Sacred Outcry, l'album power metal de l'année : entretien avec George Apalodimas
George Apalodimas
L'autre belge de la rédac'. Passé par Spirit of Metal et Shoot Me Again.
Si le revival heavy traditionnel est vivant et en grande forme, on ne peut pas dire que le power metal symphonique, épique, celui qui raconte des histoires et des concepts, ait encore le vent en poupe. Pourtant, mon album de l'année est un digne héritier des plus grandes oeuvres de Blind Guardian, Rhapsody, Lost Horizon, Kamelot ou encore Angra. Cet album, c'est celui de Sacred Outcry, projet grec porté par George Apalodimas. Sur Towers Of Gold, c'est d'ailleurs Daniel Heiman, vocaliste de (feu) Lost Horizon, qui narre une épopée digne des plus grands récits épiques grecs ; un retour au premier plan pour un chanteur devenu meme sur internet tant sa performance sur "Highlander (The One)" est entrée dans la légende. Soufflé par Towers Of Gold, j'ai pris contact avec George Apalodimas pour en discuter.
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Salut George ! Tout d'abord, félicitations : Towers Of Gold a été acclamé par la critique. L'album a reçu énormément de louanges (notamment le top 10 annuel de la « bible » Encyclopedia Metallum, nda). Est-ce que tu t'y attendais, et qu'est-ce que ça signifie pour toi ?
George Apalodimas : Salut et merci pour cette interview ! Nous sommes honorés et en même temps très heureux, les retours que nous recevons depuis la sortie de l'album sont plus que fous. C'est vraiment stimulant pour un petit groupe « underground » de percer à tant de nouveaux endroits, de se faire remarquer. On savait qu'on avait un grand album entre les mains, mais il y a toujours cette inconnue : comment sera-t-il reçu ? Car aujourd'hui, la qualité ne garantit plus automatiquement un quelconque succès. Mais nous ne laissons pas ces louanges nous monter à la tête, nous restons très conscients de ce que nous pouvons faire ou pas. Et le plus gros pari à ce stade sera de revenir avec un successeur tout aussi impressionnant à Towers Of Gold...
C'est peut-être votre première interview pour un média français, donc je vais devoir te demander quelque chose de toujours un peu ennuyeux pour les artistes : peux-tu nous raconter la naissance de Sacred Outcry ? Qu'est-ce qui explique un si grand écart entre l'année de naissance « officielle » du groupe, les premières démos (1998) et le premier album (2020) ?
GA : Le groupe a commencé avec trois amis, quand nous étions pratiquement encore des gamins et que nous voulions juste jouer la musique que nous aimions. On a sorti une démo en 1999 et après quelques changements de line-up, on a commencé à enregistrer Damned For All Time en 2002, à peu près. Nous n'avions aucune expérience, nous avons pris quelques très mauvaises décisions et été très mal conseillés, il y a eu les habituels problèmes qui surgissent toujours en studio et, pour résumer, nous avons eu à enregistrer l'album presque 3 fois au complet. Ça nous a vidés mentalement et financièrement. Nous avons pris un break avant de composer ce qui aurait alors été le second album, mais petit à petit, nous nous sommes séparés et le groupe a été mis en suspens.
Durant les 13 années qui ont suivi, environ, le groupe a été complètement inactif et nous avons passé notre temps au sein de divers autres projets, avant de lentement penser à ré-enregistrer Damned For All Time aux alentours de 2015. Nous n'avions aucune pression et étions très occupés, donc nous avons pris de longues pauses et il nous fallait toujours trouver la bonne voix, composer les parties orchestrales qui s'étaient ajoutées par rapport à la version de 2003... Puis il a fallu mixer, masteriser la chose, attendre qu'un créneau se libère dans l'agenda des sorties de No Remorse et les délais se sont donc amoncelés.
Damned For All Time était un premier album déjà extraordinaire, mais par la suite, le groupe a complètement changé de line-up, et tu es resté le seul membre du groupe. Qu'est-ce qui s'est passé ?
