
Human Impact + Maquina @ Paris
Petit Bain - Paris

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse
Pour entamer sa tournée européenne, Human Impact a choisi Paris et son Petit Bain. Venus défendre Gone Dark, leur second album, les légendaires Chris Spencer (Unsane) et Jim Coleman (Cop Shoot Cop), accompagnés de Jon Syverson (ex-Daughters) et Eric Cooper (Made Out of Babies, Bad Powers), ont embarqué avec eux les Portugais de Maquina. Une soirée organisée par les bons soins de Cerbère Coryphée, toujours présent pour proposer des plateaux pointus et d'excellente facture.
Maquina
Maquina est une totale découverte pour moi ce soir, et le trio développe pas mal d'arguments qui font mouche. Quelque part entre le krautrock et des sonorités plus indus ou électro, le combo de Lisbonne développe des titres plus ou moins monoriffés le long de vastes mouvements en crescendo/decrescendo. C'est la basse qui se charge du riff, la guitare, elle, aidée par un pédalier plein de ressources, cherche à distiller des intentions bruitistes et grinçantes pendant que la batterie nous guide dans les montées et les descentes. Le chant est assuré par le batteur (à la moustache très zappaïenne) qui est également en charge de toute la partie électronique des compositions. Un chant qui, passé au filtre d'une saturation électronique, ne laisse guère comprendre les paroles. Mais l'essentiel n'est pas là : Maquina est un groupe qui vous embarque dans ses drôles de boucles un peu absurdes, avec une touche de dérision tout à fait rafraichissante, et qui est capable de plonger une salle entière dans une transe hypnotique. Et c'est exactement ce qui se passe ce soir : le public suit le trio dans son délire au psychédélisme un peu punk dans l'esprit. Bref, une mixture savoureuse, tout en mélange des genres, aussi plaisante que difficile à décrire.
Human Impact
Pas évidente à décrire, la musique de Human Impact l'est tout autant. À la croisée des relents noise rock d'Unsane et de l'approche indus de Cop Shoot Cop, Human Impact fait cohabiter organique et synthétique dans sa production. Les New-Yorkais entament le set avec « Collapse », et on est immédiatement plongé dans cette urbanité paradoxale que parvient si bien à faire ressentir le groupe : menaçante, sale et claustrophobe, mais, par ce fait même, source de création et de sublimation. Spencer et Coleman, chacun sa casquette noire vissée sur le crâne, occupent respectivement la droite et la gauche de la scène, tandis que Cooper et son physique massif et tonique se place entre eux. Le son est impeccable, basse et guitare ronronnent à merveille sans écraser les effets et les nappes des claviers. Et bien sûr, Syverson derrière les fûts déroule ses rythmiques syncopées avec un jeu tout en nuances, notamment dans les attaques sur les toms. La setlist est un patchwork des deux albums du groupe, qui bien que différents, se font très bien échos : à l'approche davantage parlée du chant de Spencer sur le premier album répond son phrasé plus classique venu des titres de Gone Dark. « Only Pain », morceau d'Unsane, avec son riff tout en rechute, trouve même sa place dans le concert, avec une approbation très nette du public. En termes de mise en scène, le groupe se paie juste le luxe d'un écran sur lequel défilent les maux de la société : image de villes détruites, de catastrophes climatiques, des ravages du fentanyl sur les populations précaires, le tableau dressé n'est plus un avertissement, mais un constat. Et il n'est pas positif, l'euphémisme est appuyé.
Setlist de Human Impact :
01.Collapse
02.Hold On
03.Destroy
04.Reform
05.Imperative
06.Only Pain
07.E605
08.Corrupted
09.Recognition
10.Contact
11.Lost All Trust
12.Sparrow
13.Genetic
14.Disconnect
Rappel
15.November
Étrangement, lorsque Human Impact a conclu son set avec un rappel sur « November », premier titre du premier album, la salle s'est un peu vidée. Peut-être une partie du public était-elle venue pour le spectacle un peu déjanté et loufoque de Maquina. Mais ce qui est certain, c'est que la part restante en cette fin de soirée était acquise et conquise à ce condensé de la scène noise new-yorkaise qu'est Human Impact, et que le quatuor assure les promesses d'un live bien rugueux que donnaient à voir les albums studios. Notez que la tournée s'achèvera également en France, à la Rodia de Besançon, et qu'il n'y a que des bonnes raisons d'y aller !
Un grand merci à Rosie de Rarely Unable pour l'invitation ! Et à Cerbère Coryphée pour avoir rendu possible cette date.