Non.
En 2017, sortait Persona Ingratae. Absolument inconnu sur le roster Iron Bonehead, le projet allemand Rope Sect ne se doutait peut-être pas que la tendance des fans de metal à aimer les musiques plus post-punk et ancrées dans les eighties allait perdurer encore quelques années, si ce n'est continuer de grossir.
Avec son concept désabusé, sa direction artistique précise et sévère, mais aussi des sonorités pas forcément déjà entendues ailleurs, il n'était pas surprenant que Rope Sect se fasse une place dans la scène des nouvelles musiques sombres, parfois difficiles à classer. Rope Sect continue de brouiller les pistes avec ce nouvel album, qui prend la suite des précédents 2 albums et 2 EPs. Il y a encore matière à découvrir de nouvelles facettes du projet ultra prometteur d'autrefois, alors que les habituelles lignes de basse et rythmiques qui rappellent les scènes post-punk, deathrock et coldwave, s'ouvrent vers des clins-d'oeil bien plus marqués rock, voire hard rock/heavy par moments. N'y aurait-il pas une petite vibe Wytch Hazel pleine de désillusion, par exemple sur « Massenmensch » et « Revel in Disguise », ou je vais trop loin ?
Pourtant, je n'ai pas encore évoqué le sceau si singulier du groupe... Car ce qui marque, généralement, à l'écoute de Rope Sect, c'est la voix. Tous ses projets (Prag 83, Fields of Mildew, Ghostwoods, Grinning God et maintenant NOX) sont marqués par son timbre de velours absolument envoûtant qui rendrait fou ou folle à peu près tout le monde. Une fois de plus, le sortilège est lancé et il est difficile de s'en défaire, surtout que ce n'est pas qu'une question de timbre particulièrement singulier mais aussi de maîtrise vocale car la précision de ses lignes est aussi à applaudir. L'osmose de son chant et des riffs rend vraiment certains titres entêtants au possible (« L'appel du vide », « Revel in Disguise »). Cela dit, il manque pour moi un titre plombant à la « Handsome Youth » ou « Filth in Every Smile » (issus d'opus précédents), même si l'objectif est clairement difficile à atteindre.
Pour le coup, je trouve que l'ajout de King Dude, en invité sur le dernier titre « Rope of the Mundane Love » apporte peu à l'album. En plus de trouver que leurs deux voix ne sont pas forcément complémentaires car elles ne s'accordent pas vraiment et renvoient des intentions complètement différentes, je crois que le dernier titre a tendance à me couper dans la lancée de mon écoute. En tout cas, il sonne vraiment « composé pour King Dude », ce que je trouve dommage car c'est lorsque revient le chanteur de Rope Sect que cela me remet dans le bain.
En bref, pas un album parfait mais un très bon album de Rope Sect qui n'a, de toute manière pour moi, aucun album parfait bien que tout soit convaincant. C'est bien la discographie entière qui assure la qualité de ce projet qui, pour le moment, préfère rester dans l'ombre malgré quelques apparitions live, trop peu nombreuses.
1. Revel in Disguise
2. Cesspool of Vice
3. Nefelibatas
4. L'Appel du vide
5. Mementote
6. Massenmensch
7. Hindsight Bias
8. Rope of the Mundane Love
