Prophecy Fest 2023 @Balver Höhle : Jeudi & Vendredi
Balver Höhle - Balve
Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
Après l’épreuve de l'Autobahn, enfin nous y sommes ! Balve, petite ville d’apparence tranquille tapie dans une vallée de la Rhénanie-du-nord-Westphalie ; une région superbe de forêts et de parois rocheuses. Mais si l’endroit est réputé, c’est avant tout pour le Balver Höhle, la plus grande cave naturelle utilisée pour des événements culturels en Europe. C’est ici que se tient le Prophecy Fest, l’événement annuel du label du même nom et qui laisse donc forcément une belle place à son roster de groupes. Une programmation plutôt teintée de doom donc, mais avec quelques groupes invités pour compléter chaque année, et non des moindres en général.
Arrivés dès le mercredi soir, il faut bien dire que nous étions un brin anxieux. La communication du festival n’avait pas été très claire : un moment nous pouvions camper dès la veille de l’ouverture officielle, et à un autre c’était plutôt déconseillé. Mais une fois sur place, nous n’avons pas subi le moindre couac : une grande pâture germanique nous attendait, un peu pentue, entre un bois et une rivière. Nous n'étions encore qu'une quarantaine peut-être, venus du monde entier pour l'expérience, avec dès l'accueil un livre rigide - avec deux CD à l'intérieur - en guise de programme. Un beau souvenir, et on a vu pire accueil.
Le lendemain était plutôt calme, nous laissant le temps de sympathiser avec les voisins qui arrivaient au fur et à mesure, avant la cérémonie d’accueil prévue à 16h. L’occasion de goûter (gratuitement !) le fruit de la très locale Landbrauerei Tobias Mohrmann, en blonde ou en brune. Bon, on reste sur un brassin allemand, donc très léger pour un palais belge, mais fort qualitatif quand même. Et l’après-midi s’écoule sur l’herbe, tandis que quelques groupes jouent un show acoustique pour l’occasion. Illudium, Thurnin, et Vrîmuot se succèdent sur une petite estrade, mais on ne les écoute que distraitement dans ce qui vire au grand pique-nique à la lumière des braseros, avec cette fameuse caverne qui nous domine et qui nous appelle, alors qu'on n’a toujours pas pu la découvrir...
*
Vendredi - Jour 1
Groupes évoqués : Laster | Disillusion | The Vision Bleak | 1476 | Darkspace | My Dying Bride | Crone | AmenRa |
Levés de bon matin, on en profite pour visiter la Luisenhütte, un haut-fourneau du début du XIXe siècle transformé en musée, dont l’entrée était gratuite le vendredi pour les festivaliers. Ce fut une longue marche toutefois, et on est heureux d’enfin descendre sous terre. La caverne proprement dite se déploie en une sorte de Y avec la scène principale à l’entrée, la seconde plus petite dans la branche de droite, et la seconde qui mène au merchandising - véritablement pris d’assaut lors de notre arrivée, sur les derniers accords de Year of the Cobra.
Laster
Main stage
Matthias : Le trio d'Utrecht nous intriguait, avec ses masques mi-alien de Roswell et mi-fantôme de l’opéra. Il a l’honneur d’ouvrir la grande scène, et ses compositions mi-post-black atmosphérique et mi-post-rock avant-gardiste nous fascinent un temps, mais vous devinerez qu’on n’est pas devant le groupe le plus facile à définir. Les Bataves masqués se déhanchent et composent un jeu de scène qui démarque avec les moments les plus extrêmes de leur musique, et on appréciera vraiment certains passages, comme “Kunstlicht”, malgré une voix un peu absente. Mais bon, en live l’esthétique du groupe se retrouve finalement assez peu dans la musique, comme s'il n’y avait pas réellement un “concept” à défendre derrière. C’est un groupe que je recommande pour les amateurs de bizarreries qui titillent le jazz en tout cas, sans pour autant verser dans les excès d'un Imperial Triumphant.
Disillusion
Main stage
Matthias : Autre découverte pour ma part, mais ces Allemands ont quand même une belle carrière derrière eux, et ce sont des habitués du Prophecy Fest qui ne manquent pas de remercier chaleureusement l’audience, venue parfois de fort loin pour virer cavernicole. Il faut préciser qu’avec des Australiens et de Colombiens qui ont fait le déplacement, notre trip personnel depuis la France et la Belgique fait figure de détour pour achever une quête secondaire. Disillusion commence par quelques pistes de son dernier album (Ayam, 2022), “Am Abgrund” puis “Driftwood“, qui mêlent un metal moderne, parfois apaisant et parfois assez épique, et les talents vocaux d’un Andy Schmidt aussi à l’aise dans une sorte de “demi-growl” qu’en pur chant clair, limite cristallin. Le show est calibré, et “The Black Sea” arrive ensuite pour agiter un peu les neurones. Ne connaissant pas la discographie du groupe plus que ça, je me perds un peu dans une setlist assez “best of” qui a l’air de plaire aux fans, mais si Disillusion n’échappe pas à quelques longueurs, je suis ravi de constater qu’on peut bel et bien offrir un concert dynamique tout en officiant dans un genre musical qui se qualifie de progressif.
