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La plupart de ceux qui s’intéressent à la scène extrême hexagonale, et à plus forte raison les lecteurs assidus d’U-Zine, ont difficilement pu passer à côté du vivier que constitue la scène Rouennaise, dont l’ami Orion et moi-même, sommes de fervents supporters, quand la qualité est là, ais-je besoin de le préciser.
Lorsque l’on sait que des cendres de Hyadningar émerge Chaos Dei, on ne peut qu’accepter l’invitation à l’écoute, avec ce léger handicap de l’inévitable comparaison. Chaos Dei, c’est un duo constitué de noms familiers. L’ancien parolier et compositeur de Hyadningar, se trouve en charge des grattes et des vocaux de Chaos Dei sous le pseudonyme d’Euronyme, et Pierre, batteur d’Ataraxie, autre fleuron du doom extrême hexagonal, officie derrière les fûts et les atmosphères sous le patronyme de Turranos.
Alors bien entendu, lorsque l’on connaît le background musical des deux têtes pensantes de Chaos Dei, on est en droit de se demander si l’on retrouvera ici un bis de Hyadningar. Absolument pas et c’est un choix heureux que Chaos Dei a effectué en s’éloignant du giron de ses groupes précédents ou actuels. On évite d'emblée les comparaisons avec cet Arising from Chaos qui entame les hostilités en s’encombrant à peine d’une introduction, préliminaire dispensable mais suffisamment court à un black metal véloce et de prime abord sans grande originalité.
La production très croustillante à la A Blaze in a Northern Sky confère juste ce qu’il faut de vice supplémentaire à un riffing varié, mais pas transcendant d’originalité, une rythmique qui s’adapte parfaitement à la situation, ne misant pas tout sur le défouraillage intensif, et une voix qui me rappelle curieusement le très estimé Meyhna'ch de Mütiilation, bien éloigné vous l’aurez compris de Marquis, à qui l’on doit la signature vocale caractéristique de Hyadningar.
Le parallèle avec le légendaire projet Montpellierain ne s’arrête pas là, Chaos Dei sur son premier morceau rappelle le travail accompli sur le Grimly Reborn, excusez du peu, la référence est flatteuse mais l’identité profonde elle, s’en trouve malmenée. En clair, la première impression que l’on se fait de Chaos Dei est celle d’un groupe qui maîtrise son propos et son allure, mais qu’il ne parvient pas à se démarquer de ses influences. Mais, grand bien lui en fasse, il ne faudra pas attendre très longtemps avec que l’album ne trouve son rythme et son caractère. Dès Saint Dawn, le spectre Hyadningar resurgit, en filigrane seulement, le sens de la mélodie s’exacerbe et rappelle à certains égards la pureté des compositions de feu Dissection sans en atteindre la maestria.
Alors citer comme influences Mütiilation et Dissection au sein de la même review peu paraître incongru et pourtant, Chaos Dei parvient avec brio à mêler beauté et agressivité du Black Metal au fil de compositions majoritairement longues, bien construites, diversifiées. On y trouve raw black, on aborde de temps à autres des accents plus doom, de la rage et de la brutalité à revendre, en somme il y a à boire et à manger sur Arising From Chaos. Néanmoins, les similitudes avec les glorieux prédécesseurs pourvoyeurs d’Art Noir font que l’album ne transcende pas le genre,, s’essouffle par moment. Il manque un petit je ne sais quoi en plus pour que Chaos Dei s’extirpe de la mélée, peut-être orienter sa musique davantage vers ce qu’il propose sur la chanson-titre, particulièrement réussie, véritable pépite de Black Metal comme on aimerait en entendre plus souvent. Ce morceau justifie d’ailleurs à lui seul l’achat de l’album, et représente parfaitement ce dont est capable Chaos Dei : de la diversité, de l’émotion brute et ravageuse, de l’intelligence de composition, bref, le duo sait composer un Black metal racé, noble et c’est assez rare pour être souligné.
A suivre de près, histoire de voir comment les deux compères parviendront à transformer l’essai.
01. Metallic Heat
02. And Your Steles Will Burn
03. Deepless
04. Saint Dawn
05. A Decalent Belief
06. Black Devotion
07. Raped Goddess
08. Arising From Chaos