Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
Nouveaux venus remarqués sur la scène metalcore américaine au tout début des années 2010, We Came As Romans a eu un parcours pour le moins mouvementé. Parfois vilipendé pour une musique très orientée « grand public » et usant de tous les clichés du genre, le groupe a en plus du vivre l’impensable : perdre son leader Kyle Pavone - à seulement 28 ans - d’une overdose tout juste un an après la sortie de leur dernier album en date, Cold Like War. Un épisode naturellement douloureux dont on ne savait pas vraiment si le groupe allait se relever, malgré la volonté de garder le cap et de continuer à tourner tant qu’ils le pouvaient.
Et pourtant, trouvant certainement une raison de poursuivre et d’écrire dans le drame vécu, les Américains sont revenus en octobre 2022, soit près de cinq ans après le dernier opus, avec un Darkbloom qui m’aura plutôt convaincu alors même que je n’en attendais pas forcément grand-chose.
Sans révolutionner son approche puisque le groupe continue de naviguer dans des contrées metalcore en y ajoutant régulièrement des éléments de musiques électroniques à la Bring Me The Horizon, il est frappant de constater que le groupe opte pour un son résolument nu metal sur la plupart des titres et une approche très fédératrice dans les refrains (« Darkbloom » en tête). On retrouve toujours ce côté imparable et catchy mais la tonalité de cet album, emprise de spleen pour des raisons que l’on imagine, offre une nouvelle dimension au groupe. Naturellement, si vous êtes peu amateur de metalcore mélodique, vous n’y trouverez guère de satisfaction. Mais là où la démarche de certains groupes du genre paraît parfois un peu superficielle et, surtout, artificielle, rien de tout cela ici. L’album transpire d’émotions, des très nu metal « Black Hole » et « Daggers » (et ses lignes de rap made in Zero 9:36) en passant par la très originale « Doublespeak ».
Comme toujours avec le groupe, le courant est alternatif. Alors même que ce nouvel opus met en lumière de nouvelles prises de risque dont le dernier titre cité, qui met clairement en lumière que le groupe en a sous le pied, ce dernier se perd de nouveau dans des titres plus mélodiques et pas toujours très inspirés comme la très convenue « The Anchor » ou la doucereuse « Holding the Embers ». Comme si le trop-plein d’émotions du groupe ne lui avait pas permis de tracer un chemin clair, de définir un cap et de s’y tenir.
Au fond, le constat que l’on fait avec cet album est un peu le même que celui des albums précédents. En voulant évoluer dans la branche la plus mélodique du metalcore, aux confins des ressorts pop - à la Beartooth -, le groupe prend toujours ce risque de se prendre les pieds dans le tapis. Et cet album n'aura pas dérogé à la règle. Malgré ces expérimentations mitigées, il n'en demeure pas moins que cet album contient quelques excellents titres et, surtout, porte une émotion inconnue jusque lors dans la musique du groupe. Du bon, du moins bon, mais un We Came As Romans plus vivant que jamais.
Tracklist :
1. Darkbloom
2. Plagued
3. Black Hole
4. Daggers
5. Golden
6. One More Day
7. Doublespeak
8. The Anchor
9. Holding the Embers
10 Promise You