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Il aura fallu un peu de temps et d'expérimentations à Slash pour se trouver la ligne de conduite qui lui permet de mettre en adéquation son ambition de guitar hero avec son envie de garder la structure groupe autour de lui. Son avant-dernier essai sentait bon les hits pour les charts américains avec des invités de marque comme Iggy Pop ou encore la chanteuse des Black-Eyed Peas. Mais de telles alliances faisaient perdre l'ex GNR's en crédibilité en faisant de son image et par extension de son talent une simple marque bankable. Mais de cette période reste une alchimie qui a su perdurer et se développer pour aujourd'hui présenter aux fans Apocalyptic Love : le ticket Slash / Myles Kennedy. Ce duo a tellement marqué les esprits qui ont écouté le précédent album que l'homme au chapeau a même accepté de partager l'affiche de son dernier protégé. On y lit : Slash featuring Myles Kennedy and the Conspirators. Il y en a pour tout le monde. Moins anonyme que le Snakepit, plus collectif que Slash tout court.
Au-delà de l'aspect musical, auquel nous allons nous intéresser rapidement, cette alliance avec Myles Kennedy est un bon coup médiatique. Alter Bridge, groupe dans lequel officie ce dernier, partage le même label, Roadrunner Records et jouit d'une très bonne image dans la monde; ne fait pas le Zénith qui veut, non ? Le chanteur se situe parmi les figures les plus en vogue du métal mélodique teinté de rock et jouer sur deux tableaux ne semblent un inconvénient ni pour lui, ni pour son groupe, qui gagne en notoriété sans rien faire !
La première constatation que l'on peut faire une fois l'objet Apocalyptic Love dans les mains est que l'on ne se moque pas du fan : un digipack soigné avec un DVD de making-off et surtout un cd de quinze titres, dont deux bonus (Carolina et Crazy Life). Le livret est réduit à sa plus simple expression : des photos, des remerciements et c'est tout. Pas moyen de lire les paroles et chanter en même temps que le disque. On apprend que la quasi-totalité de l'album a été écrit en duo (Slash et Myles), ce qui tend à prouver le renforcement du lien entre les deux musiciens.
L'imagerie grivoise et la guitare historique de Slash en illustration nous font pencher immédiatement dans le côté hard rock de la musique et les premiers morceaux vont venir appuyer cette sensation. Pédale wah-wah, grosse rythmique de batterie et voix un peu aiguë : voilà le morceau d'ouverture, Apocalyptic Love lancé. Ça groove sévère d'entrée de jeu. Et quand le feeling est là, il ne quitte pas nos oreilles : Standing In The Sun, Bad Rain et les deux titres bonus dégoulinent de rock et on se voit bien les cheveux au vent à cruiser dans sa décapotable le long de Sunset Boulevard. Que l'on s'entende bien, ces chansons ont les défauts de leurs avantages : pas franchement super fouillées et un tantinet prévisibles mais qui peut nier le fait que l'on prend un vrai plaisir à les mettre sur la stéréo et qu'elles nous donnent la pêche. De quoi accrocher les non-hardos qui avaient approchés Slash avec l'avant-dernier album.
Mais quand le terme hard-rock était évoqué un peu plus haut c'était aussi pour faire référence à la puissance du style avec One Last Thrill ou encore Hard and Fast qui porte bien son nom. La guitare se lâche et le tempo augmente.
Avec Apocalyptic Love, vous savez ce que vous allez déguster au menu : des soli et du gros rock. Sur le premier point, il aurait été étonnant que Slash ne leur fasse pas la part belle. On regrettera que ce passage obligé soit de qualité inégale selon les morceaux. Vous n'entendrez pas d'expérimentations ou de passages qui sortent de nul part. Dans l'ensemble ils restent classiques mais bien insérés dans les chansons et surtout raisonnables dans leurs durées pour ne pas tuer l'esprit du disque (mention spéciale à celui de Shots Fired, particulièrement bon et celui de . Car la deuxième partie, l'aspect rock, a besoin de spontanéité et d'une certaine concision. Il y a peu de titres au delà des cinq minutes. Sauf le monumental Anastasia qui sort complètement du lot par son ambiance, son riff de malade, le refrain qui tue et bien sûr la performance incroyable du chanteur.
On pourrait d'ailleurs faire un paragraphe en entier sur Myles Kennedy, tant son talent est exploité dans toute sa diversité : ballade un peu bluesy et timbre intimiste sur Far And Away, punko / hard rock sur One Last Thrill, rageur sur le refrain de You're A Lie. Le duo fonctionne à merveille et l'un sublime l'autre. Même ceux qui le connaissent dans Alter Bridge sentiront une petite nuance dans un style plus rock et donc bien moins métal et torturé.
Si l'on prend un peu de recul avec ce nouvel album de Slash, on se retrouve face à un collectif bien rôdé, une musique qui colle bien à l'été et à cette envie de ne pas se prendre le chou sur des morceaux trop hermétiques. Bref un vrai bon moment que les râleurs pourront décrire comme moins varié que le précédent album mais que l'on verra comme une tentative réussie de l'homme au haut-de-forme de faire ce pour quoi on le connait et on l'apprécie : du bon son hard rock.
1. Apocalyptic Love
2. One Last Thrill
3. Standing in the Sun
4. You're a Lie
5. No More Heroes
6. Halo
7. We Will Roam
8. Anastasia
9. Not for Me
10. Bad Rain
11. Hard & Fast
12. Far and Away
13. Shots Fired