Non.
J'aurais adoré vous dire que le nouvel album de Grave Pleasures est une perle. Vraiment, hein. Je l'attendais, pas comme le messie mais presque et ce serait un mensonge si je disais que Plagueboys ne m'a pas déçue. Je pense qu'on est nombreux et nombreuses à avoir un regard assez identique sur la discographie : aux origines, Climax de Beastmilk était une sacrée claque, avec une ligne directrice aussi énergique que tranchante et sensuelle. Le groupe a changé de line-up et de nom, amenant ainsi Dreamcrash, la plus grosse déception à ce jour. Pourtant, Grave Pleasures s'est relevé en proposant Motherblood qui a mis presque tout le monde d'accord : le retour des bombes lancées quelques années auparavant était effectif avec, en plus, une part esthétique très affirmée et bien attrayante.
Plagueboys sonne bien sûr le retour des clips signés David Fitt et mettant en scène la danseuse Eva Dereta, ce qui m'enchantait personnellement, pour « Heart Like a Slaughterhouse » et « High on Annihilation ». Après le clip de « Society of Spectres » qui, si vous aviez lu la Revu d'actu à ce moment-là, m'avait vraiment emballée, j'étais plutôt sereine quant à l'entièreté du nouvel album. Je l'ai écouté, plusieurs fois, sans jamais avoir vraiment envie d'y revenir et je vous explique pourquoi.
Globalement, là où Motherblood avait remis les pendules à l'heure avec des tubes pêchus et entêtants, Plagueboys est complètement passé à côté. Si les sonorités nouvelles de « Society of Spectres » et son côté sombre et doux à la fois avaient bien fonctionné, les autres titres ont du mal à sortir du lot. Une grande majorité de morceaux mid-tempo, zéro violence ou impact notable, c'est le vide côté guitares avec une voix au premier plan qui fait juste écho à la basse la majorité du temps, des lignes de chant assez banales, un batteur qui a dû s'ennuyer à jouer les mêmes partitions sur 42 minutes...
Si on reconnaissait à Grave Pleasures une facette deathrock bien présente, au-delà de la simple étiquette post-punk, on peut clairement oublier ici. Aucune prise de risque un peu extravagante, aucune accélération et finalement plus rien de punk. Je viens de découvrir le vieux groupe Screams for Tina qui a l'avantage d'avoir un chant parfois proche de celui de Mat McNerney (que j'adore pourtant, mais là clairement ça ne prend plus). Autant dire que, dans un format beaucoup plus crade et authentique, il y a de grandes chances que j'aille creuser plutôt du côté des années 90 pour avoir ma dose cette année.
Vraiment, les titres s'enchaînent et rien ne semble décoller. « High on Annihilation », qui est censé être le titre un peu coup de poing acidulé de l'album, dans le genre des couleurs de la pochette, ressemble juste à un vieux bonbon décoloré et fondu au fond du sachet. Lorsque, juste après, « Lead Ballons » débute, c'est vraiment la dégringolade car c'est lent, c'est engourdi, on a envie d'aller les voir en concert pour les secouer et leur demander de multiplier par deux les BPM. « Plagueboys », titre éponyme donc par essence tube de l'album, ne reste pas en tête après l'écoute. La dimension un peu sexy du titre ne prend pas chez moi, en tout cas. C'est ronflant et je ne suis même pas sûre de l'utilisation de ce terme, pourtant il me semble super bien adapté.
J'aurais adoré vous dire que j'ai adoré. Mais le flop est réel et, espérons-le, Grave Pleasures est peut-être parti sur un schéma d'un album génial sur deux (comme c'est le cas pour Hexvessel je trouve, autre projet parfois grandiose de Mat McNerney, donc rien d'étonnant). En attente du prochain...
Tracklist :
1. Disintegration Girl
2. Heart Like a Slaughterhouse
3. When the Shooting's Done
4. High on Annihilation
5. Lead Balloons
6. Imminent Collapse
7. Society of Spectres
8. Conspiracy of Love
9. Plagueboys
10. Tears on the Camera Lens