Le but de notre reformation était de publier Damned For All Time - une version aussi proche que possible de la vision que nous en avions à l'époque. Mais en travaillant avec Yannis (Papadopoulos, vocaliste du premier album, nda), c'est devenu clair que j'avais beaucoup d'idées et que je voulais continuer à composer ce genre de musique. J'ai eu une discussion avec les gars sur la meilleure manière d'avancer, mais il y a eu beaucoup d'opinions contradictoires - même à la fin de l'enregistrement de Damned For All Time - et c'était mentalement épuisant d'essayer de tout micro-manager pour garder tout le monde satisfait. J'ai passé un temps absurde à faire pratiquement tout pour que Damned For All Time soit publié, et Sacred Outcry prend une énorme part dans ma vie quotidienne. La seule façon pour que ça ait du sens était que le groupe avec qui je travaille partage une vision commune et qu'il y ait le moins de frictions possible...
Maintenant, je dois te prévenir : je suis fou de la voix de Daniel Heiman, et il risque donc d'il y avoir un peu trop de questions à son sujet. Voilà, tu es prévenu. Tout d'abord : comment votre collaboration a-t-elle débuté ?
C'est une histoire assez marrante, en réalité. Daniel est l'un de mes chanteurs favoris et c'était mon candidat « de rêve » pour le groupe, à l'époque. Quand nous avions arrêté le groupe en 2004-2005, j'avais préparé un email qui lui était destiné, afin de savoir si nous pouvions collaborer sur Damned For All Time, mais je n'avais rien de présentable à lui faire à écouter, donc je n'ai rien envoyé. J'ai rencontré Yannis, qui est un chanteur unique, et nous nous sommes si bien entendus que quand il accepté de chanter sur le premier album, je n'avais aucune raison de contacter Daniel.
Mais je savais que Yannis ne pourrait pas rester en raison de son implication dans Beast In Black. J'avais inséré une sorte de petite devinette runique dans la pochette de notre premier album qui sous-entendait déjà que Daniel Heiman serait le chanteur sur le Towers Of Gold (rires). Je lui ai envoyé un message avec tous les détails de l'album à venir, un peu de contexte et il a beaucoup aimé la façon dont j'avais tout prévu, donc il a joint l'aventure avec plaisir.
Qu'est-ce que ça t'a fait d'entendre sa voix sur tes compositions ? J'ai l'impression que c'est l'une de ses meilleures performances, plus mature qu'au début de sa carrière.
Irréel. Je me rappelle encore qu'à chaque fois qu'il m'envoyait un message avec un nouvel enregistrement, j'étais tellement heureux que j'avais l'impression d'exploser. Je trouve vraiment que nous faisons une très belle équipe et il était très ouvert à mes retours, ce qui a rendu le tout bien plus fluide. Il a vraiment tenu à se mettre dans la peau du personnage autant que possible, nous avons eu beaucoup d'échanges très fun pour obtenir le meilleur résultat.
Et merci à toi ! C'est l'un des meilleurs compliments que je puisse recevoir pour cet album. Qu'un chanteur considéré par beaucoup comme l'un des meilleurs que le genre ait jamais connu dépasse ses performances légendaires, obtenir une telle performance de sa part... C'est au-delà de mes rêves les plus fous. Je ne pourrai jamais assez le remercier.
Est-ce qu'il y a une ligne de chant en particulier qu'il propose sur cet album et lors de laquelle tu as dû te pincer pour réaliser qu'il chantait bien sur ton album ? (le refrain de « The Voyage », le final de « Sweet Wine of Betrayal » ou le « join our symphony » final de « Towers of Gold » sont dans ma tête depuis des semaines...).
Oh oui, plus d'une fois (rires). Désolé si je sonne comme un disque rayé mais chaque fois qu'il m'envoyait quelque chose, je sortais pour crier de joie (rires). Tous ces passages que tu mentionnes, bien sûr, sont parmi les meilleurs, mais mon passage préféré (et peut-être mon moment préféré dans Sacred Outcry) est le « Go now but know you cannot trust his voice » sur « The City of Stone ». Tout l'album a été écrit avant qu'il joigne officiellement le groupe, mais ce passage a été écrit avec sa voix en tête. Inutile de dire qu'il a largement dépassé mes attentes les plus folles et que c'est clairement ma ligne de chant préférée parmi toute la carrière de Daniel.
