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Vous en connaissez beaucoup, vous, des journalistes qui ont interviewé une chenille ? Moi oui (« On a fait rêver toute une commune » s'est-elle exclamée). Vous en connaissez beaucoup, vous, des one women band de Black Metal qui feraient pâlir le père Vikernes dans sa campagne norvégienne ? Moi oui. En effet, j'ai eu cette chance de pouvoir m'intéresser à Turdus Merula (le merle noir pour les latinophobes) derrière qui, on trouve, Disa, une Suédoise brune (comme quoi tout arrive) qui compose et enregistre tout toute seul dans son coin à l'exception de la batterie jouée pour les besoins de cet album par Draug.
Herbarium est ainsi le premier album sorti par Turdus Merula en 2010 trois ans après sa démo, The Paths. Et que dire si ce n'est qu'en ces temps où Varg Vikernes n'est plus que l'ombre de lui même et fait plus parler de lui pour ses visions de la politique que pour la qualité de ses derniers albums, il y a une place à prendre dans le cœur de ceux qui regrettent la période du milieu des 90's de Burzum et Turdus Merula se place directement là. Quelque part entre Hviss Lyset Tar Oss et Filosofem, Herbarium est à la fois Black Metal et fasciné par la beauté mélancolique d'un piano tout ce qu'il y a de plus classique dans une approche minimaliste autour d'un concept qui m'a autant surpris qu'il m'a interpelé à propos des plantes à la fois toxiques et hallucinogènes. Je suis loin d'être un botaniste pourtant et encore moins un junkie.
Je ne suis pas non plus un ayatollah de la technique et si tel était était le cas, je ne pense pas que cet album aurait été bon pour moi. C'est surement mal joué, c'est répétitif, c'est long, mais émotionnellement qu'est-ce que c'est fort! En écoutant cet album, j'ai eu la même impression que lorsque j'ai découvert « Seven Tears Are Flowing To The River » de Nargaroth. Ce type de morceaux très longs, répétitifs à souhait mais qui dégagent un je-ne-sais-quoi dont tu ne peux pas te passer car l'ennui a laissé place à la fascination. Et bien, Turdus Merula sur Herbarium, c'est exactement ça. Six morceaux pour une heure trois minutes de musique et je n'arrive pas à décrire ce qu'il vient de se passer. Non pas qu'Herbarium m'ait retourné au point de le mettre dans la rangée de mes albums cultes mais bien, parce qu'il y a de la vie dans cette musique comme il y en a dans Om de Negura Bunget. Je ne suis pas vraiment à l'aise pour écrire sur cet album tant je n'arrive pas à mettre des mots sur ce que je ressens. En somme, comme le disait Richard Wagner : « Le pouvoir de la Musique commence là où le pouvoir des mots s'arrêtent ». Je crois que ça ne pourrait pas plus coller à mon argumentation autour de cette beauté libératrice qui se dégage de la tristesse des compositions.
J'ai écouté – souvent à contre cœur – des tonnes d'albums ressemblant de près ou de loin à Herbarium mais je n'ai été que très rarement aussi enthousiasmé par un album. Le Black Metal Ambiant quand il est joué de cette manière ne peut être vu autrement que comme quelque chose de divin. C'est avec ce genre d'albums qu'on comprend la chance qu'on a d'être chroniqueur sur ce genre de sites : la soif de cette découverte géniale. Celle qui m'est arrivée plus d'une fois.
Merci la Musique. Merci Turdus Merula.
1. Datura Stramonium
2. Mandragora Officinarum
3. Colchicum Autumnale
4. Actaea Spicata
5. Conium Maculatum
6. Aconitum Napellus