Chronique Retour

Album

10 novembre 2022 - Storyteller

Neurotic Machinery

A Loathsome Aberration

LabelIndépendant
styleDeath Metal progressif
formatAlbum
paysTchéquie
sortiejuillet 2022
La note de
Storyteller
7.5/10


Storyteller

Why not ?

Neurotic Machinery est une formation tchèque qui présente son sixième album, A Loathsome Aberration. Le premier détail qui frappe en découvrant ce groupe, ce sont ses deux chanteurs. Cinq membres, deux guitaristes, un batteur, deux chanteurs, on ne peut pas dire que ce soit classique dans le registre Death Metal. Mais peu importe, ils ont plus que la composition du groupe à défendre, à commencer par un artwork somptueux et effrayant, cet arbre d’âmes, ce décor tout en pics, ciselé, tendant vers le ciel d’une planète qui ne semble guère accueillante. Très réussi ; une accroche visuelle qui donne envie de découvrir l’album.

Neurotic Machinery est un groupe qui a compris de quoi le death metal en 2022 est fait. On retrouve des éléments qui ont fait l’originalité ou le succès d’autres groupes comme le saxophone sur « Particles », même si les passages restent beaucoup plus discrets que chez Rivers of Nihil par exemple. Mais il y a aussi un passage avec un chant féminin sur « Self-Suppressed ». Le but semble d’apporter un contraste, comme une voix dissonante dans l’esprit du protagoniste. Le chant étant quelconque, on n’en tire toutefois guère de bénéfices dans la chanson. On tombe presque dans le pénible, alors que le titre est fait d’une lourdeur, d’une lenteur écrasante, où l’on prend des coups de massue.

Neurotic Machinery, c’est avant tout un groupe qui cultive la puissance par des rythmiques, souvent mid-tempo. « Blame » en est un bon exemple, à la fois légèrement groovy mais qui ne fait jamais décoller la vitesse. Ce qui donne bien sûr son caractère à Neurotic Machinery, qui s’insère dans une branche de death metal particulière, loin des records de bpm des figures de proue du genre, mais plutôt celle avec un son bien grave, presque gras et étouffé, ce qui reste une marque de fabrique des pays d’Europe de l’Est et centrale.

Bien sûr, ils n’oublient pas deux composantes essentielles du genre : la brutalité et le progressif. Le premier aspect se fait par les classiques blasts beats qui viennent pousser certains titres mais aussi par un son d’une densité notable. C’est grave, c’est bas et cela renforce l’effet rouleau compresseur de A Loathsome Aberration. Le second, le progressif, est audible sur la longueur, les chansons s’étirent, se développent, sans seulement compter sur le shred. Ce n’est pas l’aspect prétentieux du prog que l’on a là, mais plutôt les structures très travaillées comme sur le meilleur titre de l’album « Transcendental ». Des touches de Fallujah, des changements de rythmes, des passages techniques, un refrain plutôt mélodique, un break tout en calme et en atmosphère, tout se combine à merveille pour donner du corps à cette chanson. On ne donnera pas un prix d’originalité à Neurotic Machinery mais plutôt un prix d'interprétation.

Huit titres et trente-cinq minutes, A Loathsome Aberration est un album compact et dense. Pour sûr, il n’est pas parfait et quelques maladresses, à mon goût, viennent un peu écorner l’impression d’ensemble. Mais le death metal progressif ne peut pas se prévaloir de beaucoup de groupes évoluant dans cette frange. Alors, il est grand temps d’y poser une oreille et de ne pas laisser passer ce bon album de Neurotic Machinery qui fera partie des bonnes surprises de 2022.

Tracklist:
1. Aberration
2. Insanity
3. Particles
4. Self-Suppresed
5. Delusion
6. Blame
7. Insomnia
8. Transcendental