Yannis Papadopoulos était également un excellent chanteur. Mais leurs voix sont très différentes. Comment adaptes-tu ta musique à une voix ? Est-ce que tu as quelque chose en tête en amont, ou est-ce que tu laisses le chanteur mettre sa patte lui-même ?
Yannis est ma voix favorite parmi toute cette nouvelle génération, et après avoir collaboré avec lui, je ne pourrais pas être assez élogieux le concernant. La façon dont il gère et construit sa voix est unique. Daniel, comme je l'ai dit, est l'un de mes chanteurs préférés, et son approche est plus « old school ». Il a une puissance illimitée dans la voix et son timbre a un côté nostalgique, mélancolique, dont j'ai toujours pensé qu'il collerait à merveille à ce que je compose. Qui plus est, je connais si bien sa voix que j'étais confiant concernant ce qu'on pourrait réaliser ensemble.
J'ai toujours préféré les chanteurs ayant un large registre vocal, ce qui me donne la liberté de composer des lignes vocales très diverses. D'habitude, j'ai planifié tous les détails avant d'enregistrer ou de présenter les chansons, mais bien sûr, chaque chanteur est libre d'ajouter toute idée qu'il aurait. Mon but est de composer de la musique intéressante, le titre doit être bon en lui-même sur le plan instrumental dans ma tête. J'essaie ensuite d'écrire des textes qui collent à l'ambiance du morceau - la musique dicte les textes, d'une façon, et après ça, la magie apparaît. Le chant doit « emmener » la chanson, amener ces pics et ces moments de frissons qui font qu'une chanson brille vraiment.
Daniel a un peu donné l'impression de se mettre en retrait de la scène metal quand Lost Horizon s'est séparé. Mais récemment, il est revenu et a chanté pour Dimhav, Warrior Path, maintenant Sacred Outcry. Est-ce que tu as l'impression qu'un retour de Lost Horizon est du domaine du possible ?
Hé bien, évidemment, je ne peux pas parler à la place Daniel, mais j'en doute vraiment. J'ai entendu dire que beaucoup de gens ont essayé de ramener Lost Horizon, surtout maintenant que les « reunion shows » sont à la mode, mais Daniel est passé à autre chose depuis de longues années maintenant.
Dernière question concernant Daniel : je trouve ça drôle que Warrior Path, que j'ai déjà mentionné, ait Yannis Papadopoulos au chant sur le premier album, et Daniel Heiman au chant sur leur second... Comme Sacred Outcry. Qu'est-ce qui s'est passé ? Est-ce que vous planifiez déjà un troisième album avec le même chanteur ? (rires)
En réalité, c'est juste une coïncidence ! Quand nous avons terminé d'enregistrer le premier album avec Yannis, en 2018, Warrior Path n'existait même pas encore et j'avais déjà laissé un indice concernant l'arrivée de Daniel Heiman sur la couverture de notre album avant que Warrior Path collabore avec lui sur leur second. Notre objectif est de garder le line-up de Towers Of Gold en entier à l'avenir, nous en sommes très contents. J'ai la chance de faire de la musique avec l'un de mes héros, je ne peux pas demander mieux. Et ce que j'ai de prévu pour le troisième album nécessitera que Daniel soit là !
Ce qui m'impressionne sur Towers Of Gold est la façon dont le tout est fluide, comme un voyage, une histoire. Quelles sont tes influences, tant en metal qu'en littérature, au moment de composer un concept-album de ce genre ?
Merci ! C'est exactement l'objectif recherché. J'adore les concept-albums, mais j'ai toujours été terrifié de m'y essayer parce que je pense que c'est bien plus difficile que ça en a l'air. C'est pour cela que j'ai inclus l'histoire au complet comme une nouvelle dans le livret de l'album, pour que les auditeurs plongent la tête la première dans le monde que j'essaie de créer. Il y a énormément d'easter eggs dans l'histoire et je suis sûr que beaucoup de gens s'y retrouveront.
Towers Of Gold est ma lettre d'amour à tout ce que j'ai adoré dans ma jeunesse. Des jeux vidéos comme Diablo ou Dark Souls, un nombre absurde de RPGs, de romans et de nouvelles de Michael Moorcock ou Robert Howard, et bien sûr des albums et des artistes que j'écoute encore aujourd'hui.
