REVUE D'ACTU #45 : Messa, Korn, P.H.O.B.O.S, Hank Von Helvete,...
Non.
Apprendre le décès d'un musicien qu'on admire n'est jamais agréable ; trouver les mots pour lui rendre l'hommage qu'il mérite s'avère toujours insatisfaisant. RIP Hank Von Hell.
Mais il y a aussi de bonnes nouvelles dans cette revue d'actu ! Un nouveau titre de Messa, le retour de Hands of Despair, l'annonce d'un nouveau P.H.O.B.O.S et bien d'autres news croustillantes. Bonne lecture et bonne écoute !
Hank Von Helvete
Di Sab : Hank est mort. Le 19 novembre au soir, nous avons appris qu’il était parti rejoindre tous ses amis à l’âge de 49 ans. Tout au long de sa carrière, Hank a lutté contre ses démons qui ont manifestement gagné. Depuis son départ de Turbonegro en 2010 (sa nouvelle sobriété n’était pas compatible avec le mode de vie du groupe), une forme de tension quasi érotique s’était installée. Le divorce avait été de circonstance, la réconciliation ne pouvait qu’arriver. Ces dernières années, son retour en majesté avec Egomania ainsi que des appels du pied explicites sur les réseaux sociaux nous laissait penser que notre patience allait être récompensée. Son départ brutal rend cet espoir caduc et laisse bon nombre d’entre nous un peu vides.
Turbonegro a rendu l’existence un peu moins intolérable. Le groupe a permis à beaucoup de comprendre que la légèreté est une réponse appropriée à donner à un monde toujours plus noir, toujours plus cynique. De nombreuses amitiés, de nombreux couples se sont formés via la Turbojugend. De nombreuses histoires ont pour point de départ deux personnes partageant un amour pour ce sextet absurde. Pour cela, l’apport de Hank Von Helvete au monde du rock est difficilement mesurable. Rest in Denim.
Messa
Dolorès : Très attendu, le nouvel album de Messa (doom italien) intitulé Close sortira le 11 mars 2022. L'opus a été dévoilé avec une superbe pochette représentant des femmes maghrébines, dans l'une des nombreuses danses qui sont pratiquées dans ces régions. Ici, le nakh, aussi appelé danse des cheveux, rappelle l'origine nomade de certaines coutumes d'Afrique du Nord...
Plongée dans le désert, la chanteuse Sara nous montre ces paysages à travers un clip, puis le groupe prend place dans une grotte étrange. Quelques notes jouées au oud en introduction, des paroles qui font écho à un certain pèlerinage, des femmes qui font onduler leurs chevelures les pieds dans le sable... On s'interroge : où le groupe veut-il en venir en choisissant de faire un parallèle entre cette danse folklorique et le headbang, typique de la musique metal ? Messa souhaite diriger ce nouvel album dans une tendance arabisante qui semble, à sortie de nulle part. Je me demande aussi, à titre personnel, pourquoi le groupe a choisi de puiser dans ce genre d'influences pour Close. Simple attrait de l'esthétique ? Recherche de racines chez l'un des membres du groupe ? En attendant le reste de l'album et, peut-être, des réponses à ces questions en interview, on peut toutefois apprécier la qualité du titre qu'est « Pilgrim », qui pousse encore un peu plus loin les démonstrations vocales de Sara et qui laisse présager de belles choses pour Messa.
Korn
Malice : Ca fait partie de ces groupes dont on peut difficilement passer à côté quand quelque chose sort : vos idoles d'enfance Korn a révélé récemment un nouveau single, "Start the Healing", extrait d'un Requiem dont le titre laisse quand même suggérer un chant du cygne, et qui paraîtra le 4 février 2022. Bon, on va être honnête : il s'agit là d'un morceau tout à fait correct, mais qui, en 2021, attend encore impatiemment un album de Korn après les albums insipides des dernières années ? Pas moi, même si comme à chaque fois, je l'écouterai pour la forme en me remémorant la grande époque. Car rares sont les albums de cette génération de groupes à avoir aussi bien vieilli que les Korn des années 90-2000 ...