The Vision Bleak
Main stage
Matthias : Attention, concert-événement pour un groupe qui mériterait vraiment un statut culte ! Actif sans interruption depuis l’an 2000, The Vision Bleak continue de professer un metal gothique kitsch comme il faut, typique du début du millénaire quand ce revival de noirceur faisait tourner les têtes dans toutes les écoles secondaires et que Tim Burton savait encore faire du cinéma. En plus, le duo nous joue ce soir son premier album en intégralité, The Deathship Has a New Captain, sobrement sous-titré “9 Songs of Death, Doom and Horror” ; tout un programme ! Le public est au rendez-vous et nombreux sont les Allemands qui connaissent les paroles par cœur, ce qui fera de ce concert un des plus entraînants de tout le festival, et ce, dès les premières mesures de “Night of the Living Dead”. Autre bonne surprise : le vocaliste Allen B. Konstanz a bien pris soin de son timbre et sonne aussi juste qu’il y a 20 ans. Il joue avec un public qui lui mange véritablement dans la main, demandant à telle ou telle partie de l’audience de frapper dans ses mains en rythme, tandis que tout le monde reprend en chœur le refrain absolument cultissime de “Wolfmoon”. Allez, un petit bémol quand même : des guitares un peu en retrait, alors que The Vision Bleak sait aussi être un groupe à riffs. Mais l’autre pilier du funérarium, Markus Stock (qui ressemble à s’y méprendre à un personnage de What We Do in the Shadows), brandit encore le manche bien haut au milieu des nouveaux venus de la formation live (une autre guitare, une basse, un violon) tandis que les deux compères font toujours preuve d’une complicité qui fait plaisir à voir. La setlist suit l’album à la lettre et jusque dans les moindres détails, jusqu’à l’instrumentation électronique oldschool sur “The Lone Night Rider” qui fait basculer cette musique de crypte dans un metal indus tendance dark-rétrofuturiste. Bref ; si vous en avez soupé d'un Powerwolf qui n'a jamais tenté de renouveler un concept arrivé à bout de souffle et si vous ne connaissez pas The Vision Bleak en général et cet album en particulier, je vous enjoins à aller prendre une petite cure de jouvence avec ces sympathiques vampires d’outre-Rhin.
1476
Second stage
Matthias : Vient pour moi le moment de parler de la petite scène, tout au fond de la caverne. Si le Prophecy avait déclaré ne pas vouloir établir de hiérarchie entre artistes “inconnus et “headliners” sur son affiche, dans les faits, on constate quand même que les groupes les plus connus/attendus ont droit à des sets complets sur la grande scène. Les autres jouent en fait tous deux sets d’une vingtaine de minutes, une fois avant et une fois après chacune des "grosses" performances. C’est spécial, mais ça fonctionne généralement bien, et les concerts s’enchaînent (très) vite sans temps mort. Mais c'est un peu déroutant au début pour qui tente de se tenir à un programme, et ça l'est peut-être encore un peu plus pour les membres de 1476 qui nous viennent de Salem, Massachusetts, et qui jouent là leur premier concert en Europe. Leur nouvel album, In Exile, laissait présager un rock teinté de new wave avec un chant rappelant fort le punk US des 90’s, ce qui m’intriguait d'autant plus que le groupe présentait une esthétique assez médiévalisante. Mais sur scène, 1476 nous balance à la face une décharge d’énergie 100% punk rock ! C’est sec, c’est rageux, c’est sans fioritures, et ce show de 20 minutes expédié au sprint a bien failli voir le seul pogo de tout le festival - il s’en est vraiment fallu de peu, et ça aurait été parfaitement approprié.
Darkspace
Main stage
Varulven : Deuxième concert complet pour moi en ce premier jour, les très mystérieux et attendus Suisses de Darkspace. Dire que j’en attends beaucoup est un euphémisme. Leur aura de trio obscur et secret, ainsi que la dimension spatiale et chaotique de leur musique ont toujours su me mettre en haleine, malgré une connaissance assez approximative de leur univers. Alors que les balances sont encore en cours, on peut, à en croire les extraits joués, être sûr que ce concert du Prophecy Fest sera plongé dans un concentré de noirceur, de vide et de violence des tréfonds de l’espace .