Sur le plan musical, ce second album s'éloigne un peu du côté thrash/power de Damned For All Time ; j'avais des vibes du vieux Iced Earth sur celui-là, j'ai des vibes plus proches de Blind Guardian ici. Est-ce que c'est un choix conscient ?
C'est un choix conscient dans le sens où je ne voulais pas réécrire les mêmes morceaux que pour Damned For All Time. Le matériel composé pour notre premier album l'a été quand nous étions des adolescents, Towers Of Gold a 20 ans d'écoutes de musique et d'influences en plus. Je voulais que ce soit plus ambitieux ; c'est un concept-album, donc il faut que le storytelling et la sensation de voyage soient présents. Je crois que de par sa nature, Towers Of Gold est beaucoup plus immersif et aventureux, comme lire un livre d'heroic fantasy ou participer à une campagne de Donjons & Dragons. Les textes sont très importants pour l'expérience complète.
Après, c'est une question d'esprit d'aventure. J'aime expérimenter et même si on ne va jamais grandement s'éloigner de notre son, j'aimerais vraiment explorer d'autres aspects de la narration épique. Ce sera donc la même chose avec notre troisième album, ce ne sera pas une redite de nos succès précédents, ce sera certainement plus agressif, mais ce sera très clairement du Sacred Outcry.
La Grèce a toujours compté énormément de groupes épiques et d'auteurs épiques. L'Anabase de Xénophon est peut-être la première de toutes les quêtes épiques ! Quels groupes grecs nous conseillerais-tu ?
Ouais, on est fans d'épopées (rires). La Grèce a toujours tout tué sur la scène heavy/power, et cette année en particulier, je crois que nous avons sorti quelques uns de nos meilleurs albums. Je ne peux pas vraiment nommer tous les groupes que je souhaiterais parce que je suis sûr d'oublier quelques uns de mes préférés et quelques classiques. Je vais juste donner deux recommandations : l'album Storming The Walls de Triumpher, une oeuvre d'art à couper le souffle que je ne peux que conseiller à tout le monde, et l'album éponyme de Prothean Shield qui contient quelques uns des meilleurs passages de guitare que vous pourrez entendre.
Le label No Remorse Record a joué un grand rôle dans la résurgence du heavy metal, pas seulement en Grèce mais aussi en Europe. Est-ce que tu en connais le propriétaire Chris Papadatos, et est-ce que c'était un choix naturel ?
Chris et Andreas sont de grands professionnels et ont une très bonne compréhension de la scène underground, c'est ce qui fait le succès de No Remorse. J'aime la façon dont ils gèrent les choses et ils nous donnent une liberté artistique absolue, ce qui est très important. Ce qui aide aussi, c'est que nous sommes bons amis désormais, je peux les appeler pour à peu près n'importe quoi n'importe quand et ils ont toujours du temps à me consacrer pour de l'aide ou un feedback.
Est-ce que tu n'as pas parfois l'impression que ta musique est « née trop tard » ? J'ai l'impression que Towers Of Gold serait devenu un classique s'il était sorti dans les années 90 ou au début des années 2000...
Oh, merci, c'est magnifique d'entendre ça. Honnêtement, je n'essaie pas trop d'y penser. Les temps changent, l'industrie de la musique a changé et les gens ont rarement la connexion émotionnelle que nous avions avec un album à l'époque... Tout va si vite aujourd'hui, c'est ce qui manque à la plupart des sorties. La profondeur émotionnelle, l'attention aux détails qui pouvait vous faire tomber amoureux d'un album et en faire un compagnon de route à vie... Mais même si je comprends que ce soit presque impossible d'obtenir le statut de « classique » de nos jours, mon but sera toujours de composer de la musique qui n'est pas faite pour de la consommation rapide sur une playlist Spotify. Je veux récompenser les gens qui sont en manque de ce feeling « old school », celui de passer du temps avec un album complet, à lire les textes, les détails, tu sais, tout ce rituel avec lequel les gens ont grandi (rires). Donc, oui, en un sens, j'ai approché Towers Of Gold comme si c'était un « classique » des 90s.
