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Pas facile la tache qui m’incombe aujourd’hui. Chroniquer un album tel que le Rest de Rwake est un travail où je dois me faire un minimum violence pour parler comme il se doit d’un objet difficilement maitrisable et dont je ne connaissais strictement rien, il y a à peine plus d’un mois.
Avant d’aller plus loin dans la réflexion, j’aimerais revenir avec vous sur ce qu’est l’entité Rwake (prononcée "wake"). Avant Rest, le groupe de Little Rock, dans l’Arkansas, a sorti quatre albums affiliés à la scène Sludge depuis ses débuts en 1997. Je vais peut être dire une énorme bêtise mais il me semble que c’est en 2007 avec la sortie de VoicesOf Omens et avant dernier album en date, que le groupe a franchi, d’un coup plusieurs échelons en terme de notoriété dans une scène qui commençait tout juste à émerger. C’est pour ça que Rest était un album très très très très attendu par beaucoup de fans. Mais pas par moi… Je suis passé durant toutes ces années à coté de ce groupe qui est pourtant une facette particulière du Sludge.
Quand je déclare que je suis passé à coté, c’est peu dire puisque Rwake a tout pour me plaire. Rwake, c’est une vision progressive du Sludge, n’ayant pas peur de tirer ses compositions au-delà des dix minutes pour aller au bout de ses idées. L’ambiance de fin du monde inhérente à sa musique ne peut se détacher de cette classe (j’aurais dit grâce si je n’étais pas en pleine session d’écoute du dernier Mournful Congregation qui en est l’incarnation même) notamment par des guitares aux influences clairement Heavy qui n’hésiteront jamais à aller de soli en soli mais toujours avec un souci justesse et de cohérence.
Sur Rest plus que ses anciens albums, Rwake va plus loin dans la compostions en ne composant que des morceaux très longs oscillants entre neuf et seize minutes dans une homogénéité déstabilisante. Durant les cinquante-trois minutes de l’album, il n’y a pas de moments d’ennuis. On est assez bluffé par la maitrise de la formation américaine mais surtout par ce que la musique nous raconte. Cette impression de fin du monde avec raz de marée, et tornades avec cette terre qui te rentre dans le nez et fait suffoquer pendant que ce prophète symbolisé par le chant de C.T. (bien aidé dans les moments les plus intenses par B.) qui nous pousse à ne pas chercher à survivre mais nous guide vers la bouche du diable. Rien ne sert de se battre, il faut se rendre pour enfin obtenir le repos que nous n’avons plus connu depuis des années.
Toutefois, si l’album dans son ensemble est plutôt excellent et ne contient pas de passages creux, ce qui est rare pour des compositions aussi conséquentes, il n’est pas pourvu de passages qui fouttent vraiment sur le cul, qui te font sortir les tripes. Plus concrètement, est jonché de moments mémorables déjà sur les soli (l’entrée de « It Was Beautiful But Now It’s A Sour » ou encore «Was Only A Dream ») et bien sur les envolées conjointes de C.T. et B. (« Was Only A Dream » toujours qui est surement mon titre préféré) mais il me manque quand même quelque chose pour crier au génie, un instant (juste quelques secondes) qui m’auraient mis les frissons, fait tirer une larme, aurait largement changé la donne.
En définitif, j’aime beaucoup cet album au fond et à la forme totalement uniques que je réécouterai souvent (en attendant de découvrir les autres ?) mais auquel je ne peux pas non plus vouer un culte. Il manque quelque chose que je ne saurais pas vraiment expliquer pour que Rest soit une œuvre majeure qui puisse marquer des générations de groupes.
1. Souls of the Sky
2. It Was Beautiful but Now It's Sour
3. An Invisible Thread
4. The Culling
5. Ti Progetto
6. Was Only a Dream