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Depuis le début des années 2000, le thrash old-school est plus vivant que jamais! On ne compte plus les retours réussis de vieux briscards qu’on pensait au fond du trou, et les albums thrash de grande qualité se bousculent ces dernières années : Kreator, Annihilator, Exodus… Autant dire que pour les jeunots, il est difficile de percer dans ce style historiquement ancré dans les années 80. Mais après quelques années à se faire un nom via démos et EP, tout s’est dernièrement accéléré pour les Suicidal Angels. Un bon premier album (« Eternal Domination ») en 2007, puis le groupe remporte le Rock The Nations Award, et tout s’enchaîne : signature chez Nuclear Blast, deal avec le tourneur Rock The Nation, ouverture de grosses tournées (Kataklysm, Overkill…) puis un deuxième album dans la foulée, des prestations dans de gros festivals en 2010 (Summer Breeze, Metal Camp, Wacken, Sonisphere)… Et c’est finalement chez NoiseArt Records que sort ce troisième opus, « Dead Again », un an tout pile après « Sanctify The Darkness »… sans doute un tournant dans la carrière de la formation grecque.
Sortez vos clous, vos vestes à patches, toute la panoplie que vous gardez d’ordinaire pour Slayer ! La musique des Athéniens s’inscrit dans la pure tradition des années 80, et suit le courant le plus agressif du thrash, avec en tête des influences la bande à Tom Araya, Kreator et Sepultura. Attention, pas le Sepultura musicalement pathétique depuis plus d’une dizaine d’années, plutôt celui d’Arise. Et croyez-moi, votre nuque sera mise à rude épreuve tout au long de « Dead Again » !
Une intro sur une mélodie calme, très prenante, évoquant les vieux albums de Sepultura (l’intro de « Beneath The Remains » ou de « Desperate Cry »)… le calme avant la tempête. « Reborn In Violence » arrive avec un riff énorme (qui à présent n’arrive plus à sortir de ma tête), puis un rythme thrash très rapide : la puissance de feu de Suicidal Angels nous explose à la tronche, notre nuque aime ça, en redemande… et ce n’est que le début. On est pris à la gorge en permanence, et le jeu ne se calme qu’à de rares occasions (« Beggar Of Scorn », introduction de « The Lies Of Resurrection »)… pour mieux nous en foutre plein la gueule l’instant d’après ! A vrai dire, la recette proposée ressemble à celle de « Sanctify The Darkness »… A quelques ajustements près tout de même, dont certains de taille !
La première chose qui frappe, c’est le changement dans la voix : les Athéniens ont enfin compris que c’était jusqu’alors leur principal point faible ! Les vocaux de Nick sur l’album précédent cultivaient un sacré paradoxe, celui d’apporter une touche « evil » appréciable aux compos tout en sapant l’agressivité des instruments. C’est que chuchoter sur du thrash, c’est un peu comme si Carla Bruni chantait sur du Slayer… Dans ce « Dead Again », le chant est bien plus gueulé, et s’il semble moins « diabolique » que par le passé, c’est pour mieux coller au thrash joué par le groupe. Le timbre de Nick se rapproche du coup d’un certain Max Cavalera. Attention, pas le Cavalera musicalement pathétique depuis plus d’une dizaine d’années, plutôt celui d’Arise. Et ça se sent notamment sur les puissants refrains qui parsèment ce skeud (« Reborn In Violence », « Bleeding Holocaust », « Violent Abuse »).
Cette vivacité est renforcée par la production des instruments, la meilleure qu’ait eue le groupe. R. D. Liapakis a fait du très bon boulot : les instruments sonnent bien agressifs, un son à la fois moderne sans pour autant dénaturer le côté thrash old school ! Les riffs acérés de Nick et Panos sont bien mis en avant, et c’est d’ailleurs le principal atout de la musique de Suicidal Angels : ces derniers sont aussi acérés que ceux d’un Slayer de la grande époque, et sont à la base des meilleurs moments de l’album. Je parlais tout à l’heure de « Reborn In Violence », mais chaque titre possède son riff assassin, notamment « Bleeding Holocaust » (à 0 : 44), ou le morceau-titre « Dead Again » ! Par moments, ces riffs se veulent plus mélodiques (« Suicide Solution », « The Trial »), se rapprochant d’un Kreator.
Alors certes, on peut chipoter sur un point : l’album n’étant pas extrêmement varié, il a tendance à se répéter vers son terme. Mais cette impression s’estompe rapidement, et on reprend notre mouvement de nuque de plus belle devant l’efficacité imparable de l’usine à riffs grecque. D’autant que si les influences citées plus haut restent présentes, on finit par reconnaître la patte du groupe au fur et à mesure que l’on s’imprègne de l’album. A noter aussi que les soli (très « Slayeriens » dans l'âme), courts mais toujours judicieusement placés, sont plus présents que par le passé.
A l’instar de Slayer qui a élevé son troisième album au rang de culte, Suicidal Angels a-t-il pondu ici sa masterpiece ? Sans aller jusque-là, il est tout de même évident qu’avec « Dead Again », les grecs ont passé un palier, et il n’y a aucun doute que lorsque les vétérans tireront leur révérence, ils seront amenés à jouer les premiers rôles sur la scène thrash : à l’heure où les créateurs de « Reign In Blood » commencent à donner des signes de fatigue inquiétants, la relève est assurée.
1. Damnation
2. Reborn In Violence
3. Bleeding Holocaust
4. The Trial
5. Suicide Solution
6. Beggar Of Scorn
7. Victimized
8. Violent Abuse
9. The Lies Of Resurrection
10. Search For Recreation
11. Dead Again
12. Final Dawn