Premier choc donc, puisque c’est une prestation dénuée de blast et de haine que Darkspace offre au public de Balve. Si la charge obscure et froide de l’identité Darkspace est toujours bien là, elle est déclinée sous une version aérienne et ambiante, où les nappes de synthés et les arpèges dissonants s’entremêlent sous forme de boucles continues et hypnotiques. Et bien que c’est la surprise de découvrir ce visage-ci du groupe qui se manifeste en premier, il ne faut que quelques minutes pour s’y habituer et se laisser aller en totale immersion. Tantôt nos yeux se ferment, tantôt ils se lèvent au plafond pour admirer les reflets bleutés des lights, tout en se laissant bercer par les parois rocheuses de la grotte qui accueille l'événement.
Mais si ce n’était que la seule surprise. En écrivant ces lignes, je me suis logiquement renseigné sur la setlist de cet après-midi. Non seulement je n’ai pas réussi à la trouver, mais d’après l’un de mes camarades fin connaisseur de la discographie, aucun des morceaux joués ne figurent sur les albums et EP du groupe. Sommes-nous assez joueurs pour parier qu’il s’agit là d’un futur album joué en quasi intégralité ? La question est plus que légitime, surtout si l’on prend en compte la signature chez Season of Mist il y a peu. Affaire à suivre donc, mais en attendant, estimons-nous heureux d'avoir pu compter parmi les rares privilégiés du possible futur de la formation.
My Dying Bride
Main stage
Varulven : Après Darkspace, l'heure est venue d'accueillir ma plus grosse attente de la journée, et l'une des raisons de ma présence au Prophecy Fest cette année. Éloigné de la scène pendant quatre longues années suite aux problèmes personnels de son chanteur Aaron Stainthorpe, My Dying Bride a davantage retardé son retour scénique. On peut notamment noter plusieurs annulations en 2022, dont une au Hellfest, pour mon plus grand malheur.
Car il faut remonter à 2016 pour la première et dernière fois que j'ai vu les dandies anglais sur les planches. Entre ça et ma connaissance désormais beaucoup plus solide de leur carrière, l'excitation de retrouver l'un de mes groupes de doom extrême préférés ne faisait que grandir.
Alors que l'intro de "Your River" résonne dans les enceintes, les cinq musiciens arrivent sur scène pour nous asséner leur doom/death aux relents gothiques. En trois accords, tout est dit : c'est dans son royaume au romantisme noir et macabre que My Dying Bride nous entraîne l'espace de 50 minutes. Le rendu sonore, parfaitement limpide, nous permet d'être enveloppé par la dimension écrasante des riffs de guitare, tandis que les leads sinistres nous sortent du marasme, uniquement pour mieux ressentir la mélancolie qui s'en dégage. Cette fusion des contraires se retrouve sur une bonne partie des morceaux, à l'image des nombreuses harmonies torturées, omniprésente marque de fabrique des Anglais. On pense à "Your River", "Like Gods of The Sun" "She is The Dark" ou le sépulcral "Turn Loose The Swans". Tandis que d'autres, comme "Your Broken Shore" et surtout le classique"The Cry of Mankind", font la part belle aux aspects plus gothiques, avec ces plaintes mélodiques au violon ou cette boucle en tapping qui nous emportent dans les couloirs perdus de notre psyché.
Posé en chef d'orchestre qui donne le ton grâce à sa voix, Aaron Stainthorpe se tient sur le devant de la scène et accompagne les différents mouvements, tantôt de ses plaintes graves, tantôt de ses éructations growlées qui font ressortir tout le caractère mortifère de MDB. Théâtral mais mesuré, Aaron tient son rôle en étant démonstratif à la manière d'une tragédie grecque, mais sans pour autant franchir la ligne du too much, ce qui avait pu être le cas dans le passé (on se souvient des roulades excessives sur "The Cry of Mankind"… bon). Imposant, émotif et habité, ce retour sur scène de My Dying Bride aura su tenir toutes ses promesses. Et contenter toutes mes attentes de fan transi.
Setlist :
Your River
Your Broken Shore
Like Gods of the Sun
Catherine Blake
The Cry of Mankind
She Is the Dark
Turn Loose the Swans
The Dreadful Hours
Crone
Second stage
Varulven : Comme on l'a dit, les groupes qui jouent sur la petite scène du Prophecy Fest divisent leur set en deux parties. Ne connaissant pas forcément les artistes qui s'y produisent, et étant assez peu adepte de la découverte en festival, c'est souvent de loin que j'assiste aux concerts des groupes du fond de la grotte.
En ce qui concerne Crone, j'avoue que je ne connaissais rien du groupe avant ce festival. Restant encore sur la déception de l'annulation de Bethlehem (que Crone remplace donc aujourd'hui), je n'ai clairement pas pris la peine de m'intéresser aux Allemands. Jusqu'à ce que l'on me souffle à l'oreille qu'il s'agissait du nouveau projet de Phil Jonas, leader de Secrets of The Moon, qui, contrairement au dernier album Black House, embrassait enfin le rock gothique de façon définitive.
