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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Portal

Seepia

LabelBlacktalon Media
styleDeath-Metal apocalyptique
formatAlbum
paysAustralie
sortiedécembre 2003
La note de
U-Zine
8/10


U-Zine

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On ne peut pas vraiment dire que Portal soit un groupe comme les autres. Quintet Australien, fondé en 1994 tout de même, le groupe n’a sorti jusqu’en 2003, que deux démos, et a véritablement poussé son premier cri en 2003, avec la sortie de Seepia.

Portal non, ce n’est pas un groupe comme les autres. Portal dépose sa vision de la musique dans le chaos, la brutalité et l’angoisse et déstabilisera même l’oreille la plus rompue à l’exercice death metal cradingue. Seepia, c’est un peu l’album du Diable, les origines du mal, l’angoisse et l’apocalypse en bande son, c’est l’effluve du rance, le panégyrique de l’épouvante.

Les superlatifs sont de sortie et immédiats dans cette chronique, vous l’aurez constaté, mais difficile de faire autrement face à un groupe qui se défie des codes Death Metal en les poussant à leur paroxysme. Hors normes jusque dans leurs tenues de scène, les 5 australiens ne peuvent pas facilement être étiquetés, n’ayant jusqu’à présent pas trouvé d’équivalent à leur univers visuel et sonore, qui fleure bon l’élitisme, par son exploration de l’extrême sans concessions. Seepia, d’un bout à l’autre, radicalise largement le metal extrême, pourtant lui-même étant une radicalisation du metal en général. La production grasse à en faire pâlir la plus ténébreuse formation de death metal baveux, se contente du minimum syndical, tout juste nécessaire à percevoir les subtiles et incessantes variations de rythmes et de riffs. De déluge de blast en atmosphères horrifiques, l’écoute de Seepia se fait toujours en tir tendu, l’oreille dressée et le cortex en ébullition, l’hermétisme ne se laisse pas aisément percer, il vide l’auditeur de toute énergie et substance, le tire de force dans un état second, dans un monde maléfique et asphyxiant, assailli de toutes parts et en permanence par les diaboliques structure d’un Portal qui compose sa musique comme une éloge de la déconstruction.

Cacophonique et bancale, la musique ne se laisse pas apprivoiser facilement, et sa domestication se fera dans la douleur. Il faudra y revenir, encore et encore, se plonger dans le malaise et le cataclysme pour en venir à bout, et finalement apprécier la science de ces cénobites de l’ombre, dont les incantations grinçantes et vicieuses feront frémir les plus aguerris d’entre vous. On retrouve ici et là des éléments auxquels se raccrocher, furtivement, une solide base Death Metal se perçoit dans le riffing, et on s’adapte à cet abject jusqu’au-boutisme musical, à cet indigeste et atypique glaviot qui repousse plus loin la conception de déstructuration mélodique. La nausée n’est pas loin, l’angoisse omniprésente.

Particulièrement constant, Portal sur son Seepia fascine par la férocité et la régularité de ses assauts, mais pâti de son manque de surprise sur la durée, une fois le pavé digéré. La force de Seepia se puise essentiellement dans ses premières écoutes, et dans la démarche masochiste de son assimilation. Une fois le processus achevé, il reste l’atmosphère et les ténèbres, l’admiration malsaine pour la débauche et la corrosion mais le plaisir coupable s’érode à mesure que l’on côtoie le monstre, qui jouit néanmoins d'un magnétisme latent, créant l'envie d'y retourner. Pour autant, ce menu défaut n’entache pas le concept qui s’articule autour du quintet, ni la qualité d’exécution, anti-conventionnelle, voire anti-musicale, ni cette indescriptible propension, assez unique, à composer en décomposant.

Seepia ne sera donc pas un album éternel, mais plutôt une bête maléfique et vicieuse que l’on se plaira à retrouver de temps à autres juste pour le plaisir de la dompter à nouveau, et s’offrir la dose de frisson que l’on aime parfois s’injecter.

Chaotique. Flippant. Radical.


1. Glumurphonel
2. Vessel of Balon
3. Tempus Fugit
4. Sunken
5. Atmosblisters
6. Transcending a Mere Multiverse
7. Antiquate
8. The Endmills