Non.
Alors inconnu avant 2023 pour ma part, Mansion n'est pourtant pas né de la dernière pluie. Des EPs depuis 2013, un premier album en 2018, mais c'est bien Second Death qui est parvenu jusqu'à moi cette année. Depuis janvier, pourtant, je n'ai pas tant que ça entendu parler de l'opus, sorti en indépendant... Même si l'album n'est pas une énorme claque pour ma part, la veine qui est ici creusée mérite bien le détour.
En très très résumé, si vous aimez le style de Crippled Black Phoenix sur Ellengæst et Banefyre, il y a de grandes chances pour que Second Death soit pour vous une découverte mémorable. Voyez-vous le style dark rock un peu dérangeant, pas tout à fait gothique, mi-cauchemardesque mi-mignon ? C'est cette même veine qu'on retrouvait sur le dernier album de Crippled Black Phoenix et qui forme un noyau dur ici également. De son côté, Mansion explore une facette un peu plus doom, qui rappelle aussi les boucles lancinantes et incantatoires de Wolvennest. Une sorte de doom dark rock aux accents gothiques.
C'est bien le chant féminin d'Alma qui porte le projet à mes yeux, très proche de celui de Belinda de Crippled Black Phoenix tant dans le timbre que dans les intentions vocales. Le grain, presque enfantin parfois, joue beaucoup dans ce côté théâtral et noir qui dessine la silhouette singulière de Mansion. La complémentarité qu'on entend parfois avec un chant masculin très solennel fonctionne très bien, autant que les harmonies vocales, absolument omniprésentes, qui sont savoureuses à souhait.
L'album prend en réalité tout son sens quand on comprend qu'il dépeint le paysage d'une secte chrétienne finlandaise, qui a eu son heure de gloire des années 1920 à 1950, appelée le Kartanoisme. Ces côtés très renfermés, solennels, mystiques et en fait, très sérieux, sont retranscrits à merveille par les sonorités de Second Death. Ce qui peut toutefois dérouter, c'est que le line-up du groupe est apparemment constitué d'adeptes de cette croyance aux règles très strictes et austères... En tout cas, les interviews du groupe semblent appuyer l'idée que le groupe soit ouvertement kartanoiste. Clairement, les élans épiques, narratifs voire prêcheurs des 50 minutes de Second Death prennent soudainement une tournure plus authentique et intense. A moins que le groupe ne joue un rôle, volontairement, pour se donner une image et pousser son art jusqu'au bout ? Le doute plane !
Toujours est-il que, malgré le côté répétitif des titres qui dépasse de peu l'équilibre bien dosé, hypnotique, qu'on peut attendre de ce type de musique, l'album est vraiment bon. Plus je l'écoute, ayant en tête ces images qui me fascinent sans que je sache pourquoi, plus l'album prend son sens. Un groupe à suivre ces prochaines années, sans doute.
Tracklist :
1. Procession
2. The Sword of God
3. No Funeral
4. Heathen Hole
5. In the Court of the Sorrowless
6. Second Death
7. You Are Suspicious