Qu'en est-il du live ? J'ai lu que tu avais reçu des offres récemment. Est-ce qu'on se rapproche d'un line-up de live pour Sacred Outcry ?
Nous avons reçu des très belles offres, mais la logistique derrière tout ça est toujours délicate. Pas seulement l'aspect financier : nous sommes quatre personnes (cinq, si nous devons trouver un second guitariste) avec des emplois du temps entièrement différents, des obligations différentes au quotidien et Daniel vit en Suède, donc ne serait-ce que répéter et atteindre un niveau qui fasse honneur aux compositions demande beaucoup de boulot. Cela dit, c'est quelque chose dont nous parlons souvent, j'ai donc envie d'être optimiste concernant le fait que nous y arriverons un jour.
Je parie que l'une de ces offres venait d'un festival grec appelé Up The Hammers. L'affiche, cette année, est encore une fois fantastique. Est-ce que tu y as déjà été ?
Oui, de nombreuses fois ! Je connais Manolis depuis des années, depuis l'époque où il jouait dans Battleroar, et j'adore ce qu'il fait pour la scène. Grâce à lui, nous avons vu certains noms en concert dont on aurait cru il y a 10 ans qu'il se moquait de nous s'il les mentionnait. Et oui, l'affiche de 2024 est incroyable, c'est dommage que nous n'ayons pas pu en être avec Sacred Outcry. J'y serai les deux jours, cela dit, donc si quelqu'un y vient, n'hésitez pas à me saluer !
Les grands Cirith Ungol sont à l'affiche, et feront leurs adieux en 2024. Est-ce que tu as écouté leur dernier album, et qu'est-ce qu'ils signifient pour toi ?
J'adore Cirith Ungol. Mais ça a été un parcours du combattant avant que je commence à les adorer. Quand je les ai entendus pour la première fois vers 15-16 ans, je les ai mis de côté en 3 minutes, c'était juste trop "bizarre" pour moi à l'époque. J'ADORAIS leurs pochettes d'albums, j'ai passé des heures à admirer les livrets, mais leur musique ne marchait pas sur moi. J'ai essayé plusieurs fois, mais ça n'a jamais « cliqué », jusqu'à ce que quelqu'un m'offre Paradise Lost, qui est leur album le plus accessible, et d'un coup, tout a eu du sens ! J'ai réécouté tous leurs classiques et je suis un grand fan depuis, je les ai vus en live plus de fois que j'aurais jamais pu l'imaginer. Ce dernier concert en Grèce, au Up the Hammers, va être légendaire ! Leur dernier album est génial, je trouve qu'il est un peu plus sombre et exigeant que Forever Black, mais tout aussi impressionnant.
Je te laisse les derniers mots, merci pour ton temps. J'espère que la flamme est rallumée pour de bon (nda : du nom de The Flame Rekindled, premier titre de l'album) et que Sacred Outcry est là pour durer !
Merci beaucoup pour cette interview et pour ton intérêt envers notre groupe ! Ça a toujours été surréaliste pour moi d'être connecté aux gens à travers notre musique, parce que je resterai toujours avant tout un fan. La flamme ne s'éteint jamais, et aussi longtemps qu'on a le sentiment d'avoir quelque chose à partager, nous publierons des albums. J'espère qu'on pourra avoir une autre discussion dans quelques années au sujet de notre troisième album !
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Original interview in English, made by email on the 22nd of November with George Apalodimas. This is the raw version of the interview as received from George.
Hello George ! First of all, congratulations on a critically acclaimed album with Towers Of Gold. It received an impressive amount of praise. Did you expect this, and what does it mean to you ?
Hello Florent and thank you for this interview! We are humbled and at the same time super happy, the kind of feedback we’ve been getting is beyond insane. It’s very exciting for a small underground band to break into so many new places and get noticed. We knew that we had a great album in our hands, but there is always the “uncharted waters” of how well it will be received because today, quality doesn’t automatically guarantee any sort of success. We don’t get any of the praise get into our head too much though, we still are very aware of what we can and can’t do, and the biggest bet at this point is to come up with an equally impressive successor.