Hands Of Despair
Malice : En 2016, j'avais été profondément saisi par la puissance de Bereft, second album des Québécois de Hands Of Despair : officiant dans un death-doom aux influences variées, allant d'Opeth à Swallow The Sun en passant, pour certains passages osés en français, par les Alcest et Amesoeurs des débuts, le groupe livrait là un vrai bijou plutôt méconnu et plein de personnalité. Malheureusement, Well of the Disquieted, malgré un concept fouillé et une belle identité, m'avait moins marqué, peut-être en raison d'une "modernisation" du style pratiqué et du son.
Mais le groupe n'est jamais sorti de mon radar et le 3 décembre prochain sortira The Crimson Boughs, dont le premier extrait "They Say Their Screams Can Still Be Heard" a été révélé et est une vraie perle. Progressif, sombre, moderne (on y trouve des éléments quasi tech-death disséminées de-ci de-là), ce morceau étale la palette complète de Hands Of Despair, jusqu'à ce final en chant clair très réussi. Si les références citées vous parlent, ce serait criminel de ne pas jeter une oreille à ce groupe dont on espère que cette fois, il explosera ...
P.H.O.B.O.S
S.A.D.E: L'absence de concert et un certain goût pour la discrétion font de P.H.O.B.O.S un groupe nimbé de mystère. Impression renforcée par l'opacité et la rugosité de leur musique, tout sauf facile d'accès. Et avec Procollapsolog, le premier extrait de leur prochain album, Bleaker Beater, prévu pour le 30 novembre chez Megaton Mass Products, le duo ne semble pas vouloir dissiper les nuages toxiques qui l'entourent. Ce nouveau titre navigue toujours dans les bas-fonds d'une musique industrielle lente et oppressante, noire et hostile. On retrouve ces voix déformées et cette intensité sonore propre au groupe. La production sonne peut-être un peu moins étouffante / angoissante qu'elle a pu être par le passé, mais on reste dans une masse aux contours noise qui n'invite à aucune concession. Bref, P.H.O.B.O.S fait du P.H.O.B.O.S mais avec toujours autant de talent pour faire grandir son univers si reconnaissable.
Wiegedood
S.A.D.E : La trilogie De doden hebben het goed commençait à s'essouffler avec le troisème opus. Les Belges commençaient à tourner un peu en rond dans leur Black Metal très codifié et structuré. Aussi, à l'annonce du titre de leur nouvel album, There's Always Blood at the End of the Road, prévu pour le 14 janvier prochain chez Century Media, le constat d'un changement de cadre m'a fait plaisir. Si leur premier extrait dévoilé ne m'avait pas emballé, ce second me parle plus. No Will Always Be garde l'aspect très linéaire et hypnotique qui fait la force de la musique de Wiegedood, mais en la travaillant autrement. Guidé par une boucle (plus qu'un riff) de guitare, le titre avance dans un atmosphère solennelle et grave, différente de la couleur glacée qui tarversait la trilogie. Avec une drôle de sensation de faire du surplace, Wiegedood nous transporte plus loin que l'on ne le croit au cours de huit minutes du morceau. Voilà en tout cas qui me rend très curieux d'en entendre plus.
The Committee
Matth : Après Rotting Christ qui, au début du mois, faisait ressortir sur YouTube un morceau oublié issu d'un obscur split, c'est au tour du collectif cagoulé et international(iste) de Black/Doom d'exhumer une relique. Sur la chaine personnelle de William Auruman, chanteur et grand théoricien de The Committee vient de paraître un nouveau clip accompagnant le morceau-titre de Holodomor, premier EP sorti en 2013 et limité à 50 cassettes et autant de CD. Et comme cette piste n'avait pas été reprise sur le premier album, le terrible Power Through Unity qui soulève encore les foules à chaque meeting des agitateurs, nul doute qu'elle reste fort méconnue, même des partisans de la première heure. Quant aux images, on est dans le désormais traditionnel montage de vieilles bobines issues de films ou d'actualités du début du XXe siècle. Ce qui suffit pour que la vidéo se voit imposée une limite d'âge sur YouTube ! Pas incompréhensible vu le sujet, mais c'est encore un exemple du culte de l'unanimité qui règne sur les réseaux, au risque de censurer des faits avérés. Un nouveau révisionnisme par le refus de voir ou de montrer, en somme.