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Album

07 février 2023 - Storyteller

Wuw

L'Orchaostre

LabelPelagic Records
stylePost Metal instrumental
formatAlbum
paysFrance
sortiefévrier 2023
La note de
Storyteller
8.5/10


Storyteller

Why not ?

La musique instrumentale est, dans le metal, un style qui navigue sur les franges du genre en explorant un paradigme qui met de côté une des composantes essentielles du style, son chant. WuW, duo français, sort son troisième album, L’Orchaostre chez Pelagic Records. Et pour la troisième fois, les deux frères sortent un album complétement dépourvu de chant et se basant sur un concept post-apocalyptique. On y accompagne des jeunes qui avancent dans un monde ravagé et un paysage désolé. On suivra donc ces quelques indications afin de se créer une image mentale, très peu guidée, de cette histoire sans paroles. Et sans aucun doute, on y verra quelque chose de boueux, dépourvu de nature et presque de lumière.

Pour une œuvre hors norme, il faut une pochette qui réponde à ce caractère. Artwork moderne, toute en lignes et en traits, verticaux et horizontaux, et un seul cercle, comme une lumière pale qui domine cet angle dont les perspectives sont cassées. Un visuel sombre, tout en détails, et qui donne en même temps une sorte d’effet de confusion, voilà en une image résumée la façon de penser de WuW.

Quand on lit le titre de l’album, L’Orchaostre, on se demande si l’on va écouter la bande son de l’enfer. Mais il n’y a rien d’orchestral ou de prétentieux dans la musique de WuW. Et même si des morceaux comme « L’Orchaostre 2 » ont en leur sein des passages dont le son est assez agressif et accrocheur, l’ensemble reste planant et lent. Le seul moment explosif sera le final de « l’Orchaostre 5 », qui est aussi celui de l’album, comme un final en apothéose d’une histoire vouée à se terminer dans le malheur.

En explorant les cinq titres, on s’aperçoit que le groupe navigue à travers des couches de sons qu’il superpose et alterne. Un riff nait, se développe, poussé par une batterie lourde et au timbre profond, et puis un autre son, parfois électronique, parfois de guitare, vient prendre sa place. Le tout avec un tempo écrasant de lenteur, sur des titres s’étalant au-delà des huit minutes.

Difficile d’écouter WuW avec les mêmes dispositions que l’on aurait pour un disque « normal ». Ici, il n’y a pas de refrain accrocheur ou de soli démentiels. On accroche sur l’ensemble du morceau et c’est captivant de sentir comment on finit par connaitre le déroulé de la chanson, le lien entre les différentes parties et on écoute les morceaux en entier, en se laissant bercer. Si l’on prend l’exemple de « L’Orchaostre 3 », le départ avec un seul instrument qui va crescendo, puis un autre, puis la distorsion, le tout accompagné de sons électroniques qui nous hypnotisent. La lenteur nous permet d’en apprécier chaque détail, chaque répétition porte quelque chose de nouveau, jusqu’à un apex, puis la redescente qui va mettre en avant la basse ou la guitare avant de repartir sur un final qui sent le déchirement, la souffrance, l’écrasement. On ne quitte pas le morceau parce qu’on a envie de connaitre la fin de l’histoire. On pourrait recommencer ce raisonnement où la musique et le sens vont de pair, mais c’est aussi à vous d’écrire votre histoire.

Ainsi, on peut se poser la question de la meilleure ambiance pour écouter WuW. Allongé, sur un canapé confortable, dans la pénombre. On profite alors à plein de l’ambiance et de l’histoire que les deux frères nous racontent dans L’Orchaostre. C’est une bande-son prenante et pesante, un album qui prend son temps pour s’installer et se développer. Pas de chevauchées fantastiques ou de morceaux de bravoure mais plutôt cinq titres que vous écouterez d’une traite, captivés par l’atmosphère. Vous avez devant vous une œuvre singulière et des artistes qui le sont tout autant, mais il serait dommage de ne pas se laisser emporter au moins une fois.

 

Tracklist :


1. L'Orchaostre 1
2. L'Orchaostre 2
3. L'Orchaostre 3
4. L'Orchaostre 4
5. L'Orchaostre 5
 

 

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