U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !
Les groupes de Progressif en France ne sont pas légions. Qui peut me citer des groupes, autre que Kalisia et Demians, à avoir eu un minimum d’impact à l’étranger (Vous pourriez citer E.N.D. ou encore Hacride mais ils jouent dans un genre vraiment à part) ? C’est dans ce contexte que Wittey Alley, nous venant de Poitiers, sort son premier EP, Some Kind Of Wit. Il y a des places à prendre parmi les fers de lances du genre en France, Wittey Alley saura t-il saisir sa chance ?
Entendons-nous bien directement, Wittey Alley est encore trop jeune pour pouvoir prétendre faire parti du peloton de tête. Pour citer le groupe : « Pourquoi se borner à une étiquette quand on peut passer librement d'un univers à l'autre... ? ». Le problème ici, c’est que n’est pas Between The Buried And Me qui veut. Le groupe a tendance à disperser l’auditeur avec des enchaînements pas toujours maîtriser (notamment entre les parties instrumentales et le retour des couplets et refrains comme sur « Heartquake »). Mais s’il y a un gros problème sur cet EP, c’est bien que les influences ne sont pas encore digérées. Il est difficile à l’écoute de Some Kind Of Wit de trouver une vraie touche Wittey Alley. On a plutôt tendance à se dire : « Tiens ce passage là, c’est du Dream Theater! Tiens celui-ci, c’est du Freak Kitchen! Oh, les arrangements sur les voix sur « Down In Me » font penser à ceux de Pain Of Salvation! » Parmi les autres noms à citer, il y a Extreme, Symphony X ou bien encore le vieux Genesis, période Peter Gabriel voire même Testament.
Quoi que j’en dise au dessus, Wittey Alley a un minimum de bouteille derrière et n’a absolument rien d’un groupe amateur. Il suffit de voir comment le son et les arrangements sont léchés. Le son d’une foule en délire renforce un coté « je t’en fous plein la gueule pour pas grand chose ». Justement, aussi débordants d’humour, de mise en scène et d’ambition, j’ai du mal à imaginer Wittey Alley sur une petite scène lors d’un concert pour se faire la main. En effet, ambitieux, c’est bien le mot qui revient quand on écoute Some Kind Of Wit. Cela ne semble, d’ailleurs, pas trop large pour les Poitevins qui dans l’ensemble ont bien compris ce qu’il fallait pour avoir un succès rapide.
Il faut déjà du talent et ça le groupe n’en manque pas. A commencer par Julien, le chanteur, au panel assez large. Son registre principal est une voix rauque capable de montrer très haut à la Russel Allen (Symphony X), il peut aussi sur les parties les plus oppressantes s’approcher du registre du growl sans jamais pouvoir atteindre le niveau des meilleurs du genre. C’est au niveau des guitares que l’on retrouve les plus belles trouvailles. L’illumination ultime étant le riff principal de « Heartquake », une bombe Heavy qui n’a rien à envier aux plus grands noms du genre notamment sur sa reprise finale.
Wittey Alley a surtout compris qu’il fallait être catchy pour me mieux faire passer la pilule des compositions complexes et à tiroir. La musique groove déjà pas mal à la base avec des percées dans le Funk mais la force du groupe réside aussi dans ses refrains hautement entêtants. Cela en est même impressionnant de voir chez un groupe aussi jeune cette capacité à fédérer par ses refrains. Je pense que les touches humour et mise en scène n’y sont pas pour rien.
Mais alors pourquoi diable seulement une note de 6,5 ? Simplement parce que même si je n’en parle finalement assez peu, les défauts cités sont préjudiciables, d'autant plus pour du Progressif. Sauf que je suis un éternel optimiste et je me dis qu’avec un peu plus de travail et d’expérience, quand Witty Alley va sortir son premier album, on va en entendre parler et ça risque de faire très mal. En tout cas, j’en attends beaucoup.
1. The Lion's Gate
2. Who Do You Think You Are ?
3. Easy Nikky
4. Down On Me
5. Heartquake
6. Don't Give Up