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Album

24 avril 2023 - Storyteller

Ne Obliviscaris

Exul

LabelSeason of Mist
styleProgressive extreme metal
formatAlbum
paysAustralie
sortieavril 2023
La note de
Storyteller
9/10


Storyteller

Why not ?

Exilé, banni, esseulé, voilà comment l’auditeur rencontre le nouvel album de Ne Obliviscaris, visiblement fan de latin. Pourtant de Rome, ils en sont bien loin, dans leur land down under. Originaires de Melbourne, en Australie, le quintet revient avec un quatrième album, soutenu par Season of Mist, intitulé Exul. Le lineup étant d’une grande stabilité depuis bien longtemps, c’est presque la même équipe qui se présente devant vous, gage de continuité dans la musique pour ceux qui avaient fait leur connaissance précédemment, Urn, leur 4e album datant de 2017. Vous avez noté le « presque » dans ma phrase précédente, en effet, seul leur bassiste n’a pas participé au précédent opus, puisqu’il a intégré le groupe en 2018. Ils se sont aussi offerts les services de Dan Presland derrière les fûts (que vous pouvez entendre sur les albums de Vipassi, une formation de tech death).

Six ans entre deux albums, on peut dire que le groupe sait prendre son temps. Mais l’histoire est bien différente lorsque l’on regarde les détails. L’album devait être enregistré en 2020 mais le coronavirus a changé les plans du groupe en les confinant aux quatre coins du monde, puisqu’ils sont originaires de continents différents. Quand vous jetez un œil aux lieux d’enregistrement, on aura l’Italie pour la basse, la France pour une guitare acoustique, les USA pour la batterie et le reste en Australie. Pour un album produit, mixé et masterisé aux USA. Trois tours du monde pour six titres et 51 minutes de musique.

L’artwork a été réalisé par Xen, le chanteur growl, qui écrit aussi les paroles. Chargé en symboles religieux, des imageries des templiers, on y voit une imagerie sacrée aux contours très modernes, qui ressemble à un photomontage. L’ensemble est très travaillé, très détaillé, comme l’est la musique du groupe. Parce que si la promo annonce du melodic black metal (sic), on tombe en réalité très loin de cette description. On entre en effet dans du progressif de très haut niveau. Tout d’abord, aucun titre ne passe sous la barre des sept minutes, si l’on fait exception de « Anhedonia », instrumentale qui clôt l’album. Le groupe s’est même fendu d’une chanson épique en deux parties : « Misericorde », où l’on retrouve ce thème religieux.

On y découvre à quel point Ne Obliviscaris sait prendre son temps et utiliser ses éléments qui les rendent uniques. Le violon étire la partie centrale de « Misericorde II – Anatomy of Quiessence », avant de faire rentrer un second violon, pour donner encore plus de volume. On se sent complètement porté par le titre et son ambiance. L’instrument est clairement un des atouts du groupe, qui transforme un titre en moment de drame comme sur « Equus » sur lequel on sent la douleur que le groupe a voulu imprimer pour parler de la mort des animaux lors des feux de forêt en Australie. Ou encore pour débuter « Suspyre » et soutenir le crescendo des instruments, avant que les blasts ne commencent et que le groupe se lâche complètement.

Mais Exul c’est bien plus que de l’ambiance et du violon. Les deux singles « Equus » et « Graal » (tiens, une autre référence aux templiers), sont des monuments de metal progressif extrême. Bien sûr le groupe sait jouer vite, même si ce n’est pas son fond de commerce, et surtout ils savent mettre en avant chacun de leurs atouts : basse et guitares se répondent dans des soli qui ne sont jamais (de) trop, les deux chanteurs se confrontent et le violon rajoute du drame aux riffs. Mention spéciale au bassiste, Martino Garattoni, qui sait prendre sa place et faire sonner son instrument comme saurait le faire les grands du genre comme Dominic Lapointe de First Fragment. La partie centrale de « Graal » : basse, guitare acoustique et solo est incroyable. Les guitares, pièce maitresse de la partition du groupe, ne sont jamais complexes pour rien et on rentre souvent dans des syncopes subtiles qui ne donnent pas un aspect prétentieux aux chansons. Mais surtout, leurs parties sont de beaux exemples de densité et de rapidité.

On pourrait parfois se sentir décontenancé par les deux chants, celui de Tim Charles est surprenant et pas aussi mélodique que ce que l’on a l’habitude d’entendre dans ce genre de metal. Mais c’est aussi sur ce point que l’identité du groupe est forgée. Et la mélodie de son chant sur « Anhedonia » est hypnotique, gommant les doutes que l’on pourrait avoir sur d’autres passages.

Ne Obliviscaris est là où on ne les attend pas. Du chant clean, un violon et des morceaux à rallonge, on pourrait s’attendre à un groupe qui va nous perdre ou en faire trop. Mais c’est précisément sur ce point que l’on se trompe. C’est un groupe de metal dans le beau sens du terme mais aussi de progressif dans tout ce que cela connote de technique et aussi de recherche dans la création. Exul est un album somptueux, enfanté dans la douleur mais qui ne contient aucun moment faible, aucune chanson ou passage de trop. Ils nous embarquent très haut et c’est très clairement un des monuments de l’année que vous avez entre vos mains.
 

Tracklist :
1. Equus
2. Misericorde I - As The Flesh Falls
3. Misericorde II - Anatomy of Quiescence
4. Suspyre
5. Graal
6. Anhedonia

 

 

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