This might be one of your first interviews for a French media, so I will have to ask you the ever-annoying thing : can you tell us how Sacred Outcry came to life ? What explains the huge gap between its official « birth date » and first demos(1998), and the first album (2020) ?
The band started by 3 friends back when we were practically kids wanting to play the music we loved. We got a demo out in 1999 and then, after some line-up changes, we started recording “Damned for All Time” in 2002 or so. We were vastly inexperienced with the actual process, and we had some terrible decisions and guidance, along with the usual studio problems that kept emerging so, long story short, we had to record the album almost 3 times in full and it drained us mentally and financially. We took a break to start composing what would be our 2nd album back then, but we slowly drifted apart, and the band went into a hiatus.
For the next ~13 years, the band was completely inactive, so most of the time was spent doing other projects or playing in other bands until we decided to slowly start re-recording “Damned for All Time” around 2015. We took many lengthy breaks as we had no time pressure and our lives were much busier, and we still had to find the right voice, as well as compose the orchestral parts that were added compared to the 2003 version. And then, there was mixing and mastering the full thing, as well as waiting for the right slot on No Remorse’s release schedule, so the delays piled up significantly.
Damned For All Time was an oustanding debut album, but then the band completely changed its lineup, with only you remaining. What happened ?
The whole point of the reunion was to release “Damned for All Time” – as close as possible to the original vision we had back then but, while I was working with Yannis on the vocals it became apparent that I had a lot of ideas and wanted to keep creating this kind of music. I had a talk with the guys on how to move forward, but there were a lot of clashing opinions – even while finishing up “Damned” again, and it was mentally exhausting trying to micromanage everything to keep everyone happy. I spent a ridiculous amount of time doing practically everything for the release of “Damned for All Time” and SACRED OUTCRY takes a huge portion of my daily life, so the only way this makes sense is if the band has one shared common vision and minimal friction.
Now I have to warn you : I'm obsessed with Daniel Heiman's voice, so there might be a tiny bit too many questions about him. That's it, you're warned. First of all : how did your collaboration start ?
It’s a funny story actually. Daniel is one of my all-time favourite vocalists and my “dream candidate” for the band. Back when we stopped playing in 2004-05, I had prepared an email for him in case we could work together for “Damned for All Time”, but I didn’t have anything presentable to show him, so I never actually sent it. I met Yannis who is a once- in-a-lifetime voice and we got along so well, so when he agreed to sing for the debut, there was no “need” to approach Daniel. But I knew Yannis wouldn’t be able to stick around for more albums due to his commitments with Beast in Black, so I hid a runic riddle on the inlay of our debut, that practically said that Daniel would be the singer for “Towers of Gold”, hahah. I sent him a message with all details for the album, along with some backstory and he really liked the way I had planned everything, so he happily came on board.
How did it feel to hear his voice on your compositions ? I personally feel like it's his best performance to date. More mature than his early days.
Unreal. I still remember every time he sent me a message with a new recording, I was so happy I wanted to explode. I really think we worked great together, and he was very open on all my feedback which makes things even smoother. He really tried to get into character as much as possible and we had a ton of back-and-forth fun in order to get the absolute best result. And thank you, this is one of the best compliments I can ever get for the album, having a vocalist that is widely considered one of the greatest the genre has ever seen, topping his previous legendary work, and getting this kind of performance out of him is beyond my wildest dreams. I can never thank him enough.
Is there a line he delivers on the album that sent chills down your spine, when you maybe had to pinch yourself to realize he's actually singing on your album ? (the chorus of « The Voyage », the ending of « Sweet Wine of Betrayal » or the « join our symphony » line in « Towers of Gold » are stuck in my head for weeks).
Yes, more than I can count. Sorry for sounding like a broken record, but every time he sent me something new, I went outside screaming at the sky, hahahah. All those you mentioned of course would be in the top tier, but my favourite line (and possibly my favourite SACRED OUTCRY moment ever), is the “Go now but know you cannot trust his voice” part in “The City of Stone”. Everything was written before he officially joined, but this was written specifically with his voice in mind. Needless to say, he completely demolished all my expectations and it’s still my favourite line from both this album and all his previous work.
Now, Yannis Papadopoulos was also a beast of a singer. But their voices are quite different. How are you adapting your music to a voice ? Do you have something in your mind beforehand, or do you leave it to the singer to put their own twist ?
