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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Klootzak

Bloodlust

LabelLegions of Death
styleHeavy / Thrash
formatAlbum
paysFrance
sortiefévrier 2011
La note de
U-Zine
6.5/10


U-Zine

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Back to roots !
Cette devise semble mise en exergue par une tribu de plus en plus importante de jeunes loups affamés depuis quelques mois, à tel point que la modernité en devient chez certains un signe de désuétude et d’opportunisme (tout comme, dans une moindre mesure, ce mouvement old school selon les points de vue).
Restera que cette envie farouche de revenir aux sources, de retrouver un feeling, une émotion et une sensation perdue parait amener de plus en plus de jeunes artistes à regarder derrière plutôt que devant pour proposer un matériel néanmoins « nouveau ».

Si Holy Grail a très récemment, dans le milieu d’un heavy mâtiné de thrash, offert une jolie petite perle avec son "Crisis in Utopia", les poitevins de Klootzak entendent bien enfoncer un clou déjà bien fixé pour redonner du mordant à une scène se perdant probablement dans son surplus actuel de mélodies et de sucreries baveuses à souhait. Dans ce contexte, le quintette français délivre un métal brut de fonderie, sans réelle subtilité mais une puissance agressive et pure, héritée des premiers Iron Maiden, Gamma Ray ou Manowar.
Superbement illustrée dans une veine très 80s, par un dessinateur ayant travaillé autant pour le merchandising de la vierge de fer que pour Gamma Ray (le monstre obscur, avec les yeux brillants n’est d’ailleurs pas sans rappeler les artworks des allemands), "Bloodlust" se distingue également par une excellente production, très rauque et analogique, suintant la sueur et le métal, enregistrée là où les récents efforts de Klone ou Mistaken Element furent produits.

"Seeds of Wrath" ouvre les débats sur un hurlement suraigu de Damien Giraud, vocaliste émérite qui, s’il s’intègre complètement dans le contexte musical, développe néanmoins une réelle personnalité, même si parfois assez proche d’un Eric Adams légèrement moins viril (ce serait offense au saint Dieu du métal que de prétendre le contraire !). Les soli, très mélodiques et constamment soutenus par des rythmiques très Accept dans l’esprit, évoquent parfois la maestria créative d’un Dave Mustaine qui éviterait, pour une fois, de caser de manière trop proéminente ses soli.
Il ne va pas sans dire qu’un morceau comme "The Plotters", plus malsain et cru, ne puisse que rappeler la période la plus crade de Megadeth (à savoir celle de "So Far, So Good, So What… !"), que ce soit dans les riffs plus directs et simples, presque minimalistes ou les vocaux plus torturés et variés, passant de hurlés aux chœurs en allant du côté d’un chant plus tourmenté (pas totalement maitrisé cela dit, Damien manquant parfois d’un certain contrôle dans son vibrato, provoquant quelques embardés pas forcément volontaire). Il s’essaie par exemple, sur l’excellent (le meilleur morceau de l’album ?) "Blasphemy" à des vocaux narratifs et contemplatifs, collant parfaitement à l’ambiance lourde et orageuse avant qu’un riff vicieux ne vienne agresser l’auditeur de plein fouet. On saluera la prise d’initiative et les idées, qui, si elles ne sont pas toujours menées à bien (cette narration évoquant les débuts d’Edguy avec le morceau fleuve "The Kingdom" par exemple), empêchent néanmoins le groupe poitevin de tourner en rond dans un genre il est vrai battu en brèche de long en large.

On ressent une grande ferveur du groupe pour ce genre si pur et direct, n’ayant ici pas changé en trois décennies et souffrant autant d’un manque criant d’originalité que de la fraicheur (paradoxal non ?) de réentendre un jeune combo jouer comme nos dieux actuels le faisaient lors de leurs vertes (et éloignées) années. On retrouve par exemple sur "Mordor" des leads mélodiques restant ancrés dans l’esprit comme à l’époque des classiques aujourd’hui trop nombreux pour tous les citer (à noter que ce morceau a été composé par un professeur de guitare poitevin ne faisant pas parti du groupe mais ayant signé bon nombre de textes également du disque). Une ambiance proche de "Stranger in a Strange Land" de Maiden se fait ressentir dans les lignes de basses, même si les très nombreux soli apportent un aspect bien plus sale à l’ensemble, qui, en live, prendra probablement une énorme ampleur (particulièrement lors d’un refrain taillé pour être repris en chœur par le public).

Klootzak, tout en souffrant de quelques maux forts logiques vu son jeune âge (malgré une création datant de 2003 et de multiples changements de line up), surtout un son de batterie très (trop) en retrait et manquant immanquablement de puissance (les guitares écrasant un peu le mix). La compacité de l’album (seulement quarante deux minutes) en fait un opus très facilement digérable (et se terminant sur un hymne éponyme power à la Grave Digger) mais qui, immanquablement, devra se varier à l’avenir pour attirer un peu plus l’attention sur lui. Car il est très clair que si la musique des poitevins sera destructrice en live, elle souffrira d’un manque inhérent d’intérêt s’il reste trop longtemps dans ce qui ressemble parfois à un tribute aux années d’or du métal traditionnel.
Mais pour le moment, il est tout à fait nécessaire (c’est un conseil) de se délecter de cet album tout ce qu’il y a de plus sympathique et frais, de préférence avec une bière et à fort volume. Vous verrez, vous allez rajeunir…

Back to Roots…

1. Seed of Wrath
2. Hell vs Heaven
3. Into the Arena
4. The Plotters
5. Blasphemy
6. Blood of My Olders
7. Way to Battle
8. Mordor
9. Bloodlust