hell god baby damn no!
Oui je sais. On est saturés de sorties heavy génériques, on l'est encore plus dans le black metal, et on voit passer tellement de groupes avec des noms tirés du Seigneur des Anneaux qu'on se met à les confondre et que ce simple fait rebute. Dans la masse, on ne sait pas toujours à quelle nouvelle sortie donner sa chance. Mais si en 2021, vous avez eu la curiosité de jeter une oreille à Fell Sorcery Abounds, premier album de Morgul Blade, vous savez déjà qu'il vous faudra aussi jeter une oreille à leur deuxième opus. Dans le cas contraire, faites un cadeau à vos petites cages à miel comme on dit, et embarquez dans l'épopée qu'est Heavy Metal Wraiths. Comme son prédécesseur, celui ci sort chez l'excellente écurie No Remorse, chez qui on compte de beaux noms comme Eternal Champion, Riot City ou les vétérans d'Heavy Load.
Morgul Blade fait donc, comme vous pouvez vous en douter au vu des deux styles mentionnés au début de cette chronique, du heavy avec des touches de black, principalement pour le chant. Le résultat parlera plus aux amateurs et amatrices de heavy ceci dit, ou en tout cas de « proto » black années 80. Dans le cas présent, le résultat est en tout cas 10 morceaux, banger sur banger, pour une durée totale de moins de 40mn. Précis, net, efficace. Pas une seule note de gâchée. Mais attention, cela ne veut pas dire qu'on fait dans la simplicité. Le secret n'est ni plus ni moins qu'une série de riffs qui seront parmi les plus efficaces et mémorables que vous pourrez entendre cette année. Et malgré ce nombre de morceaux assez élevé pour une durée aussi courte, Morgul Blade varie les styles comme le tempo. Alors que le premier album reposait principalement sur des mélodies heavy, on passe ici de ces envolées épiques à un tremolo picking sur blast bien black metal, en particulier sur « Frostwyrm Cavalry », en passant par des accélérations speed/thrash bien directes donnant des airs d'hymnes à la Venom (« Razor Sharp » en étant sûrement le parfait exemple). Des riffs à headbang, des riffs à chanter en choeur, des petites mélodies sinueuses comme de grandes envolées épiques, sur un mid-tempo guerrier comme du blast beat... Si cela peut sembler fourre-tout sur le papier, l'exécution est aussi fine qu'efficace.
Tout cela permet également au groupe de faire ce qui manque à beaucoup de groupes : arriver à poser une atmosphère sur tout un album de ce style, au lieu de proposer un simple enchaînement de morceaux. Heavy Metal Wraiths se démarque par son aspect narratif, ses interludes dungeon synth ou chantés en voix claire. Il est d'ailleurs quelque peu dommage que le chant clair soit si peu utilisé, alors qu'il est si beau sur « Widow's Lament », et que la dualité des deux chants sur « Beneath the Black Sails », bien que discrète, apporte une vraie plus-value au morceau.
Bref, quoi qu'il en soit, Morgul Blade coche toutes les cases. On fait du neuf (qui sent quand même bon l'old school) avec plein d'influences, une succession de riffs marquants mais surtout variés, et une impression de véritable époppée par son aspect narratif. Heavy Metal Wraiths a largement de quoi devenir un album qu'on se repasse sans se lasser, et en conséquence, un des plus mémorables de l'année.
Tracklist :
1. Eagle Strike
2. Beneath the Black Sails
3. Heavy Metal Wraiths
4. Frostwyrm Cavalry
5. Widow's Lament
6. Spider Gold
7. Razor Sharp
8. A Welcoming Hearth
9. Neither Cross Nor Crown
10. The Last in a Line of Kings