Chronique Retour

Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Freedom Call

Land of the Crimson Dawn

LabelSPV
styleTrue Power Metal
formatAlbum
paysAllemagne
sortiefévrier 2012
La note de
U-Zine
7/10


U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Niais. Naïf. Honteux. Puéril. Prépubère.

Ce sont souvent des termes ressurgissant à l’évocation du patronyme de Freedom Call. Sous couvert d’une innocence désormais feinte, d’un positivisme exacerbé et d’un style musical fondamentalement sclérosé et souffrant de nombreux poncifs, les Allemands sont aujourd’hui vus comme complètement has been là où leur innocence se voulait enchanteresse et voyageuse voici dix ans, à la sortie des mythiques "Stairway to Fairyland" et surtout "Crystal Empire".

Abandonnés par une partie de leurs fans, on peut dire que "Dimensions" et "Legend of the Shadowking" n’ont pas attirés les foules, malgré certaines qualités musicales indéniables, un sens du riff qui tue, une production toujours impeccable et une technique toujours plus affutée.
Suite à ce dernier album musicalement plus intéressant, car tentant des choses, mais réellement ambivalent et ne réussissant jamais à se rejoindre dans une cohérence musicale parfaite, nous ne sachions plus que penser de Freedom Call. Allaient-ils enfin prendre de nouveau des risques et persévérer dans cette voie (très) légèrement plus sombre et lourde ? Allaient-ils pouvoir créer une osmose cohérente entre les parties plus heavy et le power speed typiquement allemand inséparable du concept du groupe ? Les attentes revenaient chez les fans au même titre que cet album semblait être une porte vers l’avenir, une sphère vers la direction dans laquelle Chris Bay et Dan Zimmermann voulaient aller dans le futur…

Puis arriva ce qui semblait à terme inéluctable mais que personne ne voulait voir se matérialiser. Le départ de Dan, en pleine tournée avec Gamma Ray et dont les emplois du temps n’arrivaient désormais plus à coïncider pour contenter tout le monde. Le choix fut fait et le légendaire batteur quitta le groupe qu’il forma voici quinze ans avec Chris Bay pour officier chez son groupe principal (ce que, objectivement, il est impossible de lui reprocher).
Sans la frappe si typique et « bulldozer » de l’un de ses géniteurs, sans sa force créatrice qui était justement l’investigateur des détournements du groupe (bien que l’avant-dernier album ait été composé en grande majorité par le nouveau guitariste Lars Rettkowitz) et son professionnalisme, le groupe apparaissait en suspens. Mais il n’en fut rien, et Chris Bay reparti rapidement de l’avant en engageant un autre cousin de la scène allemande, et pas des moindres, puisque Klaus Sperling a officié en autre chez Primal Fear, archétype de la scène true allemande.

Graphiquement assez laid, "Land of the Crimson Dawn", le septième album des teutons, se veut vraiment décevant à la première écoute. Le speed mélodique ultra convenu et sans originalité parait avoir repris le pas sur les passages un peu plus sombres de l’épisode précédent et l’envie de ne même pas le réécouter se fait forte. Très forte... mais pas insoutenable. Retentons l’aventure une fois, deux fois... et ça marche.
Plus subtil qu’il n’y parait de prime abord, peut-être même plus riche que ce qu’un esprit un peu calibré pour critiquer un opus attendu au tournant attendant, "Land of the Crimson Dawn" surprend, et donne le sourire. Si nous feront silence de textes toujours aussi au ras des pâquerettes (les « Over the Rainbow » à n’en plus finir deviennent très irritants) et ce n’est pas des noms comme "Rockstars", "66 Warriors", "Sun in the Dark", "Eternity" ou "Power + Glory" qui risquent de nous faire changer d’avis.

Très varié, long et explorant de multiples paysages, Freedom Call, s’il reste dans une optique très similaire à sa ligne de conduite, se paie parfois le luxe de rafraîchir son son et surtout de sonner plus spontané que lors de ses dernières sorties. "Killer Gear" par exemple, de son intro très mélodique, vogue vers des cieux plus obscurs, mettant en avant la basse et des claviers plus « dark ». Le refrain notamment démontre une nouvelle fois que Chris peut définitivement prendre des teintes vocales exquises lorsqu’il se fait violence pour noircir ses vocaux et alourdir considérablement l’ambiance (même si nous trouvons toujours, en toile de fond, des envolées très aigus et une mélodie omniprésente). Très mid tempo, Freedom Call tient surement l’un de ses morceaux phares dans cette forme de composition, et il serait futé d’ériger en exemple ce morceau remarquable.
"Sun in the Dark" tend vers une optique similaire, très heavy et lourde où Chris excelle dans des parties de chant très émotionnelles, magnifiques même si les mauvaises langues ne retiendront qu’une naïveté sans nom.

Évidemment, il est inutile de passer sous silence les tueries speed, plus ou moins consensuelles, que nous trouverons sur ce nouvel opus. "Rockstars" en est le meilleur exemple puisque sa double pédale ne laisse pas beaucoup de miettes au reste tant elle est martelée du début à la fin. Certes complètement « too much », il faut avouer en toute sincérité l’efficacité redoutable d’un tel morceau, au refrain taillé pour le live pour une communion au nom du rock n’roll en général, sous couvert d’un headbanging intensif sur les multiples soli parsemant le titre. Rappelant fortement les trompettes d’"Eternity", "Back into the Land of Light" porte le sceau à 300% « pur jus Freedom Call », alors que "Hero on Video", indécrottable lors de la première écoute en raison de « oh oh » excessivement exécrable, passe de mieux en mieux avec le temps même si l’on regrettera le plagiat évident au "Sting in the Tail" du dernier Scorpions.

Freedom Call ne se réinvente pas mais perdure un héritage culturel qu’il ne souhaite clairement pas voir mourir. On regrettera néanmoins l’excès d’un "Rockin’ Radio", ridicule de A à Z entre son riff presque country, son introduction lamentable et ses textes pitoyablement navrant (« I don’t play rap and hip hop, we play rock n’roll »), on ne sauvera rien de ce pourtant premier single (à croire que Nuclear Blast a le chic en ce moment pour prendre le plus mauvais morceau des albums pour en faire la promotion).
Mais globalement, "Land of the Crimson Dawn" est plus agréable qu’un "Dimensions" qui était vraiment trop inconsistant (comparé à "The Circle of Life", trop souvent oublié mais possédant pourtant de nombreuses qualités) et plus cohérent que "Legend of the Shadowking" trop coincé entre deux chaises.
Une demi-surprise qui, si elle ne brille pas de mille-feux, fait passer un très bon moment à l’auditeur et rappelle des valeurs de simplicité, de partage, de positivisme et de générosité à l’heure où les internautes préfèrent pleurer la fermeture du téléchargement que de simplement vivre la musique des artistes qui eux, y croient et se défoncent pour nous. Alors simplement merci pour ce que vous faîtes. Vous êtes sincères et nous vous écouterons au moins pour vous soutenir. A bientôt sur les routes.

1. Age of the Phoenix
2. Rockstars
3. Crimson Dawn
4. 66 Warriors
5. Back into the Land of Light
6. Sun in the Dark
7. Hero on Video
8. Valley of Kingdom
9. Killer Gear
10. Rockin' Radio
11. Terra Liberty
12. Eternity
13. Space Legends
14. Power & Glory