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Le travail de l’esprit...
Difficile de comprendre et plonger dans le subconscient humain, d’en analyser les tenants et aboutissants, d’en tirer des conclusions et d’en conceptualiser les recherches. Moult philosophes ou hommes d’esprits ont noirci des pages sur le sujet, des artistes par centaines en ont fait un sujet textuel ou esthétique. L’esprit n’est en cela pas une notion originale, ni foncièrement créative, même si forcément ambitieuse et dépendant parfois d’une certaine pédanterie dont peuvent user certains jeunes artistes dans le but d’attirer l’attention alors qu’ils sont encore inconnus de tous.
Intelligemment traité et sortant un peu du carcan élitiste inspiré pour beaucoup par les frères Wachowski, les jeunes italiens d’Infinita Symphonia bâtissent les fondements d’un concept reposant non pas sur une dimension parallèle ou une double réalité virtuelle mais plutôt à travers un rêve qu’eux-mêmes qualifient d’ « euphorique ». Sans parler de joie, le choix de ce terme se veut utilisé pour dévoiler un ailleurs, un espace différent et soumis à la libre circulation spirituelle d’esprits cherchant à parler de politique, de vie, de mort, de religion et d’êtres vivants dans une liberté que la société ne peut leur offrir.
Bien plus ambitieux que leur patronyme des plus conventionnels (allant même, actuellement, jusqu’à les desservir chez certains...) le laissait envisager, Infinita Symphonia évolue musicalement dans un power metal progressif de très haute volée et signe pour un premier disque une œuvre à part entière déjà digne de figuré parmi les bonnes réussites de l’année.
"A Mind’s Cronicle", sans se perdre dans la complexité abusive (mais toute relative) du dernier Symphony X par exemple, jouit d’une efficacité le rendant aussi simple d’accès que le nombre d’écoute ne cessera de le rendre plus riche encore.
Entre des six-cordistes de talent n’en faisant jamais trop mais laissant entendre qu’ils en ont sous le coude, une base rythmique très imposante, un claviériste arrangeant plus particulièrement les morceaux grâce à de subtiles orchestrations et des parties de piano que prenant part profondément dans la structure des morceaux et un vocaliste inspiré, les italiens semblent avoir tous compris.
On ne pourra passer sous silence Luca Micioni qui, dès "Lost in My Own Brain", surprend par son timbre puissant, sorte de fusion inattendue entre entre Eric Adams (sur les intros et les hurlements virils), Fabio Lione (pour l’accent italien) et parfois Edu Falashi ou Chris Bay, l’homme surprend par sa faculté de passer d’un style à l’autre. Néanmoins, une certaine jeunesse ne manquera pas de lui faire commettre quelques erreurs d’appréciations comme cette narration démoniaque mais partiellement maitrisé sur le pont de ce premier titre. On le trouvera néanmoins particulièrement inspiré sur le cri initiateur du morceau suivant, "Mighty Storm", ainsi que son refrain superbe aux envolées de toute beauté.
Musicalement, DGM, Symphony X, Nightwish ou Edguy première période ou Angra sont les principales influences et le groupe ne semble pas nécessairement vouloir le cacher, tout en incorporant une personnalité qui, sans être encore très forte, parvient à conférer une identité aux compositions de ce premier album. Ainsi, si on pourra trouver désuet et niais l’introduction de "The Illusion", au piano et à la guitare clean (démarrant comme « x » power ballads), on restera sans voix sur le refrain superbe, créatif et angélique du morceau, et ce en partie grâce à la performance remarquable de ce vocaliste de talent qui est inévitablement amené à faire de grandes choses à l’avenir.
Outre les compositions, "A Mind’s Cronicle" dispose comme autres arguments de taille la présence en specials guests de Fabio Lione (quand on parle du loup...) et du hurleur Tim Owens, intervenant chacun sur un titre semblant écrit pour eux. "Here There’s No Reason Why", aux claviers épiques et chevaleresques, colle en effet admirablement bien aux timbres réunis de Luca et Fabio, dont on arrive parfois à confondre les intonations. L’aspect paladin des italiens prend tout son charme, à l’instar d’hommes partant en conquête, celle de la musique et d’un public qu’il faut déjà charmer. A l’inverse, "Only One Reason" détruit tout sur son passage et Owens s’impose d’emblée avec un hurlement suraigu dont lui seul a le secret (avec un certain Metal God) et une fois encore, on se surprendra de l’intelligence de composition pour faire cohabiter des timbres ici complètement différents mais s’embrasant pour un résultat des plus concluants dans une veine n’étant pas sans rappeler le "Scales of Justice" d’Avantasia.
La seule déception viendra peut-être après ces deux compositions tellement admirables, bien crées, sans redondances superflues ni démonstrations inutiles (et de plus l’une après l’autre), d’une baisse de rythme subite pour la dernière partie de l’album. Surement aussi psychologique, la légère déception de cette fin de disque vient aussi après une surprise initiale, et un niveau de jeu que l’on n’attendait pas si haut, d’où la difficulté de tenir l’album dans son intégralité.
Infinita Symphonia, avec fraicheur, audace et talent (avoir deux invités tels que ceux-ci sur un premier disque représente en cela un certain tour de force) parvient à, si c’était encore nécessaire, faire taire les détracteurs du genre et montrer que la relève est plus que jamais présente, et pas nécessairement composée de suiveurs. "A Mind’s Cronicle", avec ses qualités et ses défauts (un son parfois un peu poussif également, le mix n’étant pas cohérent d’un titre à l’autre), parvient à attirer les oreilles des fans du styles tout en faisant déjà espérer un avenir radieux et bien meilleur que ce premier disque déjà exceptionnel à la vue des moyens mis en œuvre. Les italiens seront très bientôt surveillés de très près...peut-être déjà trop, au risque de décevoir par la suite. Mais nous n’en sommes pas encore là...
1. Intro (Verted)
2. Lost in My Own Brain
3. Mighty Storm
4. The Illusion
5. Planet Universe
6. Here There’s No Why
7. Only One Reason
8. Lost and Found
9. From Earth to Heaven
10. The Equation of the End
11. I Believe in You