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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

The Austrasian Goat

The Austrasian Goat

LabelI Hate Records
styleFuneral Black Metal
formatAlbum
paysFrance
sortieavril 2007
La note de
U-Zine
9/10


U-Zine

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Petit bouleversement de la scène Funeral Black, le one man band Français The Austrasian Goat a fait saigner les tympans et lacéré les cœurs en 2007, avec son premier méfait, le sobrement intitulé The Austrasian Goat.

Un obscurantiste split unissant Julien Louvet, tête pensante du bouc Austrasien, et les contestables The Dead Musician laissait entrevoir un avenir prometteur pour le multi-instrumentiste, et le full-lenght qui suivra la même année comblera nos attentes.

Le Funeral Black, ou, pour les puristes dénicheurs de vice de forme, Blackened Funeral Doom, au-delà de son incontestable hermétisme, a par définition largement de quoi satisfaire aux exigences des amateurs de metal extrême.
La pesanteur aliénante des riffs du plus radical des Doom couplée aux émotions intenses d’un Black Metal haineux s’avère détonant, profond, abyssal.

Pour autant, sa mise en pratique est un exercice délicat en ce qu’il ne souffre d’aucune demi-mesure. En cela, vous aurez rarement l’occasion d’écouter un Funeral Black moyen. Vous entrez dedans, vous le ressentez et vous vibrez, ou ça vous titille à peine le palpitant et vous conduit à vous faire royalement chier.
The Austrasian Goat, et merci à lui, fait honneur à la scène hexagonale, décidemment talentueuse en accouchant d’un éponyme remarquable en tout points.

Tout d’abord par sa propension à surprendre et à se diversifier. Passé un morceau introductif somme toute assez convenu quoique réussi, The Austrasian Goat ne se contente pas de reforger à son image des bases musicales solides et éprouvées. Il les façonne, leur donne des courbes, du relief, et fini par accomplir le tour de force d’allier atmosphères pachydermiques, lenteur austère à la diversité musicale, en multipliant des aspérités tranchantes comme des lames de rasoirs ou des rondeurs atmosphériques, parfois plus synthétiques, plus douces et moins incisives pour l’oreille mais tout aussi abyssales.
Car si le one-man band Lorrain ne néglige à aucun moment la recherche de musicalité, fil conducteur de l’œuvre, son maître bâtisseur n’a manifestement qu’un leitmotiv ici : plonger toujours plus bas, toujours plus profondément dans les ténèbres.

Spectrale, noyée sous une énorme distorsion grasse et obscure, la musique de The Austrasian Goat est compacte, dense et rempli parfaitement son office. Les émotions sont intensément ressenties, la Haine brute assénée à la modernisation dévastatrice des sociétés dites civilisées est palpable jusqu’au dernier soupir des guitares, jusqu’au dernier hurlement d’un Julien Louvet impliqué jusqu’aux ongles dans sa création.

Ethéré et pourtant si asphyxiant, The Austrasian Goat traverse ses 42 minutes avec une cohérence presque indécente, se fendant même d’une, n’ayons pas peur des mots, extraordinaire reprise de I Hate the Human Race, des ricains talentueux de Grief, parvenant non seulement à surclasser l’originale, mais aussi à l’intégrer avec brio dans un genre musical qui ne s’y prêtait pas ou très peu.

Un bloc massif et dense soutenu par une tension émotionnelle et mélancolique de tout instant, la plainte hurlée sur cet album glace le sang, assassine, saisit celui qui prête son écoute, l'étreint avec virulence au ventre, pour ne le relâcher qu'à la toute dernière seconde du disque.

Si l'étouffement devait exister sur un disque, ce serait sur celui-ci. Un must have pour les amateurs du genre, qui verront en lui l’un des meilleurs de sa catégorie. Les autres, prière de rester dans la lumière.


1. Pyre Without Flames
2. Embrace A Green Distress
3. The Banks Of The Shadow's River
4. The Fall Of Everything
5. I Hate The Human Race (Grief cover)
6. Silence Is Weapon
7. Black Is Not A Colour
8. River And Fog
9. Unchained