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La route vers une carrière musicale peut parfois se révéler tortueuse pour les jeunes groupes : entre difficultés d’allier son job à un investissement conséquent dans la musique, problèmes pour se faire connaître au milieu d’une offre qui a connu une croissance exponentielle avec l’arrivée d’internet… ou tout simplement volonté de prendre son temps. Les raisons expliquant qu’on ait jamais entendu parler d’un groupe pourtant talentueux après pas mal d’années peuvent être nombreuses. A vrai dire, je ne sais pas pourquoi Dawn Of Decline (à ne pas confondre avec les Danois de Dawn Of Demise) n’en est qu’à sa première sortie, qui plus est un EP 4 titres, plus de 6 années après sa formation. Car du talent, le groupe parisien en a à revendre, et dans un style finalement trop peu représenté dans l’hexagone : le death metal technique.
Tous les ingrédients du bon album du genre sont représentés : une basse bien mise en avant (peut-être même un peu trop), de la technicité, des riffs façon « cyber-death metal », quelques soli bien sentis… A la manière d’un Gorod, le groupe se veut très technique et groovy tout en conservant une base assez brutale (le début assez bourrin de « Burning In The Sea »). D’ailleurs, autre point commun avec Gorod : le chant de Toinn, vraiment réussi, est pour beaucoup dans le côté violent de « Kingdom Of Madness ». Son timbre fait penser à celui de Wilfried (Outcast) quand il growle, et Stéphane Souteyrand (Yyrkoon) lorsque les vocaux se veulent plus criards (enfin, on n’est pas dans les yells non plus). Autant dire qu’étant un gros fan d’Yyrkoon, cette voix me rappelle de bons souvenirs, et elle colle parfaitement à la musique des Parisiens. Mais les similitudes avec le groupe Bordelais s’arrêtent là, puisque Dawn Of Decline intègre également une dose de thrash dans sa musique, la rapprochant par moments au niveau des riffs des dernières productions de Destinity. Cette alchimie dans les passages violents entre riffs à la Psycroptic et mélodies « à la Suédoise » est intéressante, et permet à Dawn Of Decline d’avoir son propre style, servi par des musiciens qui n’ont rien à envier à de nombreux groupes niveau technicité !
Mais la technicité ne fait pas tout, et durant les 18 minutes de musique qui nous sont proposées, on ne peut être qu’agréablement surpris par la qualité de composition de cet EP. Par exemple, le riff principal du morceau-titre « Kingdom Of Madness » est fort bien pensé, et nous reste en tête aussi bien que celui d’un « Ob(Servant) ». On est aussi surpris par la qualité de « Lost In Time », qui débute de manière agressive jusqu’à un break à 1’17 : à partir de ce moment, le morceau devient vraiment épique, on sent une montée progressive en puissance jusqu’à ce passage mémorable où la musique du groupe atteint son point culminant ; Nico, le guitariste, nous faisant une fois encore profiter de sa qualité de soliste. Terriblement inspiré et accrocheur, « Lost In Time » est une tuerie qui justifie à elle seule l’achat de ce 4 titres ! N'hésitez pas à jeter une oreille sur le MySpace du groupe ou sur leur site, qui propose l'intégralité de l'EP en écoute!
Pour varier les plaisirs, les Parisiens savent aussi calmer le jeu : « Call Of Utopia » en est le parfait exemple car si quelques blasts surviennent au départ, la mélodie finit par se montrer tranquille, apaisante (celle du refrain est très belle, et ajoute un côté assez onirique à la musique de Dawn Of Decline) et crée un contraste avec les vocaux toujours growlés, à la manière de Decrepit Birth.
Il n’y a donc vraiment pas de quoi s’ennuyer avec « Kingdom Of Madness », dont le seul défaut apparent viendrait pour moi de la production réalisée au Tower Studio (Devin Townsend Project, Cynic, Sacred Reich…). Pas mauvaise en soi, elle permet de distinguer chaque instrument et se révèle assez puissante… mais n’échappe pas aux défauts inhérents à beaucoup de productions dans le death technique : la batterie sonne un peu trop synthétique, et s’il est toujours bon d’avoir une basse bien mise en avant, je trouve que dans le cas présent c’est même un peu trop…
Rien de bien méchant ceci dit, ça ne nous empêche pas de prendre notre pied ! Après écoute, on en voudrait même encore plus, beaucoup plus… 18 minutes, c’est court ! Il ne reste plus qu’à espérer que Dawn Of Decline saura montrer ses qualités au plus grand nombre, car voilà un talent qui se cache depuis trop longtemps ! J’attends avec impatience le premier véritable album du groupe.
1. Kingdom Of Madness
2. Call Of Utopia
3. Lost In Time
4. Burning In The Sea