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La simplicité est parfois l’apparat de la sincérité d’une expression artistique, ne se perdant pas dans une complexité veine visant à impressionner plus que se représenter à l’intérieur de sa création.
Malheureusement, dans un espace où simplicité rime souvent avec accessibilité et mercantilisme, et complexité avec rejet stérile des conventions, il est difficile de déterminer si la volonté d’être direct vient d’un désir ou d’une obligation. D’autres pourront également dire que la musique et l’art en général se vit et se ressent plutôt que ne s’analyse…constat en partie vrai, mais possédant tout de même quelques limites…
Créé par l’actuel bassiste de Klone, Jean Etienne Maillard, Miss Burton diffère énormément de son groupe principal pour se pencher du côté de la côte californienne, pour un métal rock alternatif frais, direct et très mélodique, parfois neo et surtout beaucoup moins complexe et progressif que Klone. Miss Burton n’a clairement rien à voir artistiquement avec son grand frère poitevin…
S’occupant ici de la composition, du chant et de la guitare, JE s’est entouré également de l’ingénieur de son de Klone à la seconde guitare (Thibault Chaumont) ainsi que deux autres membres plus jeunes à la rythmique.
Produisant un premier ep pour se faire connaitre, mais distribué par des pointures tels que Seasons of Mist et Klonosphere, Miss Burton (allusion au réalisateur ?) met toutes les chances de son côté, en allant d’une production aux petits oignons, puissante et équilibrée, à une pochette très réussie et esthétique, symptomatique d’une imagerie visant certainement un relativement jeune public.
Cependant, musicalement, "No Matter" montre dès le début les aptitudes du groupe. Le riff est simple, le son clair et le chant de Jean Etienne se veut mélodique et suave, séducteur même, apte à caresser les contours les plus romantiques de notre esprit. Les riffs se veulent parfois plus appuyés, lourds et dissonants (comme dans le metalcore actuel à la Still Remains ou Architects), hypnotiques même tout en restant en cohérence avec un refrain catchy et simple à assimiler.
Les poitevins maitrisent parfaitement leur musique, mais ne révolutionnent pas le genre ni quoi que ce soit, se cantonnant bien souvent à des structures conventionnelles sans grandes prises de risques. Un titre comme "CheckMate" intensifie légèrement le ton, grâce à un chant plus saturé et surtout des riffs beaucoup plus dissonants et lourds, qu’un groupe comme Gojira ne renierait pas (particulièrement dans les passages à la double pédale). Malheureusement, ces instants restent trop peu présents et le groupe retombe dans une certaine niaiserie l’instant suivant. "Welcome Home", quant à lui, s’inscrit plus prosaïquement dans ce qui formera probablement l’avenir du Miss Burton, à savoir une musique énergique et (trop) accessible d’accès, peinant à se forger une réelle personnalité et, si elle reste agréable, ne diffère pas foncièrement des centaines de combos évoluant dans un genre similaire.
"World’s Turning Without Me" souffre en ce sens d’une certaine superficialité dans son registre de power ballad creuse et sans aspérité, manquant cruellement d’émotion et d’un fond apte à capter l’attention, l’émotion et prendre l’auditeur par les tripes. L’écoute s’accompagne de cette désagréable impression de facilité (les morceaux dépassent rarement les quatre minutes) et d’un manque certain de travail de fond, sans pour autant être désagréable. Et c’est sur ce point qu’il existe évidemment des motifs d’espoir puisque l’écoute de cet ep en elle-même reste forte plaisante. C’est lorsque l’on essaie d’être un minimum objectif que l’on se heurte inéluctablement à ce mur de défauts et de points à corriger…
Il faut néanmoins avoir conscience qu’il ne s’agit que "My Shell" n'est qu’un premier ep et que, en ce sens, le groupe n’en est encore qu’aux balbutiements de son existence. Sa personnalité propre doit encore se définir, en même temps que les compositions gagneront en maturité et en force émotionnelle, puisque c’est sur ce créneau que jouera Miss Burton. Jean Etienne dispose d’une belle voix, il lui reste encore à la placer de manière à ce qu’elle soit viscérale, touchante, voir bien plus encore à la manière d’un Jared Leto (30 Seconds to Mars).
Le groupe a donc encore des progrès à faire, mais il faut garder à l’esprit que ce premier jet est en lui-même une réussite, bancale certes, mais avec un point appui certain et solide. Reste à peaufiner l’ensemble pour sortir un premier disque qui racontera une belle histoire…celle de l’âme de Miss Burton…
1. No Matter
2. Welcome Home
3. Grey Notes
4. World's Turning Without Me
5. CheckMate
6. My Shell