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Froid inhospitalier. Pollution. Pauvreté. Economie en berne. Vaste contrée désertique. Telle est la Russie du XXIe siècle…une large surface pour une ruine économique et politique qui, sans ses milliardaires, serait encore un peu plus l’ombre d’elle-même.
C’est dans ce contexte isolé, dépendant d’un passé difficile et des vestiges de l’éclatement de l’URSS, que les hommes vivent. Les pays de l’Est survivent dans cette misère ambiante, dans ces difficultés d’un autre temps et une violence civile apte à l’imagination fertile de légendes urbaines. Pourtant, certains individus tentent de sortir de ce trou misanthropique pour laisser s’élever la créativité et l’art avec comme unité commune la musique.
Forcément violente, véhémente ou désespérée, hurlante ou glaciale, la scène metal en émanant est la digne représentation de la vie locale. Jeune label courageux, Metal Scrap Records tente de faire émerger des groupes encore inconnus et dont leur localisation géographique ne leur laisse que peu de chances d’exposition. Ayant un catalogue majoritairement russe et ukrainien, Metal Scrap évolue dans différentes strates de style, ne se créant pas de barrières et se voulant plus être un propulseur, une rampe de lancement pour ses artistes plutôt qu’un véritable label aux moyens forcément plus importants.
Fatal Error fait partie de ces groupes ayant végété pendant plusieurs années, écumant les bars locaux avant de pouvoir diffuser plus largement leur musique, et l’importer à l’étranger. Formé en 2006 dans la ville de Perm situé en Russie centrale, leur premier opus ne verra finalement le jour que presque six ans plus tard, lors des dernières heures de l’année 2011.
Artistes à la personnalité déjà bien affirmée, le quatuor (et un membre de session) place un mur de son à la sauvagerie non-feinte, dans un univers où le death brutal côtoie le grind et le hardcore dans une ambiance très mécanique et glaciale, proche de la scène émergente née sous l’impulsion de Meshuggah. Cependant, rares sont les combos de ce style a distillé une telle barbarie dans leur musique, particulièrement au niveau du chant alternant hurlements death/grind à des plans beaucoup plus hardcore proche de Jens Kidman justement. Rarement syncopée, l’instrumentation déboule à une vitesse folle et aliénante dans une ambiance apocalyptique de fin du monde, brutale à souhait et sans une once de répit.
L’artwork place l’auditeur d’emblée dans l’ambiance que véhiculera le disque ; à savoir une énorme sphère de destruction et de chaos prête à déverser sa haine sur le monde. Véritable bulldozer auditif, la production rend parfaitement honneur à un album ne relâchant à aucun moment la pression et crachant sa haine par l’intermédiaire d’un Vyacheslav Smirnov comme je le disais précédemment, très impressionnant derrière le micro. "Now Is the End of Days and I Am the Ripper" débute sur une tonalité très industrielle avant le véritable premier titre ; "It". Le rouleau compresseur se met en marche, que ce soit les riffs hachés mais pas syncopées, les pointes de techniques véloces, la batterie qui alterne blasts et passages plus groovy ainsi que ce chanteur qui fait clairement la grande différence de l’album. Si expérimental est surement un terme trop fort pour décrire la démarche artistique des russes, il ne fait aucun doute que le groupe sort des schémas habituels et, de façon très naturelle, fait une musique clairement personnelle sans pour autant qu’elle sonne fausse ou intellectuelle. "Human Humus" continu d’installer le parallèle étrange qu’aurait pu être Meshuggah s’il avait véritablement inclut des éléments death metal à son art.
"Coronation of Suicidal Absurd" appartient aux compositions les plus impressionnantes de l’album, de par sa maturité impressionnante, sa forte technicité mais aussi la richesse qui se dégage de cette violence cataclysmique mais pourtant parfaitement maitrisée et canalisée. "Inconceivable... Incompatible" se veut également technique mais les riffs lui confèrent un aspect groovy très marqué, marqué le chant typiquement death/grind qui marque le début du morceau, pour ensuite se faire bien plus scandé et « audible » pour le commun des mortels. La musique mute à l’intérieur même des compositions et ces dernières nous mènent rapidement en bateau.
Il faut également avouer qu’il s’avère difficile de ressortir des morceaux plus que d’autres dans "Conglomerate" du fait qu’il s’agisse d’un album très compact et cohérent, agissant comme un ensemble solide et où la présence de « hits » ou « titres phares » est purement proscrit. Ce n’est clairement pas la démarche du groupe que de faire des concessions sur ce point-là.
Si tout n’est pas encore parfait, Fatal Error peut s’enorgueillir de disposer entre ses mains d’un album qui, sans être marquant, excelle dans tous les domaines qu’il touche. Encore faudra-t-il espérer que de nombreuses oreilles pourront se déposer sur cet album car les fans d’extrême pourraient plus qu’y trouver leur compte. En espérant qu’un second opus avec quelques cartouches supplémentaires (plus de variété, une production encore plus percutante, un niveau technique supérieur) viennent rapidement suppléer ce très imposant premier effort…les albums de cette trempe sortant dès le début d’une discographie ne courant désormais plus les rues.
1. Intro / Now Is the End of Days and I Am the Ripper
2. It
3. Human Humus
4. Amputated Happiness
5. Coronation of Suicidal Absurd
6. Fatal Error
7. Eternity of Inhumanity
8. Inconceivable... Incompatible
9. Nature Killing People
10. Kill and Die
11. Simulator of the Life