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Que ce soit volontaire ou non, instinctif ou calcul, mimétique ou personnel : l’art perçu n’a toujours que peu de rapport avec l’art voulu.
Expliquons-nous…il est simple de discerné, dans un lot pléthorique et instable, les quelques maillons forts qui, inexorablement, s’extirperont de la masse nauséabonde pour se mouvoir dans un univers libre, sans frontières et propre. Mais dans le cas des artistes restant, n’ayant ni eu la chance, ni le talent, ou peut-être pas encore la chance, de s’en sortir, sont-ils irrémédiablement condamnés ?
Il serait injuste de répondre par l’affirmative, tant l’underground révèle ici et là des perles à faire rougir les investigateurs des grands genres. Là où certains se morfondent dans un marasme anti-créatif et passif, d’autres, sans cacher leurs influences, cherchent néanmoins à proposer une réelle identité et une émotion latente, crue et vivante.
Le collectif klonosphere, éminent acteur de la scène extrême française, n’a de cesse depuis quelques années de livrer le meilleur de l’ombre, avec à l’appui des groupes aussi talentueux, et ayant depuis prouvés leurs valeurs, que Trepalium, Klone (d’où le nom de l’association), Mistaken Element ou plus récemment Nami, Step in Fluid et aujourd’hui Nephalokia.
Formés en 2008 sur une base stable, et ayant rapidement côtoyé des groupes comme Eryn Non Dae, Hacride ou Gojira (trois groupes dont on peut ressentir l’influence), le groupe propose après trois ans son premier opus, "Sunshine", enregistré dans le même studio que le "Hydra Lernaïa" de END (Conkrete Studio).
Si les références peuvent paraitre évidentes, autant dans le fond, la forme, le son, l’interprétation ou la composition (inutile de faire un dessin, vous avez déjà compris…du metal français), on trouvera peut-être plus d’aspects à rapprocher d’un Mistaken Element ou d’un Hacride que de Meshuggah. Les riffs très hypnotiques et techniques évoquent sans appel la bande à Joe Duplantier mais Nephalokia est très loin de se poser en copie conforme et livide.
Rapidement se dresse un chaos sonore complètement maitrisé, d’où émane des ambiances froides et saccadés dans la veine de Cult of Luna ou Isis, laissant s’échapper de lentes vapeurs atmosphériques, cadavériques et tortueuses. "Sunshine" dévoile à lui seul les multiples ouvertures présentes dans la musique des français, entre des mélodies en lead d’une beauté mélancolique à couper le souffle frôlant le post-hardcore, les envolées de blasts brutales littéralement extrêmes en s’échappant, de manière confinée mais bien réelle, vers des alentours vocaux presque screamo en clair (dans un sens positif) que l’on pourrait rapprocher des déchirements émotionnels d’un My Own Private Alaska.
Nephalokia, au travers d’influences multiples, parvient à cultiver une identité propre et mature. L’impact sonore est immédiat et il ne va pas sans dire que les musiciens maitrisent complètement leurs instruments et leur art. "The Omniscient Man" va encore plus loin dans l’utilisation des mélodies superposées à des rouleaux compresseurs de riffs et de double pédale. Arnaud, le vocaliste, multiplie les registres sans jamais se répéter et justement insuffle une émotion réelle, sur le fil du rasoir, prête à nous sauter à la gorge à chaque instants.
D’un plus violent "Leaving Dead" au syncopé "Why So Serious ?" (fan du Joker ?) en passant par un "Calvaire" aux vocaux death metal ressemblant presque trait pour trait à Michael Akërfeldt et aux riffs thrash à découper au hachoir, Nephalokia délivre un album assez varié pour ne pas ennuyer l’auditeur mais toujours cohérent pour ne pas le noyer dans un surplus d’informations contradictoires. "The Wake" ira plus loin dans la dimension atmosphérique et, par l’utilisation des mélodies et d’une certaine dissonance hypnotique, démontre que le meilleur reste très probablement à venir avec les prochains opus.
Il est certain que Nephalokia reste dans une optique de respect des normes, avec un cahier des charges encore respecté à la lettre, même si l’on sent qu’ils ne se fixent pas de limite. Aucune surprise totale n’est encore à présentée, les français s’inscrivent dans une mouvance porteuse qui ne peut que leur ouvrir de nombreuses portes, à condition que les auditeurs ne commencent pas à se lasser de groupes tablant majoritairement sur les mêmes éléments et des émotions similaires (une violence cathartique mais positive, des atmosphères mélancoliques s’embrasant progressivement…).
Néanmoins, c’est un premier album honorable, complet et très bien réalisé que défend le groupe, de plus mijoté dans un digipack sobre mais très esthétique et « naturel », à l’instar d’un groupe comme Gojira sur "The Link".
Plus que jamais, Klonosphère est un nid à groupe d’avenir…Nephalokia ne déroge pas à la règle…
1. Dawn
2. Sunshine
3. The Omnicient Man
4. The Wake
5. Vinyan
6. Living Dead
7. Passage
8. The Blessed Man
9. Why So Serious
10. Calvaire
11. Rising