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Si vous lisez mes chroniques, vous allez penser que je m'acharne, mais franchement, qui pense être accrocheur avec un titre pareil. Scorpions ? Certes mais à part eux, Ballads'n Bullets n'est pas un titre que les métalleux ont réellement envie de voir dans leur discothèque. Alors il va falloir cher lecteur, passer cette première impression peu aguicheuse et vous pencher sur ce In Legend qui a d'autres atouts et points d'intérêt dans sa manche. A commencer par le parcours du personnage principal de l'histoire Bastian Emig. Si ce nom est familier, c'est peut-être que vous l'avez vu avec Van Canto, le groupe de métal a cappella, derrière les fûts pour être précis. Et puis un jour il a décidé de briser les barrières du genre encore une fois. Et comme c'est un bourreau de travail qui n'apprécie guère la facilité, il s'est mis en tête d'apprendre le piano. D'oreille. Mais ceci n'étant pas une finalité en soi, il s'est dit que virer les guitares pourrait être un pari audacieux, surtout si on les remplace par un piano « classique ». Et voilà In Legend venait de naître et son concept particulier en même temps. Je vous voit déjà, petits malins, dire que My Own Private Alaska le fait déjà en France. Mais là on fait dans le heavy piano métal.
Je vois des sourcils se relever après cette présentation. Et vous avez raison, parce qu'avant de plonger dans l'écoute, il faut ouvrir votre esprit au maximum, car vous avez compris que vous allez vivre une expérience unique. Pourtant, l'esprit reste métal, et Bastian parle de circle pit dans Vortex. Imaginez-vous au Wacken, harangué par un trio voix / batterie / piano vous incitant à former un circle pit. On peut avoir des doutes quant au résultat mais au moins s'il réussit, il pourra se targuer d'avoir fait quelque chose qu'aucun métalleux n'aurait imaginé ! Pour retranscrire les vibrations du genre, les touches du piano sont souvent martelées comme sur Heya ou Pandemonium et même si de nombreux moments très mélodiques subsistent comme At Her Side, ceux ci tombent sous l'appellation ballade et manquent parfois d'un petit côté « power » qui nous est familier.
L'harmonie entre les instruments est souvent respectée et rares sont les titres avec des inclusions d'autres sonorités. On trouvera quelques notes d'électroniques ça et là mais de manière discrète et souvent pèse peu sur le morceau sauf peut-être dans la première partie de Elekbö. Soyons clairs, le piano ne fait pas tout, et l'appui de la batterie y est pour beaucoup dans l'effet musclé d'une partie de Ballads'n Bullets : elle appuie le piano, et surtout reste avec ses parties de double grosse caisse la seule caution métal du groupe. Les parties jouées sont simples mais la musique du groupe n'impressionne pas par sa technicité donc pas de grosse surprise à chercher de ce côté-là.
Vous ne serez pas surpris d'entendre Inga du groupe Van Canto sur le titre Stardust (aucun rapport), le rapprochement entre les deux formations était presque attendu et évident. La voix de Bastian fait aussi la différence car il joue sur plusieurs tonalités très mélodiques ou un peu plus rauques qui naviguent bien entre les lignes de conduite données par le titre de l'album.
Alors quel effet ça fait, le métal sans guitares électriques ? Il faut être honnête, on finit par se dire que Bastian Emig avait une image tellement claire de la manière de composer qu'il a réussit à créer des chansons qui n'auraient aucun sens avec une guitare. En clair, on vit très bien sans, une fois que l'effet de surprise est dépassé. Mais loin de moi l'idée de vous leurrer, si l'esprit est là, rien ne remplace l'original, et ce biais de composition manque singulièrement de variété. On finit par trouver l'ensemble largement too much. Même si elles sont courtes puisque ne dépassant pas les cinq minutes, quatorze chansons c'est beaucoup et surtout d'un seul trait c'est indigeste.
Même s'il n'y rentre pas, ce In Legend restera un groupe dont on va se souvenir. On se dira que ce sont les Allemands qui ont osé enlever la guitare dans un groupe estampillé métal pour mettre le piano en avant, sans pour autant renier une once de leur identité. Même s'ils attisent la curiosité, je me demande comment les fans de Manowar, exemple pris au hasard, pourraient réagir face à cet OVNI. Le deuxième question légitime est comment ils s'y prendront pour pérenniser le concept, comment faire un deuxième album maintenant que l'effet de surprise ne jouera plus en leur faveur. That is the question...
01. Heaven Inside
02. Pandemonium
03. Elekbö
04. At Her Side
05. Vortex
06. Life Is Up To You
07. The Healer (Inclusive Remedy)
08. Yue
09. Soul Apart
10. Stardust (feat. Inga Scharf of VAN CANTO)
11. A Hanging Matter
12. Prestinate
13. Heya
14. Universe