Punkach' renégat hellénophile.
Si je recommande régulièrement les sorties de Godz ov War Productions, c'est parce qu'elles font bien souvent la part belle à un black metal bizarroïde qui part dans tous les sens ; des projets comme Biesy, Zmarłym, ou encore les deux premiers albums de Gruzja, pour citer ce qui me tient à cœur. Des groupes qui apportent une grande bouffée d'air frais dans la scène polonaise, qui mérite, certes, sa réputation, mais a aussi bien failli se faire enfermer dans ces propres clichés – des paganeries malsaines jusqu'à, plus récemment, le port de la cagoule. On y reviendra.
Mais tous les groupes présents chez Godz ov War ne rentrent pas dans cette case, aussi foutraque qu'elle soit, ça serait trop facile. Comme ce Zørza, dont Hellven constitue le premier album, et qui opère moins sur les avant-gardes polonaises qu'au sein de ce qui est devenu le corps de bataille de la scène nationale.
À savoir un black metal aux riffs entêtants soutenus par une batterie implacable, des compositions froides servies par une voix sèche en retrait qui éructe ses lignes comme autant d'anathèmes... Bon, on l'aura compris, sur des pistes telles que « Death II » ou « The Crown with Silver Thorns », c'est l'ombre de Mgłaqu'on sent planer. Or, si les cagoulés de Cracovie ont eu un impact indéniable sur le renouvellement de la scène black metal lors de la décennie passée, cela fait quand même quelques années que « faire du Mgła » est devenu un gimmick pour le moins pénible, repris par de nombreux groupes en manque d'identité propre. Sauf que ça n'est absolument pas le cas ici. D'abord parce que Zørza s'applique à offrir des compositions de très bonne facture, dans une démarche sans doute bien plus sincère que chez de nombreux clones encagoulés, et ensuite parce qu'il n'y a pas QUE ça. Le groupe infuse des éléments de post-black dans sa musique, qui d'ailleurs se font bien plus présents dans la seconde partie de Hellven, et éloignent ce spectre sorti du brouillard et devenu un peu trop mainstream.
La guitare se fait plus présente, se permet quelques soli, et l'ambiance plus moderne qui s'installe avec « Danse Macabre » n'est pas pour me déplaire, d'autant que le groupe sait y faire avec ses longues pistes instrumentales – ce qui n'est pas donné à tout le monde. Plus surprenant, Hellvense termine sur une reprise de « Journey to the End » de Windir. Un solide morceau d'un groupe que j'adore, mais qui jure peut-être un peu sur un album qui joue, certes, sur deux tableaux, mais restait quand même dans des chapelles modernes, et en tout cas assez éloignées, musicalement parlant, du black folk et volontiers mélodique du regretté Valfar. Mais on ne boudera pas l'hommage pour autant.
Ce premier album de Zørza, s'il ne bouscule pas autant que certaines sorties de Godz ov War, offre une recette qui fonctionne, composées avec quelques épices éprouvées, mais qui s'avère ainsi plus savoureuse que certaines expériences dont on serait bien en peine de définir la saveur. C'est du très bon black metal polonais moderne, et parfois, il n'en faut pas plus pour se sentir rassasié. Personnellement, j'attends le prochain service.
Setlist
Western Forest Rites
Night of the Werewolf
Death II
Lunacy of Memories
The Crown with Silver Thorns
Zørza II
Danse Macabre
Under the Reign of Black Moon
Journey to the End (Windir cover)