REVUE D'ACTU #50 : Amon Amarth, Ponte del Diavolo, Gorod, GGGOLDDD, Allegaeon...
Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
Et bien mine de rien, cet article est déjà le 50ème épisode de notre revue d'actualité qui parait toutes les deux semaines ! Une belle longévité pour une de nos premières tentatives d'instaurer des rendez-vous réguliers à notre lectorat. Et -coup de chance- l'actualité est cette fois assez remplie, avec quelques noms plutôt imposants par leur notoriété, dans des styles quand même très variés, puisqu'on alterne Gorod et Amon Amarth, entre autres !
Ponte del Diavolo
Dolorès : S'il y a bien un groupe dont l'annonce d'un nouveau single m'a remuée, c'est Ponte del Diavolo. Le projet, lancé comme un bœuf de musiciens de la scène metal extrême italienne qui tourne à l'EP en 2020, m'avait conquise. Au programme, un Doom/Black porté par une chanteuse magnétique et, chose assez rare et fun, deux bassistes. Thématiques ésotériques à tout va rejoignent un son assez crade (mais pas trop !) pour un ensemble ultra cohérent et addictif.
« The Unborn » ne déroge pas à la règle et, si le chant se fait un poil moins incantatoire que les meilleurs passages de l'EP et l'instru un peu moins rentre-dedans, il n'empêche que le titre donne une confiance aveugle en l'EP second à venir. On retrouve tout ce qui faisait le charme de Ponte del Diavolo tout en donnant une aura un peu plus mûre à l'ensemble. Cela dit, pas de date précise annoncée pour la sortie de Sancta Menstruis, si ce n'est que ça devrait être là en 2022.
Gorod
Storyteller : Filmé dans un grenier avec en easter egg, un magnifique poster en arrière-plan, le clip de Gorod, « Victory » est un des titres les plus attendus par la communauté tech death. Après une fin d’année royale, 2022 nous offre une première sortie majeure. Les Bordelais ne déçoivent pas, ça cartonne, sans fioritures dans la production, on se prend un son brut dans la tête. Blasts et riffs bien twistés et cette partie centrale de dingue, digne de la place que le groupe occupe dans la tête de peloton du genre. Avant de compléter l’affiche avec Leprous et Messhuggah ou enore leurs compères de Benighted, Gorod a su appâter son public.
Kuolemanlaakso
Malice : Malgré la sympathie à l'interview de leur chanteur Mikko Kotamäki (à lire ici), je dois dire que le dernier opus de Swallow The Sun, malgré ses très belles mélodies, une identité très marquée et quelques belles pièces, ne m'avait pas emporté autant qu'habituellement l'année passée. J'ai donc de vraies attentes concernant l'un des autres groupes de Kotamäki : Kuolemanlaakso, qui sortira son troisième album, Kuusumu, la semaine prochaine. Le vocaliste y est bien plus inspiré sur tous les plans, chantant ici en finnois, ce qui amène un surplus d'identité à la musique du groupe. On reste ici sur du doom-death assez accessible, mais bien plus axé sur les riffs que sur la mélodie, parfois rehaussé de claviers sombres. Tulijoutsen (2018) était déjà une perle du genre, et les déçus de STS pourraient bien retrouver chez Kuolemanlaakso le mordant perdu.
Mercenary
Storyteller : il s’en est écoulé du temps avant que Mercenary, groupe danois de heavy thrash avec des touches mélodiques ne relève la tête d’un hiatus qui a laissé leurs réseaux sociaux vides et nos oreilles en manque. Les voilà enfin sortis de leur silence qui a suivi une année sabbatique en 2014, une pandémie et des problèmes de batteur, avec une campagne de financement participatif pour compléter leur nouvel album qui est attendu pour décembre de cette année. Les connaisseurs ne seront pas déçus d’entendre que "Where Darkened Souls Belong" est infusé de leur identité et de leur son, à la fois rude avec quelques growls et mélodique avec de longs soli et des riffs bien enlevés. Ils méritent tout votre soutien à commencer par aller jeter une oreille par là :
Mors Principium Est
Michaël : C'est toujours un plaisir que d'entendre du Mors Principium Est. Un peu moins lorsque l'on se rend compte que le prochain album du groupe, qui sortira le 8 avril 2022 chez AFM Records et intitulé Liberate The Unborn Inhumanity ne sera en fait qu'une compilation de titres des trois premiers albums et de la deuxième démo du groupe, réenregistré et masterisé. Certes, c'est toujours agréable d'entendre des titres que l'on connait par coeur être modernisé, mais on espérait un peu mieux du groupe. A la vérité, le départ de Andy Gillion a fait un grand mal au groupe. Certes, des visages connus sont revenus, mais il n'en demeure pas moins que le maître à penser du groupe a quitté les rangs du groupe avec fracas, et il ne faudrait pas que les Finlandais se bornent à regarder derrière eux. D'autant plus que les derniers opus du groupe étaient fantastiques. Espérons, donc, que ce ne soit qu'un petit instant nostalgie et que le groupe se remette rapidement à composer et à nous proposer du neuf.
