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Album

10 août 2021 - Varulven

The Old Dead Tree

The Nameless Disease

LabelSeason of Mist
styleMetal Gothique
formatAlbum
paysFrance
sortiemars 2003
La note de
Varulven
9.5/10


Varulven

"The sound of falling, when the pictures are moving"

Nombreux sont les facteurs musicaux évidents qui expliquent le succès critique d’un groupe. Mais s’il y en a un qui joue beaucoup dans le développement et la pérennisation commerciale d’un artiste, c’est bien cette capacité à fédérer les gens autour d’une identité forte. Offrir au public une histoire à raconter, développer un fil rouge au sein de son art, afin de permettre aux fans de s’identifier, et d’être plus facilement touchés par ce que les musiciens désirent transmettre à travers leur oeuvre.

Chez The Old Dead Tree, cette composante est apparue très tôt. Avec, en guise de toile de fond, un drame : le décès prématuré de Frédéric Guillemot, premier batteur du groupe. Un événement tragique qui allait à jamais changer la façon dont ces 4 jeunes gens allaient partager leur musique. Des premiers éléments du Metal mélancolique soigné perceptibles sur The Blossom à ce premier album, beaucoup de choses ont évolué dans la vie de The Old Dead Tree. Une signature chez Season of Mist, les critiques élogieuses qui fleurissaient alors, et la porte ouverte aux premières grosses tournées, en ouverture de poids lourds tels que Paradise Lost, Opeth, ou encore Katatonia.

Tous ces événements aideront le projet à asseoir sa crédibilité au milieu des artistes susnommés. En qualité de locomotive française d’une certaine forme de Metal Gothique, scène trop souvent décriée pour sa surenchère émotive, lorgnant parfois vers le romantisme le plus larmoyant et sucré (on se souvient des tandems "Belle et la Bête" qui pullulaient au sein du genre début 2000). A l’inverse de cette posture, The Old Dead Tree réussit le pari de proposer un disque habité par le tragique, sans jamais tomber dans un voyeurisme vulgaire et misérable. Bien que son fil conducteur soit chargé de la souffrance provoquée par la perte d’un être cher, The Nameless Disease contient une énergie et une envie très brute et adolescente d’imposer sa musique à la face du monde, comme si le fait de tout bouffer  était un objectif vital dans le processus de deuil. Car oui, cet album doit être vu comme un hommage à un ami parti trop tôt. L’expression musicale de toute une épreuve, dont les différents ingrédients renvoient à tous les sentiments éprouvés durant cette période d’affliction. Au sein du socle de lead guitares d’une tristesse déchirante, héritage direct de Paradise Lost, émerge la colère et l'incompréhension, de par les riffs plus durs et hargneux de « I Won’t Follow Him » , « How Could You ? » ou bien « Joy & Happiness ».

Puis la résignation fataliste de « We Cry As One » et surtout « It’s The Same for Everyone », qui se pose comme le climax du cachet d’authenticité qui entoure l’album. Un fait qui repose en partie sur l'interprétation maîtrisée du chanteur Manuel Munoz, qui, alternant aisément growl virulent et voix claire chaleureuse, réussit à nous livrer ses êtats d'âme avec une expressivité fusionnant emphase et fragilité. C'est finalement sur une note de nostalgie que se conclut ce premier effort,  puisque sur « The Bathroom Monologue », ultime piste sur fond de guitare acoustique et de spoken word, Manuel se remémore les moments passés en compagnie de Frédéric, les joies comme les peines et les instants liés aux débuts du groupe. Tout ce qui doit forger des liens d'amitié sincères et durables, que ni les aléas du temps, ni même un départ prématuré ne peuvent altérer. 

De part les circonstances de sa conception, la qualité de ses compositions et l'étonnante sincérité de son propos, The Nameless Disease s'impose comme le chef d'oeuvre de The Old Dead Tree, et comme un chef d'oeuvre du genre Gothic Metal. Et bien que la groupe se dirigera brillamment vers une musique plus imposante, aboutie et riche à la Opeth sur The Perpetual Motion, jamais plus ils ne toucheront du doigt ce spleen si urgent et catharthique. Une nouvelle preuve que c'est parfois dans les instants les plus sombres de notre existence qu'émergent les plus belles oeuvres d'art. 

 

Tracklist :  

01. We Cry As One

02. It Can't Be !

03. How Could You ? 

04. I Won't Follow Him

05. It's The Same for Everyone

06. Somewhere Else

07. Joy & Happiness

08. Transition 

09. Quietly Kissing Death 

10. All...

11. The Bathroom Monologue