Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse
Toujours mené par Chris Spencer (Unsane) et Jim Coleman (Cop Shoot Cop), Human Impact a vu son line-up quelque peu modifié depuis la sortie du premier album : Phil Puleo et Chris Pravdica, pris par leur engagement dans Swans, s'en sont allés, remplacés par Jon Syverson (ex-Daughters) et Eric Cooper (Made Out of Babies, Bad Powers). Malgré ce changement de line-up, la formation demeure le rassemblement d'énergies venues de la scène New-Yorkaise et, surtout, une bande de potes talentueux qui se fréquentent depuis des années, frayant dans le milieu noise rock et les sonorités rugueuses. Bien entendu, ces accointances musicales se font de nouveau sentir sur ce second album, toujours chez Ipecac Recordings.
Guitare abrasive, batterie lourde et chant éraillé : les premières secondes de « Collapse » nous replongent directement dans le creuset brûlant que proposait le groupe en 2020, la bande son d'une cité écrasée et bouillonnante, maintenue sous pression par la force coercitive. Gone Dark sonne même plus énervé que son prédécesseur, plus hargneux et massif, avec une texture sonore plus épaisse. La basse, tenue par Eric Cooper, est ronflante à souhait et déroule au kilomètre une crasse de caniveau qui rappelle davantage Unsane. Mais on reste dans une intention moins frontale et punitive que la légendaire formation de Spencer, avec l'aspect très indus qu'apportent Coleman et ses machines électroniques. Cette couche de sonorités synthétiques est à la fois discrète et centrale : dans le mix, signé Andrew Schneider (Ken Mode, Cave In), les claviers et autres arrangements parviennent à rester légèrement en retrait tout en habillant, en enrobant l'ensemble, à la manière d'un brouillard tenace. Le résultat est ce mélange difficile à décrire de fournaise froide : le feu corrosif de la guitare et la basse se déploie dans la froideur presque austère des machines.
Je le soulignais plus haut, ce deuxième effort est plus teigneux que l'album éponyme. Spencer recourt plus à son registre hurlé typé Unsane qu'au parlé-chanté qu'il utilisait sur le premier opus, et montre qu'il a toujours de la colère agressive en stock. Des titres comme « Reform » ou « Lost All Trust » font toujours la part belle au groove syncopé, mais avec une intention plus proche du défouloir. Le jeu de batterie de Syverson apporte une énergie à la fois plus lourde et plus envolée, avec sa frappe de caisse claire sévère et son jeu imprévisible sur les toms. D'une manière globale, Gone Dark propose une musique plus viscérale que le premier album, mais conserve un ton désabusé avec ces couches d'effets électroniques. Le noise rock prend le pas sur l'aspect indus, même si une intro comme celle de « Repeat » pourrait me faire mentir.
Toujours dans une zone pas évidente à décrire, ce second album de Human Impact confirme que Spencer et Coleman ont su développer un langage musical commun, après avoir tracé leur route en parallèle pendant trente ans. Plus agressif et plus hargneux, tout en parvenant à conserver son aura de froideur un peu clinique, la recette Human Impact fait à nouveau mouche et sera sans aucun doute une belle mandale en live.
Tracklist de Gone Dark :
01.Collapse
02.Hold On
03.Destroy to Rebuilt
04.Reform
05.Imperative
06.Disconnect
07.Corrupted
08.Repeat
09.Lost All Trust