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Quand on trifouille régulièrement dans les méandres du label ATMF (pour Aeternitas Tenebrarum Music Foundation), il n’y a rien à dire, on sait que bien souvent, à quelques exceptions près, on tapera dans de l’original. Nous avions déjà évoqué cette institution, dont la réputation croît à mesure que son sens de la découverte s’affine, avec les excellents An Autumn for Crippled Children. Le label italien a déjà prouvé qu’il savait renifler le bon filon, signant des groupes qui divisent très certainement, mais qui savent se démarquer par leur personnalité prononcée. Des noms tels que Lantlôs, ou Svarti Loghin devraient faire frémir le bon souvenir de certains d’ailleurs.
Semen Datura, Allemand de son état, a eu la bienfaisance de ne pas prétendre (à ma connaissance) faire partie de ces groupes qui avancent avoir composé leur skeud sous l’emprise de drogues plus ou moins dures, quand bien même le patronyme de la formation allemande ferait référence à une plante dont l’absorption, à usage initialement chamanique, causerait des hallucinations de l’ordre du ‘archi-balèze’ et dont même une dose infime serait létale pour son consommateur.
Semen Datura donc, assez confidentiel mais fort aujourd’hui de 14 ans d’activisme musical nous livre en 2009 cet emballage épuré et élégant enrobant la rondelle Einsamkeit, qui nous intéresse en l’espèce. Peu de choses ne filtrent sur l’historique du groupe, si ce n’est que deux full-lenght (This Love is Dead et Vineta Part I) étaient déjà parus dans les bacs, respectivement en 2001 et 2005. Pourtant ce n’est qu’avec ce troisième opus que le nom Semen Datura est parvenus jusqu’à mes feuilles, et si les vôtres sont encore vierges de cette semence, laissez-nous le plaisir de vous conter la traversée de l’album.
Passée une introduction semi-acoustique laissant augurer une production moderne, Unter bleigrauen Wolkenlasten plante le décor. Semen Datura donne dans le black majoritairement mid tempo et mélodique, avec quelques accents progressifs pas désagréables, s’affranchissant des structures conventionnelles, alternant les rythmes et les sons, passant du clean à la distorsion non sans à-coups malheureusement. Einsamkeit semble être un album où les guitares se taillent la part du lion, alors que la voix s’égosille loin derrière tandis que la section rythmique s’exprime, avec finesse, plus en retrait encore.
Dotée d’un très bon niveau technique, la formation teutonne veut le faire savoir, propose un album très varié et diversifie peut-être un peu trop les atmosphères, toujours obscures, négligeant ainsi la cohésion générale de ce Einsamkeit qui peine à trouver ses marques et son identité à la première écoute. Les morceaux les plus lents ne sont pas sans évoquer Secret of the Moon tandis que les sursauts de brutalité, nettement plus maîtrisés que le reste, respirent l’amour pour Dissection, manifestement influence majeure de Semen Datura. Ainsi, pour saisir plus profondément le propos du groupe, il vous faudra y repasser plusieurs fois, vous laisser emporter par la qualité des arrangements et la pertinence des structures, dont la rudesse est compensée par un riffing mélodique et inspiré. La succession des titres ne manquera jamais de vous couper l’herbe sous le pied, et casse systématiquement toute routine, par exemple, la brutale et délicieuse Witwenmacher, très passionnée, précède un Vineta entièrement acoustique aux vocaux murmurés en allemand, qui, s’il n’égale pas la noblesse des arpèges de Dissection, y rend suffisamment bien hommage pour faire vibrer votre corde sensible.
Globalement cet effort de Semen Datura et largement plus séduisant que décevant, et ses menus défauts (influences trop prononcées, univers décousu et un peu bancal) s’effacent au profit de ses véritables qualités, qui résident dans son relief, sa beauté intrinsèque, ses multiples nuances et dans la douce pénombre qu’il développe. Un très bel exemple du savoir-faire de la scène Black Metal Allemande.
01. Fons et Origo
02. Unter bleigrauen Wolkenlasten (mp3)
03. Einsamkeit
04. Mental Outlaw
05. Marschbefehl
06. Psychokrieg (mp3)
07. Witwenmacher
08. Vineta (unplugged)
09. Rieke Stadt
10. Arkona