Non.
Ce ne sera pas la première fois que je parle de mon amour pour Miserere Luminis. Il y a encore peu de temps, l'article qui récapitulait les 10 albums qui ont accompagné mon arrivée dans l'âge adulte s'attardait sur le dernier album de Gris, dont les membres ont aussi formé Miserere Luminis (avec Annatar de Sombres Forêts). La musique des Québécois a largement été présente au fil de ma vie, c'est pourquoi l'annonce de ce nouvel album, aussi inespéré qu'ensuite très attendu, avait une résonance particulière pour moi.
Ordalie sort 14 ans après Miserere Luminis. Qu'attend-on d'un groupe après autant d'années ? Une rupture ou une continuité ? Le groupe a savamment dosé son fil rouge. L'artwork laisse croire que rien n'a changé en choisissant une patte graphique similaire, une peinture brute à la luminosité particulière, qui véhicule ce sentiment d'étrangeté et de préciosité spécifique au projet. Cette fois, c'est Adam Burke qui est aux commandes, là où Fursy Teyssier avait créé l’œuvre du premier album.
Musicalement, il est indéniable que le groupe a su rester dans une veine reconnaissable à 100%. La manière de mêler les guitares mélancoliques, les patterns de batterie aux quelques discrets élans symphoniques ne laisse aucun doute, on est sur ce black atmosphérique, parfois épique, parfois juste superbe et... souvent les deux. Si le single « Le Sang des Rêves » m'avait convaincue, je peux dire que le reste a terminé de me retourner dès la première écoute de l'album. Bien sûr, le chant n'est pas étranger à cette sensation : à chaque cri d'Icare notamment, ma corde sensible est touchée car sa voix a une importance toute particulière dans ma découverte des musiques extrêmes. Le texte, toujours en français, continue de participer à cet effet.
On peut déceler que les années ont passé : en reconnaissant la facette absolument aboutie de ce deuxième album, extrêmement mature dans son écriture, mais aussi grâce au son un peu plus moderne et mieux produit dont Miserere Luminis a bénéficié pour Ordalie. Cela accentue par ailleurs le côté raffiné et soigné qui ressort du projet, par ses sonorités, ses artworks mais aussi les masques dorés que les musiciens arborent sur scène. Toutefois, je n'avais pas mémoire que le groupe joue tant que ça sur une composition complexe, je pense aux mesures asymétriques sur « Le Sang des Rêves » qui sont au premier abord déroutantes mais où l'oreille finit par s'habituer. C'est en tout cas une surprise bienvenue.
Un grand merci au trio de génie d'avoir continué le projet Miserere Luminis, car je pense que nombreuses et nombreux sont les fans à avoir frissonné à l'écoute d'Ordalie, ayant désormais une nouvelle perle à se mettre sous la dent. On espère juste un passage en Europe prochainement, car j'avoue être restée sur ma faim il y a trois ans.
Tracklist :
1. Noir fauve
2. Le sang des rêves
3. La fêlure des anges
4. Les couleurs de la perte
5. De venin et d'os