Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
Usuellement, quand on se lance dans une chronique d’un groupe comme celui-ci, il est difficile de ne pas revenir en long, en large et en travers, sur le contexte dans lequel il a été créé. Je vais naturellement vous épargner cette partie car tout le monde connaît les conditions dans lesquelles Slayer a mis fin à sa carrière et, également, le fait que Kerry King a toujours fait part de ses velléités de continuer la sienne, tout en glissant quelques missiles sol/air pour ses anciens collègues. C’est donc sans grande surprise que l’on a appris qu’il reviendrait avec un nouveau groupe portant son nom (l’égo, tout ça) ; c’est en revanche avec un petit peu plus de surprise que l’on a découvert l'intégralité du lineup all-star composé de Paul Bostaph (ex-Slayer, ex-Exodus, ex-Testament), Kyle Sanders (Hellyeah), Phil Demmel (ex-Machine Head et ex-Vio-Lence) et Mark Osegueda (Death Angel). Pas de Gary Holt ? Un choix de Mark Osegueda étonnant ? Dont acte.
Même si l’on a tous – globalement – été déçu par les derniers albums de Slayer, il y avait forcément une attente autour de ce nouveau projet porté par l’un des guitaristes les plus connus de la scène metal. Surtout eu égard à la reformation temporaire de Slayer et du contexte plein de drama. Et, autant le dire clairement et simplement, cet album est une grande déception. Je n’en attendais pas forcément grand-chose, et j’ai réussi à être déçu.
Sur un plan technique, pas grand chose à redire. La production massive et le son très moderne de l’album n’est pas pour déplaire, même s’il est certain que les amoureux d’un thrash plus brut et moins lisse auront déjà certainement un mot à dire à ce sujet. Kerry King est bien ancré en 2024 et fait clairement fi de la résurgence fréquente des sonorités et productions old school de ces dernières années. Si la basse demeure très discrète, le mix est par ailleurs particulièrement plaisant avec un son de batterie terriblement efficace et des guitares bien présentes.
Là où le bât blesse, en réalité, c’est côté composition. En dépit d’une prestation XXL de Mark Osegueda – que j’ai trouvé particulièrement en forme et dont la voix se marie à merveille avec ce son, même quand il mimique presque Araya comme sur « Where I Reign » –, le fait est que les titres ne laissent que très rarement un souvenir agréable et pérenne. Kerry King n’était pas en charge du gros des compositions chez Slayer et on comprend pourquoi. Les titres de Slayer étaient souvent excellents pour deux raisons : des riffs bien pensés qui restent ancrés dans vos oreilles (« Angel of Death », « Mandatory Suicide », « Dead Skin Mask »...) et des ambiances malsaines maîtrisées (« Seasons in the Abyss », par exemple). Ce From Hell I Rise manque malheureusement cruellement des deux. Si on enlève la dynamique « Residue », la puissante « Shrapnel », le travail des guitares sur « Trophies of the Tyrant » et le meilleur titre de l’album, « Toxic », avec son riff très réussi, le reste est très doucereux.
« Two Fists », « Tension », « Crucifixation » ou bien encore « Rage » prennent plus des allures de chutes de studios que de titres qui méritaient leur place dans un tel album. 13 titres dont 4/5ème sont des fillers, voilà le bilan. Et je passe sous silence le niveau des lyrics dont on attendait clairement mieux après 35 années de carrière. Cela rend un peu difficile la digestion quand on voit un lineup aussi talentueux et, encore une fois, un Mark Osegueda et un Paul Bostaph de gala. Et même lorsque le groupe tente de nouvelles choses, comme « Everything I Hate About You », très rentre-dedans, cela ne marche pas et sonne très générique.
En résumé, il n’y a guère de raisons de s'enthousiasmer à l'écoute de ce From Hell I Rise dont les compositions sont, on peut le dire, très faiblardes. Ce n'est ni un bon album de Slayer (si vous vous attendiez à cela), ni un très bon album de thrash. Ce ne sera clairement pas un moment marquant de la carrière musicale des membres du groupe, en dehors du story telling lié à la création du groupe et de la continuité d’une partie de l’héritage de Slayer. Difficile de sauver le soldat Kerry King sur ce coup, si ce n’est que l’on aura un grand plaisir à le revoir sur scène, pour écouter des titres de son ancien groupe et les quelques bons titres de cet album.
Tracklist :
1. Diablo
2. Where I Reign
3. Residue
4. Idle Hands
5. Trophies Of The Tyrant
6. Crucifixation
7. Tension
8. Everything I Hate About You
9. Toxic
10. Two Fists
11. Rage
12. Shrapnel
13. From Hell I Rise