Et ce que je vois sur scène en est le parfait exemple : on a là un groupe qui mêle énergie et émotions, où les gros riffs rock côtoient les arpèges plus planants et les lignes de chants au timbre névrosé, typique du rock gothique. Le tout contrebalancé par des moments plus atmosphériques, cela donne un rendu naturel et cohérent. Bien plus que sur le dernier SOTM, qui, sans être mauvais, donnait parfois l'impression d'une fusion des styles timide et approximative, voire forcée. Un set fort sympathique et plaisant donc, que l'on pouvait également apprécier en le suivant de loin. Il faut donc croire que les "découvertes" en festival à mon âge, cela peut encore marcher. Même si je ne suis pas reparti avec la discographie au complet, soyons honnête.
AmenRa
Main stage
Matthias : Bon, ça n’est pas un mystère, j’ai un amour particulier pour AmenRa, et le fait que je sois belge n’y est certes pas pour rien. J’ai vu le groupe de nombreuses fois, parfois dans des circonstances très particulières, et c’est toujours une avalanche émotionnelle - mais je comprends parfaitement qu’on ne puisse pas tous y accrocher. Mais comme avant chaque concert de mes compatriotes, je suis partagé entre une certaine excitation et une certaine crainte : celle du comportement du reste du public devant une prestation qui doit toucher à l’intime. Au passage, je m’étonne que nous ne soyons pas si nombreux à nous presser contre les barrières en attente de la tête d’affiche, mais le public de My Dying Bride est sans doute amplement satisfait, et ceux qui restent sont probablement déjà des convertis de la Church of Ra. Les deux groupes ont beau oeuvrer dans l'émotionnel, on n'est certes pas vraiment dans le même répertoire.
Ça se remplit toutefois au fur et à mesure que le montage avance sur scène, jusqu’à l’apparition du fameux logo aux trois serres dans un véritable brouillard. Bon, on n’est pas au Motocultor, le public allemand sera plutôt respectueux de la prestation… à sa manière, c'est-à-dire qu’il est parfois bruyamment enthousiaste. Il y a pire, c’est juste un peu surprenant quand on a l’habitude de plonger dans ses abysses toutes personnelles quand Colin se déchire sur scène. Celui-ci attaque d’emblée de jeu avec le faussement calme “Plus près de toi” qui semble fasciner un temps les Teutons avant le break désormais classique qui annonce “Razoreater”. Colin se donne à fond vocalement, et il avait d’ailleurs mis en avant son plaisir de jouer dans le Balver Höhle, qu’il comparait à une maison “chaleureuse et sûre” dans le livret cartonné que nous avons reçu à l’entrée - chaque groupe présent y a droit à sa page, un peu come sur un livre d'or.
Bref ; le groupe a toujours été très carré, mais de nos jours AmenRa a vraiment atteint un rythme de croisière pour ses prestations en live, assurant sans peine des têtes d’affiche grâce à une équipe rodée, sur scène comme en coulisse, dont des musiciens qui participent plus activement qu’on ne le penserait à premier vue. Par contre mes compatriotes usent et abusent de la lumière stroboscopique, à rendre cela presque douloureux aux premiers rangs, et je n'ai pas souvenir que ça soit dans leurs habitudes. Curieusement, ça avait manqué sur Darkspace, mais j'avais gardé les lunettes solaires à portée en prévision de la confrontation avec les Suisses d''un autre monde - on sent l'expérience de celui qui a eu le privilège de les voir débarquer deux fois. Et bien c'est devant AmenRa que je me retrouve donc à porter des lunettes noires, non seulement de nuit, mais aussi sous 15 mètres de roche.
Je me laisse à penser quand même, et c'est très personnel, que j’ai trop vu AmenRa en trop peu de temps, et que je devrais laisser le souvenir s’estomper pour retrouver à nouveau une telle émotion, une telle mise à nu, comme le groupe est un des rares à pouvoir la provoquer. Et puis résonnent les premières notes de “De Evenmens” avec son esthétique tout en épines sur le backdrop, puis un petit “A Solitary Reign” pour m’achever émotionnellement, comme si c'était nécessaire. Allez, on ravale ses larmes. AmenRa n’est peut-être pas un groupe à voir trop souvent, même quand on est fan. La catharsis est un art délicat qui doit garder son caractère d'écluse grande ouverte, mais même ainsi ça n’est jamais une expérience qui laisse de marbre. Ainsi se termine cette première journée dans la caverne, et pas sur le désormais classique Altijd en Overal d'ailleurs. Le message n'est pas le même. On le méditera.
Setlist :
Thurifer et Clamor ad te Veniat
Plus près de toi
Razoreater
De Evenmens
Am Kreuz
A Solitary Reign
Diaken
*
A suivre...
Un grand merci à Carsten Brand pour les photos du site et du festival.