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Album

27 mars 2021 - Circé

Lunar Shadow

Wish To Leave

LabelCruz Del Sur
styleHeavy Goth
formatAlbum
paysAllemagne
sortiemars 2021
La note de
Circé
7/10


Circé

hell god baby damn no!

Trois albums à un an d'écart chacun, Lunar Shadow fait partie de ces “jeunes” groupes déjà bien réguliers que l'on suit avec attention. J'avais vite été charmée par leur heavy metal personnel, enraciné dans des références NWOBM tout en empruntant sans honte autant au black metal qu'au prog. La cover de Far From Light, le premier album, en a d'ailleurs sûrement fait hésiter beaucoup sur le genre du groupe qui se cachait derrière, tant le logo comme l'illustration rappelaient plus un groupe de black légèrement mystique que du heavy. Smokeless Fires, le second opus tempère quelque peu ces influences tout en conservant quelques riffs très inspirés d'un tremolo picking typiquement black metal. On y retrouve cependant un tempo plus varié, sans compter quelques morceaux qui auraient presque pu se retrouver sur le premier album d'Idle Hands sorti la même année. Et les allemands sont bien entendu chez Cruz Del Sur depuis leurs débuts, label gage de qualité dans tout ce qui touche aux scènes heavy et doom actuelles.

En tout cas, au milieu des envolées épiques et des cavalcades mélodiques se glissait déjà depuis le début une petite dose de spleen assez goth, discrète mais bien présente. Alors, lorsque le groupe a annoncé vouloir prendre un virage “post punk” sur son troisième album, il n'y avait de quoi être qu'à moitié surpris. Surtout quand un premier extrait, “Serpents Die”, révélait un “virage” somme toute fort relatif, le groupe demeurant tout de même facilement qualifiable de “heavy metal”. Visuellement, le changement est pourtant là : aux couleurs chaudes des deux artworks précédents, ce Wish to leave tape dans des bleus doux et froids, avec une illustration qui représente au final assez bien le côté plus éthéré de la musique. L'atmosphère générale est plus posée, la mélancolie et la recherche de l'ambiance dominent sur la quête du riff épique à souhait. On perd aussi en longueur des compos, la plupart tournant ici autour des quatre minutes, mais l'aspect progressif, lui, se fait toujours sentir dans la structure évolutive de beaucoup de pistes. Et dès que le morceau d'ouverture, le susnommé “Serpent Die” démarre, on retombe sur des mélodies typiques des allemands – avec peut-être juste un peu moins de reverb qu'auparavant. L'album propose au final quelque chose sur une lancée similaire à ce que son prédécesseur offrait avec “Pretend” ou encore “Roses”.

Là où Lunar Shadow cite par contre clairement The Cure, c'est sur la basse omniprésente. En prenant de l'importance, elle joue tantôt le jeu des guitares mélodiques, tantôt donne à certains passages un feeling mécanique et frénétique en parallèle de la batterie... Sauf que tout à coup, des morceaux comme “Delomelanicon” ou “And silence screamed” ré-accélèrent le tempo pour des envolées heavy, et si on apprécie la non-linéarité, on peut aussi rester sur sa faim de voir ces moments très posés coupés court. Le mélange semble en revanche trouver son équilibre sur le final “The Darkness between the stars”, sûrement parce que neuf bonnes minutes sont prises popur développer toutes les idées que les Allemands ont en tête. Tout au long des six pistes, Max Birbaum au chant retient un peu plus ses envolées lyriques et sa voix est d'ailleurs mise un peu en recul dans le mix. Il ne se prive pas pour autant de quelques cris et montées dans les aigus, la plupart du temps bien placées, mais une ou deux fois un peu en décalage avec le ton du reste de la musique. Et c'est en particulier sur le début de “To Dusk And I Love You” que je trouve sa performance assez bancale, alors que l'intro bluesy tente quelque chose d'intéressant avant de partir dans une autre direction.

Wish to leave a de bonnes idées, des mélodies toujours aussi travaillées, dont l'enchaînement de notes semble couler de source tant il est rapide et cristallin. Beaucoup restent en tête, parfaites compagnes illuminant la nuit lors d'une balade tardive en solitaire. Un final sublime, qui gère parfaitement ses évolutions sans créer de temps mort sur ses neuf minutes. Seulement, voilà, il y a comme un goût d'inachevé, un goût de pas assez lorsqu'on veut se perdre soit dans le spleen soit dans l'envolée lyrique heavy. Lunar Shadow tente d'emprunter de nouveaux chemins – ou plutôt d'exploiter des influences qui ont toujours été présentes dans leur musique, mais de manière plus sous-jacente – mais ne semble pas être prêt à se décider. Un entre-deux nébuleux qui atténue les qualités de l'album et l'ambiance qu'il tente d'installer. Peut être Wish to leave n'est qu'un album de transition alors que les allemands se cherchent à nouveau et décident de ce qu'ils veulent jouer. J'ose l'espérer.

 

Tracklist :

1. Serpents die
2. Delomelanicon
3. I will lose you
4. To dusk and I love you
5. And silence screamed
6. The darkness between the stars