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lundi 3 mars 2025

Green Lung + Unto Others + Satan's Satyr @ Paris

Trabendo - Paris

Di Sab

Après une claque au Hellfest 2024 et un album ambitieux, je suis désormais en paix avec Green Lung. Moi qui avais eu du mal à comprendre la hype Woodland Rites et trouvé que le groupe n’avait pas confirmé avec Black Harvest, je suis aujourd’hui content de voir pour la première fois les Anglais défendre This Heathen Land en club. Est-ce le prix prohibitif (32€ pour un Trabendo on commence à friser le débile) ou la concurrence du soir (Tribulation à la Maroquinerie, Marduk à la Machine, et Kvelertak au Cabaret sauvage) ? En tout état de cause, alors que je m’attendais à un sold out, c’est dans un Trabendo où l’on circule encore aisément que débarquent

 

Satan's Satyrs

Si vous êtiez déjà auditeur de musiques grasses circa 2014, vous avez peut-être déjà croisé le nom de Satan’s Satyrs, dont le jeune leader Clayton Burgess était bassiste au sein d’Electric Wizard, un groupe dont il était fan avant d’être membre et dont il partageait les obsessions. Satan’s Satyrs, son projet personnel, puise aux mêmes sources qu’Electric Wizard mais propose quelque chose de radicalement différent. Bercés par Blue Cheer, le MC5 et les Stooges, Satan’s Satyrs officie dans une espèce de proto punk tout aussi bancal que brutal. Die Screaming, le premier album, fait partie de mon panthéon personnel et sans leur présence à l’affiche, pas certain que j’aurais bravé les derniers froids de février. En tout état de cause, on retrouve sur les planches ce qui fait le charme du groupe : une attitude jusqu’au-boutiste, un je ne sais quoi de naïf (« cette chanson parle de se promener dans les cimetières ») et une volonté d’en découdre. Alors ok, aucun d’entre eux ne sort de la fac de musicologie mais ce cri de rage sincère bien qu’un peu suranné me touche. C’est devant une indifférence polie que Satan’s Satyrs me régale. En espérant une date en club prochainement avec un public plus impliqué.

Unto Others

Je déteste Unto Others. Ce n’est pas la peine de s’étendre sur le pourquoi du comment, je n’ai jamais été happé par leur espèce de heavy gothique qui m’apparaît, dès Mana, comme une pâle copie inintéressante d’In Solitude. C’est donc forcément assez circonspect que je vois un sosie contemporain de Blackie Lawless débarquer sur scène avec ses aviators et enchaîner pendant 1 (!!!) heure des titres plus ou moins accrocheurs. Alors tout n’est pas à jeter, les « Nightfall » et « Jackie » envoyés en début de set permettent au public d’assez vite rentrer dans le concert et manifestement le groupe a ses fans. Et, pour être honnête, si ce n’est l’écriture que j’ai toujours trouvé assez pauvre voire téléphonée, le groupe est généreux, professionnel, a bénéficié de conditions techniques optimales et a donné un concert qui a sans doute ravi les aficionados. Mais à titre personnel, j’ai trouvé le tout trop long, l’esthétique ne se prêtant pas, à mon sens, à des sets aussi allongés et après une reprise ultra dispensable de « Pet Sematary » et un « Give me to the Night » qui fait figure de tube, je sors en ayant la confirmation que pour l’instant, Unto Others n’est pas pour moi.

Setlist :
Butterfly
Momma Likes the Door Closed
Nightfall
Fame
Jackie
Double Negative
Suicide Today
Raigeki
Why
It Doesn’t Really Matter
Can You Hear the Rain
Heroin
When Will God's Work Be Done
Time Goes On
Flatline
Pet Sematary
Give Me to the Night
Dragon, Why Do You Cry?

Green Lung

Fin des années 2010, après quelques belles années, qui ont vu des groupes avoir une ascension fulgurante, le stoner / doom / heavy psych s’apprête à rentrer dans une époque plus morne. Une hype qui décroît, un public qui se réoriente et surtout, moins de sorties marquantes. Mais avant cet hiver dont nous sommes en train de sortir lentement, un groupe d’Anglais sort un album qui a circulé immédiatement. La hype Green Lung commence dès Woodland Rites avec un doom très directement influencé de Sabbath au sens large (le riffing de l’époque Ozzy combiné à une légère dimension épique qui vient de Dio). Un peu indifférent de base, je me retrouve conquis par leur nouvelle formule développée depuis This Heathen Land où on sent que le groupe a cherché à combiner ambiance gloomy et écriture très sing along. L’approche peut être comparée à Ghost, et les ambitions doivent être les mêmes : franchir un cap.

Et ce soir, Green Lung est en démonstration : décors de scène et surtout un Tom Templar extrêmement mobile, avec une gestuelle calquée sur celle de Dio (à base d’une corne toutes les 2 minutes) mais qui permet d’emmener le public avec lui. La façon de construire le concert est extrêmement bien faite : un « Woodland Rites » très heavy, impressionnant avant le premier tube « Mountain Throne ». Par la suite, le groupe alterne entre les phases très catchy du dernier album et les titres plus doom des précédents. Le seul bémol provient de la chanson « Song of the Stones », une power ballad assez plate qui, à l’inverse de celles de Ghost, a tendance à ennuyer plutôt qu’à émouvoir. En fin de set, avant les rappels, la triplette « Hunters in the Sky », « Forest Church » et « Maxine » est indubitablement le moment fort du concert et permet de constater à quel point le dernier album a été bien accueilli et est connu du public présent ce soir. En dehors du chanteur, les musiciens sont mobiles et impliqués et s’inscrivent dans cette volonté de proposer un show des plus professionnels qui leur permettrait de jouer dans la cour des grands. Par rapport aux autres groupes de doom et affiliés, Green Lung propose un contenu très calibré et plutôt lisse. Cette orientation artistique peut décevoir voire agacer, il est en effet assez facile de trouver cela un peu aseptisé et mécanique mais il faut être réaliste : cela fonctionne. En fin de concert, « Let the Devil In » rappelle au public qu’au-delà du dernier album, Green Lung possède son titre fédérateur qu'il sera difficile de détrôner au fil de leur carrière.

Avec des dates dans la plupart des festivals européens d’été, Green Lung poursuit son objectif qui consiste à conquérir des fans de metal au sens plus général du terme et de sortir de la scène doom qui les a portés initialement. Pour cela, des compositions plus easy listening, et des concerts travaillés. Les puristes peuvent rechigner mais, après ce soir, difficile de ne pas reconnaître aux Anglais de réelles qualités musicales et artistiques. A titre personnel, je suis curieux de voir jusqu’où ils iront.

Setlist :
Woodland Rites
Mountain Throne
The Ritual Tree
Reaper's Scythe
Templar Dawn
Song of the Stones
The Forest Church
Hunters in the Sky
Maxine (Witch Queen)
Graveyard Sun

Rappel :
The Harrowing
Old Gods
Let the Devil In
One for Sorrow

***

Merci à Live Nation pour l'invitation