Death metal et science-fiction : une oreille dans les étoiles, une autre dans les enfers.
On est quelques-uns au sein d’Horns Up à (penser) le savoir et à le clamer ci et là sur Internet : Militarie Gun se rapproche à toute vitesse d’un succès commercial inévitable, et Life Under the Gun, son premier full-length qui sort le 23 juin (chez Loma Vista et Concord), en est peut-être un des signes annonciateurs les plus criants. Pas pour rien que le groupe fait partie de nos plus grosses attentes pour l'Outbreak 202.
Le groupe californien a lancé sa discographie avec des titres d’une qualité démentielle. Le plancher était d’emblée très haut, et depuis 2020 le plafond chatouille les étoiles. Le grand défi de ce premier album était de surpasser l’énergie punk de « Dislocate Me » et « Ain’t No Flowers » (bangers absolus), et il est brillamment relevé.
Militarie Gun cultive toujours son potentiel tubesque, en témoignent les trois singles révélés depuis quelques semaines (« Do It Faster », « Very High », « Will Logic »). L’intensité est toujours immense (« Think Less ») et reconnaissable, les frioritures réduites à un strict minimum. On a les deux pieds plantés dans la nouvelle vague du hardcore qui fait vibrer les cool kids depuis déjà quelques années (notons que la plupart d’entre nous ne sommes ni cools, ni kids mais bref) : Turnstile, Drug Church (leur guitariste Nick Cogan joue aussi dans MG), One Step Closer, les noms qui me viennent à l’esprit sont comme Militarie Gun ; complètement hype, avec une cred underground qui parle aussi aux anciens du hardcore (Ian Shelton fait aussi de la powerviolence de haute volée dans Regional Justice Center). Son chant écorché et plein d’énergie rappelle Pat Flynn dans Fiddlehead, avec un grain tout personnel qui fait vraiment la singularité de Militarie Gun dans cette scène où les gros poissons se ressemblent de plus en plus.
Les vibes sont bonnes, ça fleure le soleil de Californie et le vécu pas facile de Mr. Shelton, qui traîne dans sa musique son enfance au milieu d’une famille en proie à l’addiction. Façon de raconter toute la souffrance et la désillusion qui traverse les États-Unis depuis un bout de temps, et ce presque aussi bien que Chat Pile l’année dernière. Ian Shelton et son équipe agrémentent tout leur répertoire hardcore de touches lorgnant vers le rock indé (et ce que Fugazi a pu faire de plus accessible par exemple), voire le pop-punk, impossible de ne pas penser à The Offspring en écoutant le refrain de « Never Fucked Up Once », voire à Green Day dans « Seizure of Assets ».
On notera un travail vraiment cool sur les clips des singles (et c’était déjà le cas sur les premiers EPs), avec des visuels signés Will Acuña (autre guitariste du groupe), pleins d’une nostalgie douce-amère, à l’image d’un « See You Around », ballade qui fait office de faux épilogue à l’album. Même chose pour la pochette, évocatrice et travaillée. L’emballage est presque aussi beau que le cadeau qu’il contient, et ce premier album est un carton plein pour Militarie Gun. Bravo les gars, et à toute en tête d’affiche.
Si ça vous botte de voir Militarie Gun en live sans payer trois SMIC en billets d'avion, rendez-vous le 11 novembre 2023 au Pitchfork Music Festival, il reste des places par ici.
Tracklist :
1. Do It Faster
2. Very High
3. Will Logic
4. My Friends Are Having a Hard Time
5. Think Less
6. Return Policy
7. Seizure of Assets
8. Never Fucked Up Once
9. Big Disappointment
10. Sway Too
11. See You Around
12. Life Under the Gun
