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J’avais eu le plaisir de chroniquer la démo quatre titres d’Antropofago, groupe du Sud-Est de la France tâtonnant du Brutal Death Metal technique aux aboutissants proches du cercle dessiné par Beneath The Massacre, The Faceless ou encore Necrophagist pour rester dans le ton de ma précédente chronique. Aujourd’hui je me retrouve en face de « Beyond Phobia », le premier album du combo mettant à notre disposition 12 titres qui suivent complètement la porte musicale ouverte par la démo proposée l’année précédente. Mon dessein est désormais de vous en parler un peu plus profondément.
A la première écoute, je me dois d’admettre qu’aucune surprise n’est venue caresser mes oreilles. L’album suit complètement la ligne directrice de la démo. Genre, même un peu trop quoi. Même ambiance, même type de composition, même boite à rythme, le mixage est juste plus grave et moins criard (et du coup bien meilleur). Je ne m’attendais bien entendu pas à un changement radical, mais une évolution vers le haut claquante ne m’aurait pas dérangé, or celle-ci se fait plus discrète que prévue.
En effet, le groupe s’attelait déjà à de la musique d’un très bon niveau sur la démo mais l’album ne confère que peu de valeur ajoutée à cette dernière si ce n’est le même genre de titres à se mettre sous la dent en plus. Bon je vais arrêter de faire mon grognon révolutionnaire pour faire mon taf de descripteur objectif… Ouai non, pas objectif y’a rien de plus casse couille.
La galette commence par une intro raisonnablement sombre illustrant assez bien le chant lexical anthropophage du groupe pour s’encastrer dans la première piste intitulée « Hundred Eyes » que j’ai trouvée assez lisse et quelque peu répétitive que ce soit dans son chant ou dans la programmation de la boite à rythme. Il faudra attendre « My Darkest Hour », la cinquième piste plus jazzy/groovy/spéciale pour atteindre un morceau qui casse le rythme du trop plein de blast gratuit (putain j’aurais jamais cru dire ça de moi-même). Le réel problème de rythme dont souffre la galette est le résultat de l’utilisation de la boite à rythme qui saccage un peu tout le skeud.
Le son est déjà en lui-même un problème. Sur 12 pistes, ces vraies fausses cymbales ont très vite fait de te casser le crâne, quand bien même l’effort de les alourdir a été honorablement effectué depuis la démo. Bien conscient que ce choix facilite l’enregistrement et diminue les coûts, la BAR agresse l’écoute prolongée, nécessaire lors d’un exercice d’écriture mais dont pourrait pareillement jouir l’album pour le simple plaisir de l’écoute. Je la trouve bien trop lisse à mon goût également. Je ne doute en aucun cas que le batteur live puisse tenir ses lignes, ce qui signifierait que celui doit être monstrueux soit dit en passant, mais aucun feeling n’est ressenti ici. On tabasse, car on fait du Brutal Death, mais on n’en fout pas partout avec tact, la battouze devient accessoire et simple jeu de mathématiques. J’ai l’air orageux comme ça, mais le temps de la rythmique est quand même bien tenu, rassurez-vous.
Le titre « Diabolus Ex Machina » m’aura titiller malgré tout par l’utilisation de ses samples en décalage avec la musique. Néanmoins, ceux-ci couplés à la BAR ne font qu’appuyer cette impression synthétique palpable tout au long de l’album. Je reste fan des vieux Mortician avec leur BAR à outrance, mais ceux-ci avaient le côté hyper crade que je ne retrouve pas du tout sur Antropofago, c’est sans doute là où se fait la différence.
Encore une fois je dois applaudir le mixage de la basse qui est juste parfait. Jamais tu ne peux perdre la ligne de basse. Tu l’entends du début à la fin du skeud et sur certaines pistes elle vole carrément la vedette aux grattes. Je vais encore une fois citer « My Darkest Hour » en référence, un morceau qui m’a vraiment plus et qui est beaucoup plus ivol que les autres. Bien entendu les grattes ne restent pas en arrière plan pour autant, car elles gèrent bien à elles seules tout l’effet de composition du skeud. C’est leur rôle et elles le tiennent très bien. Assez technique dans l’ensemble, elles peuvent arborer une dimension de premier plan sur des pistes comme « Paranoid Visions » et asseoir l’auditoire. D’ailleurs, j’aimerais noter que ce dernier morceau de l’album voit son nom suivi de « part I » entre parenthèse, gageons donc de trouver la suite sur un prochain album. Il s’agit là peut-être de la future ligne éditrice d’Antropofago, qui sait ?! Cette piste quelque peu différente également suit une sorte d’interlude en guitare claire au bord d’un feu conté par je ne sais pas qui et je ne sais pas vraiment pourquoi non plus mais ouvrant sans doute à ce qui viendra dans un futur proche.
Je finirai ma chro en parlant du chant, dernière pièce de l’échiquier Antropofago. Celui-ci est assez brutal et sombre avec un ton guttural dans l’ensemble, assez Black Death. Il est de très bonne facture, je le trouve néanmoins un peu trop répétitif de manière générale. J’en prends pour exemple la première vraie piste où le chant est tellement répétitif avec ses « we are » quelque chose que j’en perds le courage de l’écoute prolongée. Par contre la pochette tue (fallait que je le foute quelque part).
En résumé, cet album d’Antropofago est un bon album mais n’est pas transcendantale. Non plus vraiment qu’il sente le réchauffer ou quoique ce soit du genre, comme c’est les 3/4 du temps le cas, mais juste il me manque un petit quelque chose pour y trouver mes marques. A chaque bonne idée j’y trouve autre chose de désagréable et je reste au final mitigé.
01 - Intro
02 - Hundred eyes
03 - Ghost in the closet
04 - Arachno
05 - My darkest hour
06 - Diabolus ex machina
07 - Wrinkled skin
08 - One more second
09 - Panic room
10 - Burnt alive
11 - Nightfall thoughts
12 - Paranoid visions (part I)