Yannis is my favourite voice from the “new” generation, and having worked with him, I can safely say that no amount of praise can cover how good he is. The way he handles and builds his voice is unique. Daniel, as I told earlier is one of my all-time favourites, and his approach is more “old-school”. He carries an unlimited amount of power in his voice and his tone has a hint of nostalgia and melancholy that I always thought could work wonders with the way I compose. Plus, I know his voice so well, that I was very confident on what we could achieve together. I always preferred singers with a wide range as it gives me freedom to compose more diverse vocal lines and I usually have every detail planned before recording or presenting the songs, but of course each vocalist is free to add or adjust whatever crazy idea they have. For the composing procedure I always aim to write interesting music first, the song must stand on its own and work equally well as an instrumental in my head. I try to write lyrics that match the mood of the song, the music dictates the lyrics in a way, and after that it’s where the magic happens. The vocals must really “lead” a song and always have those peaks and chilling moments, I think that’s what can make a great song really shine.
Daniel gave the impression of « quitting » the heavy metal scene when Lost Horizon disbanded (or was put on hold). But he recently came back with Dimhav, Warrior Path, now Sacred Outcry. Do you feel like there is hope for a Lost Horizon reunion ?
Well, obviously I can’t speak for Daniel, but I really doubt it. I’ve heard that many people have tried to make it happen, especially now that the reunion shows are big and all, but I think Daniel has been in a completely different place for many years now.
Last question involving Daniel : it's funny to me that Warrior Path, already mentioned, had Yannis Papadopoulos on their first album and Daniel Heiman on their second album. What's the story here ? Do you guys have already picked a third singer for your respective third albums ?
It’s just a coincidence actually. When we finished the recordings with Yannis in early 2018, Warrior Path wasn’t even announced as a project and funnily enough, I had hinted Daniel inside the inlay of our debut before Warrior Path made the announcement about him singing on their 2nd album. Our plan is to keep the entire line-up of Towers of Gold going forward, we are really happy working with each other, and I have the chance to keep making music with one of my musical heroes, so there’s not much more I can ask. Plus, the stuff I have been writing for our 3rd album really need Daniel on board, you’re in for a treat!
What's amazing to me is how the whole album feels like a journey, an epic story. It flows perfectly. What were your inspirations in terms of storytelling, both in metal and litterature, when writing an album ?
Thank you, that was exactly what I was going for! I really love concept albums, but I was always terrified of trying my hand in one, because I think it’s a lot harder than it seems on face value. That’s why I included the full thing in the booklet in the form of a short story, it’s for the people that really want to sink their teeth in the world I tried to create. There’s a ton of easter eggs in the story and many like-minded people will surely find many things to love. “Towers of Gold” is my love letter to all the stuff that influenced me while I was growing up. Video games like Diablo or Dark Souls, a ridiculous number of RPGs, stories and novels from Michael Moorcock or Robert Howard, and of course albums and artists that I still love to this day.
In terms of music, this second album steps a bit further from the thrash/power vibes of Damned For All Time ; I had Iced Earth-esque vibes there, I have more Blind Guardian-esque, symponic and epic vibes here. Is it a conscious choice ?
It is a conscious choice in the sense that I didn’t want to repeat the same songs we wrote for “Damned for All Time”. Also, the material for the first album was written when we were teenagers, “Towers of Gold” has an extra 20 years of me listening to music and getting more influences in. I wanted it to be “bigger”, more ambitious and it’s a concept album that you have to make sure the storytelling and the sense of journey are on point. I think due to its nature, “Towers of Gold” is much more immersive and adventurous, like reading a heroic fantasy book or participating on an epic D&D campaign. That’s why I think the lyrics are vital for the full experience here. It’s all about escapism. I love experimenting and while you’ll never hear a huge departure from our established sound, I’d really like to explore other aspects of epic storytelling. The same thing will happen with the 3rd album, it will not be a rehash of our most successful songs or anything, and it will probably be more aggressive, but it will very clearly be Sacred Outcry.
Greece has always been home to a lot of epic bands. And a lot of epic writers : Xenophon's Anabasis might be the « mother of all epic quests » ! Which Greek bands would you recommend ?
