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Album

13 septembre 2021 - Circé

Cicada The Burrower

Corpseflower

LabelBlue Bedroom Records
styleTrans-metal
formatAlbum
paysUSA
sortieavril 2021
La note de
Circé
9/10


Circé

hell god baby damn no!

Déjà quatre mois depuis la sortie de cet album, que je tourne en rond en me demandant comment commencer cette petite bafouille sur ce coup de coeur des plus inattendus de 2021. Car oui, si l'on se réjouit quand un de ses groupes fétiches sort un excellent album, quand une sortie qu'on attendait au tournant ne déçoit pas, la surprise de la nouveauté marque tout de même bien plus, je trouve. Découvrir un petit joyau sorti de nulle part. Je doute en effet que le nom de Cicada The Burrower avait une forte portée au delà de l'underground états-unien. Projet solo de Cameron Davis, il s'agit pourtant déjà de son quatrième opus, sorti comme les autres sur son propre label Blue Bedroom Records. C'est au final assez poétique que cette petite percée se fasse grâce à Corpseflower car il s'agit apparemment du plus personnel pour l'artiste. A travers la musique comme les paroles, elle y explore librement son corps, son identité, son genre, relatant sa découverte d'elle-même en tant que femme trans. Elle semble ici loin de vouloir en faire un manifeste politique ou une revendication quelconque, mais simplement une expression de sa condition, une exploration de soi. Une oeuvre introspective, intime, et unique.

Le texte parle de plaisirs et de souffrances, de doute, et la musique évoque en permanence un tumulte d'émotions, un conflit intérieur qui ne pourrait être mieux représenté que par la fusion des genres à laquelle s'adonne ici la musicienne. La douceur shoegaze des mélodies accompagne parfaitement les rythmiques jazzy, jusqu'à ce qu'un chant Black Metal ne s'écrase dans le mix, cheveu sur la soupe un peu inattendu et soutenu par des guitares pleines de reverb qui empruntes aux genres plus “tech” du metal. C'est tout de même ce côté jazz qui ressort et guide d'une certaine manière les cinq pistes, un enchaînement fluide grâce auquel le disque s'écoute d'une traite. Légèrement entraînantes, légèrement mélancoliques, la batterie et la basse semblent toujours créer un certain chaos dans le fond sur lequel se posent quelques notes mélodiques répétitives, hypnotiques. Cameron Davis parvient réellement à plonger dans des atmosphères enveloppantes de manière en apparence très simpliste. Une vibe un peu “lounge”, quelques notes de piano et de guitare, et le tour est joué.

Si le contraste entre ceci et le metal extrême se fait évident sur les parties chantées, le mélange des genres est d'autant plus subtil sur les parties instrumentales (et les deux plus longues pistes de l'album le sont...). On en ressort avec une musique assez facile d'accès, qui s'apprivoise dès les premières écoutes. Assez accrocheur pour qu'on cherche à se repasser les mélodies en boucle, tout en découvrant de nouvelles subtilités à chaque fois. Entre longues plages langoureuses et sensuelles et brusques attaques growlées, c'est une métaphore parlante d'une recherche de soi douloureuse mais salvatrice que l'artiste est parvenue à créer. Les étiquettes “avant-garde” ou “prog” sont toujours bien pratiques mais aussi très peu parlantes, et il serait ici vain d'essayer d'écrire l'équation de toutes les influences de Cicada The Burrower, tant leur addition crée quelque chose de nouveau n'ayant plus grand chose à voir avec ce que les styles originaux évoquent.
On tient en tout cas ici un album réellement spécial, et qui, comme tous les rares élus de cette catégorie, sera clivant dès la première écoute. Mais quoi qu'il en soit... On peut sûrement affirmer que Cameron Davis a su créer un récit musical à la hauteur.

Tracklist : 

1. The Fever Room
2. Glamour
3. Where Old Crystals Grow
4. Psilocybin Death Spiral
5. Corpseflower