bien placé. Ce choix est assez audacieux pour commencer Nine car le ton est plutôt rock et ne s'envole que très peu et on se laisse emporter par la mélodie comme on se laisserait emporter par une bonne chanson pop. Pour finir, the Last Goodbye se tient un peu en retrait avec un refrain mielleux et quelques effets un peu plus faciles et même si la technique est toujours irréprochable, on se sent divaguer dans le sirop de la rythmique.
Vous aurez compris que la fin de l'album ne correspond pas aux standards établis avant et notamment sur les titres plus courts qui contiennent de véritables perles. Parfois le clavier prend les devants comme sur I Am ou bien c'est la guitare comme sur le titre démentiel Used, exemple d'une puissance que Circus Maximus a laissé un peu trop de côté à mon goût. Game of Life va cherche un côté prog rock flamboyant et Namaste fait parler le heavy groove avec un refrain imparable. On se retrouve majoritairement face à des titres accessibles, jamais le groupe ne va chercher la rythmique insaisissable pour le simple plaisir de rappeler au monde qu'ils en sont capables. Bien au contraire, Nine marque leur volonté de mettre le plaisir de l'écoute en avant. Pour cela, ils peuvent compter sur un chanteur impeccable comme d'habitude. Le timbre de Michael Eriksen ne ressemble à aucun autre et sa chaleur colle complètement au style du groupe et il est évident que l'identité du groupe se définit autour de ce poste et de l'équilibre dans la composition.
En fait, plus on écoute Nine, plus on se laisse prendre au jeu. Malgré cela, il laisse un léger arrière-goût de facilité comme si Circus Maximus avait cherché à protéger ses arrières, élargir son cercle de fans et exploiter un aspect plus soft sur lequel on ne les attendait pas forcément. Mais on peut aussi se dire que la maturité, l'envie de se renouveler, sans pour autant trahir leur identité, de ne pas perdre l'auditeur dans les méandres du métal progressif ont fondé leur vision pour Nine. Et surtout au moment où les grands noms déçoivent, on sent que Circus Maximus a voulu se démarquer en assurant sa place tout en haut du firmament prog européen tout en montrant que l'on pouvait faire du bon sans oublier qui l'on est.
1. Forging
2. Architect Of Fortune
3. Namaste
4. Game Of Life
5. Reach Within
6. I Am
7. Used
8. The One
9. Burn After Reading
10. Last Goodbye