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Album

15 novembre 2021 - ZSK

Ison

Aurora

LabelAvantgarde Music
stylePost-Rock astral
formatAlbum
paysSuède
sortiejuin 2021
La note de
ZSK
8/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

« Five… Feeling deeply relaxed… Four… Three… Feeling slow down… Two… That worked… You are now deeply relaxed… A door is open and you see the doors in front of you… It’s beautiful here… You feel incredibly safe here… Notice a beautiful light above you, coming down from the sky… This light is part of you, and is your light… As you look around, you notice a path nearby… Go here, and begin your journey… ». Avec ces samples entre relaxation, auto-hypnose et ASMR disséminés dans Aurora, Ison veut vraiment que vous vous sentiez bien. Lui le projet de « Cosmic Drone » lancé en 2015 par Daniel Änghede (Crippled Black Phoenix), auteur de deux EPs (Cosmic Drone en 2015, Andromeda Skyline en 2018) avant de se faire plus amplement remarquer chez Avantgarde Music avec son premier full-length Inner - Space sorti en 2019. De la feel-good music alors ? On peut dire ça tant son Post-Rock teinté de Drone et de Shoegaze est du genre à poser une ambiance ultra-éthérée qui fait du bien tant qu’on se laisse porter. Et l’apparat cosmique est la cerise sur le gâteau. Ce qui nous donnait un Inner - Space assez formidable, quand bien même il était relativement inaccessible tant il fallait être dans le « mood ». Un album tout autant passionnant que languissant, dans le bon et le mauvais sens du terme. Il fallait s’imaginer écouter cet album en se trouvant dans un vaisseau spatial parti pour un long voyage interstellaire, dans une nuit simulée, assis devant le hublot en contemplant les étoiles. L’antithèse en un sens parfaite du The Place Where The Black Stars Hang de Lustmord, où ledit vaisseau spatial avait subi une avarie majeure, s’était fait réduire en miettes et vous laissait dériver parmi les débris dans un cosmos très sombre, avec seulement 75 minutes de réserve d’oxygène. Bref, une expérience à vivre, quitte à finalement rester sur le quai du spatioport, laissant les atmosphères astrales des "Inner - Space", "Isae", "Everything’s About to Change Forever" et autre "A Golden Force" au plus courageux rêveurs d’entre nous. Et malgré ce long trip interstellaire, Ison n’est pas prêt de s’arrêter, bien au contraire.

…Malgré quelques remous dans les préparatifs de son prochain voyage vu qu’un contretemps a eu lieu, et pas des moindres. Les rumeurs bien que difficilement vérifiables disaient vrai : la chanteuse Heike Langhans (Draconian, Light Field Reverie, Remina) a bel et bien quitté Ison en 2020. Laissant Daniel Änghede orphelin de la vocaliste qui faisait aussi une bonne partie du travail de l’atmosphère astrale et éthérée du projet. L’avenir d’Ison a été mis en doute, mais bien vite, il est reparti du bon pied. Et une astuce ambitieuse a été trouvée. Plutôt que de remplacer Heike Langhans par une autre chanteuse, ce sont pas moins de 8 vocalistes qui seront conviées à Aurora, pour autant de morceaux. On y retrouvera quelques têtes connues de l’univers Metal, notablement Cammie Gilbert (Oceans Of Slumber), Carline Van Roos du groupe français Lethian Dreams, Gogo Melone d’Aeonian Sorrow ou encore Sylvaine signée chez Season of Mist, en plus de chanteuses venant de la scène Darkwave (Tara VanFlower de Lycia) ou de choses plus Pop/Rock (Lisa Cuthbert qui a tourné avec des musiciens d’Antimatter ou Anathema notamment). Ison ne va pas se réinventer pour autant, mais il est vrai que Aurora sera un peu plus terre-à-terre qu’un Inner - Space qui multipliait les apparats futuristes et résolument spatiaux comme pour le fantastique "Isae". La présence de ce collectif féminin derrière le micro va aussi amener pas mal de variété, pour trancher un peu avec un Inner - Space que l’on pouvait légitimement trouver linéaire ? Peut-être. Ce qui est sûr, c’est que Ison n’abandonne pas son trip Post-Rock ultra aérien et cotonneux. Et Aurora est même très généreux vu qu’il dépasse les 70 minutes - c’est 10 de plus que Inner - Space. Autant dire qu’il va falloir à nouveau se poser, se détendre, faire le vide et se laisser porter. Ison veut encore vous couper du monde l’espace d’une grosse heure, vous faire oublier votre quotidien, vous faire rêver au milieu des nuages et des étoiles. Et les samples relaxants très à-propos sont vraiment là pour ça et pour poser une ambiance encore plus dépaysante que celle de Inner - Space, et c’est un sacré défi. Et cela commence dès l’ouverture déjà particulièrement éthérée sur "Jupiter"…