Allegaeon
Michaël : Les Américains de Allegaeon (Death Technique) ont sorti un album intitulé Damnum pas plus tard que vendredi dernier. Un cocktail déjà entendu - avec, cette fois-ci un surplus de voix claire qui n'est pas du meilleur effet - mais avec quelques fulgurances. Cela a toujours été le cas avec le groupe qui a alterné l'excellent, le bon et le médiocre tout au long de sa carrière, parfois même au sein d'un même titre. Ce qui est certain, c'est que le groupe ne figurera pas dans la prochaine Rubrique Necro' ! Pour les curieux, le groupe a mis en ligne un clip pour le titre Vermin, qu'on vous laisse découvrir ci-dessous.
Amon Amarth
Matthias : On ne va pas se le cacher : on a tous un t-shirt Amon Amarth au fond de notre armoire, et on ne sait pas trop dans quel contexte le porter à nouveau mais ce n'est pas pour autant qu'on compte s'en séparer. Car on ne peut nier aux joyeux vikings du death mélo à la suédoise d'avoir contribué à l'apprentissage musical de beaucoup de monde, même si récemment, ils ne se sont fendus que d'un Jomsviking fort fade et d'un Berserker carrément gênant. N'ont suivi depuis 2019 qu'une flopée de réenregistrements à l'utilité douteuse et puis soudain, par surprise, voila que débarque un single original intitulé « Put Your Back Into The Oar » et accompagné d'un clip, encore bien.
Et là, surprise, ce morceau s'avère être le meilleur sorti par Amon Amarth depuis... Et bien, depuis l'épique Deceiver of the Gods, sorti il n'y a pas moins de neuf ans ! Non pas qu'on ait affaire à un tube absolu façon « Twilight of the Thunder God » ou « With Oden on Our Side », mais que ce soit la rythmique, le texte, ou encore l'obligatoire petit passage en solo de guitare, et bien tout fonctionne et on se retrouve pris dans le morceau, un peu surpris mais certainement pas déçu d'avoir pris le temps de l'écouter. Quant au clip... Bon, le Metal n'a jamais fort brillé sur ce format et on sourira devant les plans de Johan Hegg haranguant ses rameurs en pleine tempête sur fond vert, alors qu'Arkona nous montrait la même chose avec moins de moyen et plus de conviction sur « Goi, Rode, Goi! » dès 2009.
C'est honnêtement une très bonne surprise que nous font là les Suédois, mais on évitera quand même l'expérience du live ; car « Put Your Back Into The Oar » est taillé pour faire « ramer » un public de gros fans indéboulonnables du groupe dans toutes les fosses où Amon Amarth se produira. Et cette Alestormisation des concerts et des esprits, non merci, on a passé l'âge.
GGGOLDDD
Circé : Si comme nous, vous étiez en ligne au printemps dernier sur la plateforme du Roadburn Redux, version virtuelle du festival mise en place pour faire face à l'épidémie (et d'ailleurs l'une des expériences du genre les mieux réussies pour moi), ce qui suit ne sera pas vraiment une news. GGGOLDDD (nouvelle orthographe de GOLD) y avait en effet présenté une performance pleine d'émotions nommée “This shame should not be mine”. Je vous racontais déjà le bouleversement qu'avait été pour moi cette oeuvre dans notre petit compte-rendu collectif, mise en musique du traumatisme de Milena Eva dont le confinement l'a forcée à revivre le viol qu'elle a subi étant plus jeune. Quel bonheur de voir que les morceaux enregistrés en studio sonnent toujours aussi fort, en vue de l'album à venir début avril. “Invisible”, en particulier, sorti la semaine dernière, était l'un de ces morceaux qui m'avaient collé à la peau et ne m'était toujours pas sorti de la tête, avec ce refrain à fleur de peau, la voix de Milena dans les aigus comme au bord du gouffre. Le groupe met l'accent sur les arrangements électroniques, légère évolution créant une atmosphère plus froide et hostile. Les beats résonnant seuls sur les couplets tranchant avec la douceur du chant. Le style du groupe ne s'en retrouve cependant pas si changé, toujours aussi sensible et singulier. On sait déjà que l'album sera une réussite et un temps fort de 2022, et on a plus qu'hâte de pouvoir se le réécouter en entier. Sans limite de temps, cette fois. Les plus chanceux et chanceuses auront apparemment même l'occasion de revoir la performance en vrai au Roadburn de cette année...