Non.
Jusqu'en 2021, Iskandr était un groupe de black metal. Vergezicht, l'album précédent (chroniqué ici), était l'une des perles mémorables de la scène néerlandaise, qui ne cesse de faire parler d'elle ces dernières années. Pourtant, dès 2022, le projet d'Omar (qu'on retrouve chez Dool et, inévitablement, dans Turia, Solar Temple et toute la clique Haeresis Noviomagi) a pris un virage. « Knagend Zout » était dévoilé et, avec le titre, on devinait davantage des influences venues des scènes dark rock, neofolk, coldwave. Toujours accompagné de Mink Koops aux percussions, le live dans l'église de Bourlon (au Rock In Bourlon, en juin 2023) avait joué la carte de la séduction : le public était conquis et moi aussi.
C'est donc avec une grande impatience que j'attendais la sortie de Spiritus Sylvestris. Lorsqu'on aime les musiques sombres, de manière générale, et encore davantage lorsqu'elles ne sont pas estampillées « metal », on peut dire qu'Iskandr a su nous gâter. L'opus, fort de sept titres pour une durée d'environ 43 minutes, est un superbe concentré d'inspirations, chéries et régurgitées, pour dessiner une entité sombre et cohérente.
Leur psychedelic folk doom, comme ils l'appellent, a vraiment cette touche inédite d'un groupe qui ne cherche à ressembler à rien d'autre qu'à lui-même. Une ode à la nature perdue, la bande-son de la tragique histoire d'un monde qui court à sa perte, entre larmes et cendres. Côté influences, on lorgne du côté de Dead Can Dance, d'Hexvessel, Rome, Prag 83 ou encore Swans. Oui, tout cela ne semble pas toujours lié, à première vue, mais je peux vous assurer que vous entendrez des lignes de basse rondes et lascives, un chant clair hypnotique, des rythmiques martiales, des chœurs et synthés obsédants aux silhouettes gothiques imprimées dans des ambiances folk forestières.
L'une des constantes reste, toutefois, le choix de leur langue maternelle pour les textes. Selon les propos d'Omar dans une interview donnée à No Clean Singing, le titre de l'album reprend l'ancien nom latin du dioxide de carbone. Produit lors de la combustion du bois, il symbolise l'esprit de la nature libéré, si bien qu'il finit par nous échapper, au fil du temps, au cours de l'évolution de l'espèce humaine sur cette planète. Spiritus Sylvestris, dans sa poésie et la qualité de sa composition, est un excellent album à écouter cet automne alors que la saison sombre toque à la porte.
Tracklist :
1. Spiritus Sylvestris
2. Knagend Zout
3. Waterwolf
4. Hoor het Smeken
5. Hof der Valken
6. Interlude
7. Nachtvorst