Après ce départ classique à la progression lente mais prenante, porté par la chanteuse Vila et par quelques sonorités électroniques typiques entre quelques envolées de Post-Rock épique, Aurora se déroule et encore une fois, il faut vraiment rentrer dans le trip pour en profiter pleinement. Même si son côté un peu plus aérien que réellement cosmique par rapport à Inner - Space fait peut-être un peu perdre de la singularité à Ison, Aurora n’en est pas moins envoûtant. Des moments forts se dégagent bien vite, même si les performances des différentes chanteuses ne sont peut-être pas si marquantes que cela, mention spéciale malgré tout à Cammie Gilbert pour l’excellent "Waves", dont la partition vocale est finalement la plus originale de l’album. Mais de toute façon, les voix ne font pas forcément tout, en témoigne surtout l’incroyable "Meridian" : si l’on n’est pas scotché par la performance malgré tout remarquable de Sylvaine - et même les quelques accompagnements de Daniel Änghede lui-même, on retient surtout cette progression magistrale et ces passages à couper le souffle, culminant très haut à mi-course telle la cité de Horizon : Zero Dawn qui partage son nom avec ce morceau. 12 minutes fantastiques qui couronnent ce qui est certainement la meilleure composition d’Ison à ce jour. Pour le reste, aucune piste ne se dégage vraiment plus que de raison comme pouvaient l’être les "Inner - Space" ou "Isae", mais la qualité est bien là chez des "Aurora", "Celestial" ou autre "Penumbra" (encore marqué par ces spoken words relaxants vraiment prenants), sans aucun déchet malgré un manque de réelles surprises. De toute façon, et malgré sa longueur, Aurora est à nouveau un album qui se prend d’une traite, dans le mood nécessaire, posé et détendu. C’est presque à prendre ou à laisser mais l’expérience vaut à nouveau le détour. Difficile de dire si Aurora est meilleur ou moins bon que Inner - Space, l’approche est légèrement différente et la présence de 8 chanteuses apporte naturellement une variété bienvenue que Inner - Space n’avait pas, malgré les qualités de Heike Langhans. Mais entre rester dans les nuages ou voyager plus haut, il faut choisir ses limites. Ison reste à part dans le petit monde du Post-Rock vu son approche ultra astrale, ce qui fait sa force mais aussi sa faiblesse tant il nécessite de se plonger dans l’atmosphère si particulière de ses œuvres. Moins « Cosmic Drone », plus Post-Rock (très) éthéré, toujours languissant et cotonneux à souhait, Aurora est un bel album qui peut vous porter pendant un petit moment si vous voulez bien vous laisser bercer. Relaxez-vous, embrassez cette énergie, c’est la vôtre…

 

Tracklist de Aurora :

1. Jupiter (9:24)
2. Waves (9:10)
3. Aurora (8:25)
4. Meridian (11:58)
5. Celestial (8:36)
6. Retrograde (7:58)
7. Penumbra (6:54)
8. Aquarius (7:45)