Punkach' renégat hellénophile.
Le black metal a pour particularité assez unique d'occuper, avec sa multitude de dérivés, schismes, et autres chapelles, des niches auditives qu'on pourrait de prime abord penser comme totalement opposées. Aimer le black, ça peut autant signifier pleurer les héros du passé avec les nymphes sur des envolées atmosphériques que hurler sa haine à la face d'une banlieue pavillonnaire sur trois accords ultra saturés. Alors que l'histoire de la musique semble prise depuis les années 1950 dans un mouvement de balancier entre des compositions soignées et complexes d'un côté, et simples et efficaces de l'autre, le black metal peut en quelque sorte occuper les deux positions. Et puis, tout au fond de l'immense foisonnement qu'est devenu ce style de fanatiques de la double pédale, il y a le black 'n' roll. Probablement le plus difficile à définir, d'ailleurs : si on se trouve certainement du côté du « retour aux sources » plutôt qu'à l'avant-garde, la démarche reste fort différente du sérieux d'outre-tombe de la mouvance true black pour virer vers quelque chose de nerveux et direct, certes, mais assurément groovy. Difficile de trouver un autre terme pour décrire le style ; si l'influence d'un proto-black thrashisant à la Venom ou Bathory reste fort présente, les groupes qui se réclament peu ou prou du black 'n' roll peuvent avoir absorbé des gènes punks fort marqués, mais aussi reprendre des riffs plus inspirés du heavy metal des origines, voire de Motörhead. Et pour un résultat final qui peut lui aussi varier entre le très ordinaire et l'objectivement génial. Bref, le black 'n' roll, quel micmac !
C'est sur ce terrain certes fertile mais inégal qu'est venue s'installer la nouvelle formation teutonne MNHG, issue des cendres de Thyrgrim, avec qui elle partage trois membres en commun. Le groupe, dont le nom semble être une référence à une obscure bactérie, délivre avec son premier album Mundare une rafale de pas moins de 12 titres dont la longueur moyenne ne dépasse guère les 4 minutes. Une recette quasiment ramonesque qui pourrait faire renâcler certains estomacs mais qui s'avère plutôt efficace avec un "The False Prophet, Rise" plus que punkisant durant lequel le vocaliste K. exulte dans son micro d'une voix éraillée et caverneuse. Les riffs prennent des accents un peu plus thrash, voire presque dansants avec un "Praise The Beast" au refrain tellement simple qu'on ne peut que le reprendre en levant le poing jusqu'à un final mid tempo qui se conclut sur quelques notes de basse qui, je pense, donneraient magnifiquement bien en live. Un jour, peut-être...
Bien que Mundare fasse moins de 40 minutes, ce premier album des Allemands accuse toutefois quelques longueurs sans doute inévitables, vu le registre ; certains morceaux, pourtant bons pris individuellement, se révèlent moins mémorables une fois inclus dans la masse. On ne peut s'empêcher de vérifier si c'est bien une nouvelle piste qui commence avec "Reborn In Suffering" ou "Ride For Me" tant les transitions sont peu marquées. Mundare n'en demeure pas moins un album efficace ; charge nerveuse et impie qui évite les écueils les plus rigolards entre lesquels navigue un style comme le black 'n' roll, MNHG se permet quelques variations intéressantes au fur et à mesure que s'égrainent les morceaux. Soli rapides mais efficaces agrippés au vibrato sur "The Darkest Strain", variations de la voix dans un registre caverneux, ou encore montée de guitare dans les aigus sur "Here Comes The Truth" ; Mundare reste un premier album prometteur, au final pas exactement qualifiable de groovy, mais qui restitue plutôt bien le côté brutalement efficace d'un sous-genre de black metal plus influent qu'il n'y parait.
Tracklist :
01. Introduction
02. Blasphemic Warfare
03. The False Prophet, Rise
04. Babylon, The Whore
05. Praise The Beast
06. Reborn In Suffering
07. Ride For Me
08. I.N.R.I.
09. The Darkest Strain
10. Here Comes The Truth
11. Revelation
12. Transition