
Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
Simon : Séquence rétrospective avec le troisième album de Dvne sorti il y a tout juste un an, à l’approche de leur deuxième leg européen pour Voidkind.
Petite pépite de composition et d’orchestration sortie en 2021, Etemen Ænka avait fait son effet, révélant toute la richesse de la palette des Écossais. Après une date remarquée au Hellfest 2023, la bande ouvre un nouveau cycle avec Voidkind, leur troisième album, à la pochette tout aussi soignée que la précédente, cette fois signée par Felix Abel Klaer. Les inspirations de l’illustrateur coïncident avec celles du groupe : science-fiction, fantasy, jeux vidéo (Elden Ring en tête), sans se limiter à l’œuvre de Frank Herbert. Pour cet opus, Dvne esquisse une intrigue tournée autour de l’émergence d’une religion en quête d’expansion et de trésors sacrés. Une toile de fond sophistiquée avec des paroles imagées et mystiques qui embellissent un lore plutôt que de donner toutes les clés narratives.
Derrière l’écrin élaboré, la musique reste centrale dans l’œuvre de Dvne. Le groupe propose toujours un mélange sludge prog rentre-dedans, dès les premières notes explosives de « Summa Blasphemia ». La production accentue la lourdeur des guitares acérées, sans sacrifier les ornements orientaux qui parsèment l’album dans les riffs et les mélodies. Le groupe calme le jeu sur de belles ambiances gracieuses comme sur « Eleonora » et « Reliquary » (« Sweet penitent, intone thine chants, bless these pale hands »). Les voix sont un point d’amélioration majeur sur ce disque : le Français Victor Vicart soigne son chant clair d’album en album. D’entrée, « Reliquary » voit un excellent duel hurlé entre les chanteurs Victor Vicart et Daniel Barter, l’un plus écorché et l’autre plus caverneux. Pour nourrir davantage les ambiances, le line-up s’est étoffé avec le claviériste Maxime Keller (un autre Français, passé par Déluge), alors que les nappes sonores étaient auparavant enregistrées par le guitariste-chanteur.
Difficile cependant de passer après Etemen Ænka, qui faisait la collec’ de « climax » et cumulait les moments de bravoure piste après piste. Dvne a fait le choix de morceaux plus concis (toutes proportions gardées, car les compositions restent denses), au lieu de titres de neuf minutes aux riffs en apothéose mûrement introduits par des progressions épiques. Si les riffs foudroyants de « Sarmatæ » n’atteindront pas le panache d’un « Omega Severer », on retrouve toutefois ce souffle sur le final d’ « Abode of the Perfect Soul », intense et mélodique, et le démentiel « Cobalt Sun Necropolis » qui termine le disque dans une tempête de sable emportant le son dans son sillage (très bel effet de dégénérescence ou saturation catastrophique). On notera la particularité de « Plērōma », plus easy-listening avec ses couplets accrocheurs aux guitares mélodiques qui rappelleront les tubes pop punk de votre adolescence, jusqu’à son final lumineux et puissant, même transcendant. Une direction audacieuse qui offre toutefois un vent de fraîcheur au milieu d’une suite de titres accablants. Oasis dans le désert ou véritable mirage ?
Ce troisième album de Dvne est moins fluide que son illustre prédécesseur, mais il réussit brillamment sa conclusion avec un dernier tiers haletant. Les (Franco-)Écossais continuent leur exploration en apportant toujours plus de richesse à leur univers fantastique et à la scène sludge.
- Summa Blasphemia (5:27)
- Eleonora (8:46)
- Reaching For Telos (5:21)
- Reliquary (7:45)
- Path of Dust (1:27)
- Sarmatæ (4:28)
- Path of Ether (1:29)
- Abode of the Perfect Soul (7:27)
- Plērōma (5:59)
- Cobalt Sun Necropolis (9:55)