Yeah, we love our Epics here hahah. Greece has been steadily killing it in the heavy/power scene, and this year especially I think had some of our best releases ever. I can’t really name all the bands I’d like because I’m sure I’ll forget some of my favourites and classics, so I’ll just give 2 of my highest recommendations released this year. Triumpher’s “Storming the Walls”, a breathtaking work of art that I can wholeheartedly suggest to everyone, and Protean Shield’s fantastic self titled album, with some of the finest guitar work you have ever heard.
The label No Remorse Records played a big role in this resurgence of heavy metal, not only in Greece but in Europe. Do you know the owner Chris Papadatos, and was it an obvious choice to work with them ?
Yeah both Chris and Andreas are excellent professionals and have a very good grasp of the underground scene, that’s why No Remorse is so succesful. I personally enjoy the way they handle things and we have absolute artistic freedom, which is very important. It also helps that we’re friends now, and I can call them for practically anything at any given time and they are always there to help or give me their feedback.
Do you sometimes feel like your music is « born too late » ? I have the impression that Towers Of Gold would have become a classic if it was released in the 90s or early 00s...
Oh, thank you, this is a wonderful thing to hear! To be honest I don’t try to think about it too much. Times have changed, the music industry has changed and people rarely have the emotional connection we had with an album back then. Everything is so “fast” now and I think that’s what’s missing from the majority of releases today. The emotional depth and the attention to detail that could make you fall in love with an album and have it as a companion for a lifetime. But while I do understand that it’s next to impossible to get the “classic” status nowadays, my aim will always be to create music that was not meant for fast consumption on a Spotify playlist and will reward the people that are missing that old-school feeling of spending time with a full album, reading the lyrics, the liner notes, you know, all the ritual stuff we old people grew up with hahah. So yes, in a way I am treating “Towers of Gold” like it’s a “classic” late 90’s release.
Now, what about live performances ? I read that you had offers recently. Are we getting closer from a live line-up for Sacred Outcry ? Any news ?
We do have some great proposals, but the logistics behind such a venture are still tricky. Not only the financial aspect, but we are 4 individuals (5 if we have to get a 2nd guitar player) that have entirely different work schedules, different real-life commitments and obligations and Daniel lives in Sweden, so rehearsing alone and get to a level that you can do the material justice requires a lot of work. Still, it is something we regularly bring up so I want to be optimistic that we can make it happen.
I bet one of the offers you mentioned came from a certain festival in Greece called Up The Hammers. The line-up this year is, again, outstanding. Have you been there ?
Yes, many times! I’ve known Manolis for many years, since back when he was playing in Battleroar, and I love what he has been doing for the scene. Thanks to him, we have seen some names that if someone told you 10 years ago, you’d think he was pulling your leg! And yes, the 2024 lineup is amazing, too bad we couldn’t make it with Sacred Outcry. I’ll be there both days though, so if anyone is coming, be sure to come by and say hi!
The great Cirith Ungol is on the line-up and will say farewell in 2024. Have you listened to their last album ? Is it an important band for you ?
I love Cirith Ungol. And it was a mountain to climb until I started loving them. I first heard them when I was 15-16 years old and I dismissed them within 3 minutes, they were too “weird” for me back then. I REALLY loved their album covers and had spent many hours just staring at those booklets, but they just didn’t “work” for me. I tried more times getting into them, but they never clicked, until someone gave me “Paradise Lost” which is their most accessible album (at least from the old guard) and suddenly everything made sense! I revisited all their classic albums and been a huge fan since then and I have seen them live more times than I could ever imagine! And now for a final show in Greece in Up the Hammers, it’s going to be legendary! Their last album is amazing, I think it’s a bit darker and more demanding than Forever Black – but equally impressive.
I'll leave the last words to you, and thank you for your time. I hope the flame is now rekindled for good and Sacred Outcry is here to stay !
Thank you very much for this interview and for your interest in the band! It’s always very surreal to me connecting with people via our music, because I will always be a fan – so that feels great! The flame never dies, and as long as we feel we have something to share, we will keep releasing albums. Hopefully we can have another chat in a couple of years for our 3rd offering! Take care!